Les offres multiples et la surenchère faiblissent

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Par Stéphanie MacFarlane
Les offres multiples et la surenchère faiblissent
(Photo : Archives - Le Canada Français)

Après quelques années d’effervescence, notamment stimulée par la pandémie de COVID-19, le marché immobilier johannais tend à ralentir à la suite des récentes hausses de taux d’intérêt. Le marché demeure encore largement à l’avantage des vendeurs, mais la surenchère et les offres multiples s’essoufflent, si bien que le prix de vente moyen se stabilise après avoir augmenté de plus de 80% en deux ans.

Au deuxième trimestre de 2022, le prix moyen des 290 maisons unifamiliales transigées à Saint-Jean-sur-Richelieu s’est fixé à 535 077$ et le prix médian à 500 000$, selon les statistiques publiées par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) à partir de la base de données Centris.

Si elles ont respectivement bondi de 19% et 18% par rapport à la même période en 2021, ces valeurs sont demeurées stables depuis le début de l’année. Au trimestre précédent, 231 résidences unifamiliales avaient été vendues. Le prix moyen était alors de 535 428$ et le prix médian de 496 000$.
Quant au nombre de transactions résidentielles, tous types confondus (unifamiliales, copropriétés et plex), il s’est élevé à 398 au deuxième trimestre, en baisse de 4% par rapport aux mois d’avril, mai et juin 2021.

Alexandre Desrochers, Michel Benoit et Julie Bessette.

Ralentissement
Les courtiers immobiliers interrogés par Le Canada Français sont unanimes: le marché johannais ralentit. «Il y a moins de visites sur les propriétés. Par exemple, pour une résidence à 399 000$, qui est aujourd’hui un prix abordable, on pouvait avoir de 30 à 50 visites dans les trois ou quatre premiers jours. Là, on a une dizaine ou une douzaine de visites. On reçoit une offre, parfois deux, alors qu’avant, on en avait cinq, dix ou quinze. Depuis quelques semaines, on voit que le marché change», expose Michel Benoit, courtier immobilier chez Proprio Direct.

Cela a un certain effet sur les prix de vente. «On ne sent pas nécessairement de baisse de prix, mais en ayant peu ou pas de surenchère, une maison se vend moins cher que si elle avait été vendue en surenchère. Les maisons se vendent maintenant aux prix de la valeur du marché», poursuit M. Benoit.

«Aux prix du nouveau marché, on ne revient pas aux prix d’avant la COVID», précise Julie Bessette, courtière immobilière chez Proprio Direct.
Les surenchères de 50 000$, 100 000$ et même de 150 000$ deviennent rares. Une situation qui va devenir plus intéressante pour les acheteurs, croit Mme Bessette. «Ils ne savaient plus combien offrir et ça créait un stress. Là, les acheteurs vont être fixés: voici le prix demandé et ça va être à peu près le prix vendu», poursuit-elle.

Marché de vendeurs
Les acheteurs ont aussi recommencé à mettre leurs conditions et à faire des inspections préachats. «On revient vers un marché plus équilibré», souligne Michel Benoit. Sans être au niveau des années 2018-2019, le nombre de nouvelles maisons à vendre tend à augmenter légèrement. Le délai de vente demeure toutefois très bas. «On vend les maisons au fur et à mesure», indique Julie Bessette.

Alexandre Desrochers, courtier-propriétaire chez Royal LePage Excellence, précise toutefois que le marché actuel en est un de vendeurs et il le demeure. «L’écart à combler pour arriver à un marché équilibré est encore loin», dit-il.

Selon l’APCIQ, le marché est équilibré, c’est-à-dire qu’il ne favorise ni l’acheteur ni le vendeur, lorsque le nombre de mois d’inventaire se situe entre huit et dix. Actuellement à Saint-Jean-sur-Richelieu, il oscille entre 1,2 et 1,8 mois selon la gamme de prix pour les résidences unifamiliales.

Hausse de taux
La récente hausse de 1% des taux d’intérêt et une autre augmentation possible à venir en septembre vont avoir des effets sur le marché. «On vit sur les derniers instants des acheteurs qui ont eu une préautorisation dans les six derniers mois avec un taux raisonnable. Une fois qu’on les aura écoulés, tout le monde va être au nouveau taux. Il est certain que les budgets vont changer et que les conditions vont être différentes», souligne Alexandre Desrochers.

Si la hausse des taux d’intérêt fait en sorte que le pouvoir d’achat des ménages est moindre, pour les courtiers, il est difficile de prédire si le prix des maisons va diminuer. «La journée où il va y avoir moins d’acheteurs, ça va changer. Ça va revenir à ce qu’on avait avant. Je ne parle pas de prix, je parle de normalité. Il n’y aura plus la bulle immobilière comme on l’a vécue. Elle est déjà un peu derrière nous. Avec des taux d’intérêt qui augmentent, la bulle s’essouffle», souligne Julie Bessette.

Et les reprises?
Quant aux reprises de maison qui pourraient se faire plus nombreuses, Alexandre Desrochers rappelle que les effets des hausses de taux surviennent à retardement.

«C’est dur à prévoir pour le moment. C’est sûr qu’il va y avoir des impacts. C’est indéniable, mais de quelle nature? Ça va dépendre à quelle vitesse l’inventaire va se garnir. Plus il va grossir, plus il sera difficile de vendre», indique-t-il.

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