Le Mouvement Desjardins prédit une reprise dès 2024

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Par Stéphanie MacFarlane
Le Mouvement Desjardins prédit une reprise dès 2024
Hendrix Vachon est économiste au Mouvement Desjardins depuis 17 ans. (Photo : Le Canada Français – Jessyca Viens-Gaboriau)

L’économie québécoise devrait entrer dans une courte récession en 2023, si elle ne l’est pas déjà. La tempête serait toutefois moins importante que celles vécues dans le passé. Si bien que la croissance économique serait de retour en 2024. C’est ce qui ressort de la conférence prononcée par Hendrix Vachon, économiste principal au Mouvement Desjardins, le 25 janvier, au Pavillon Dextraxe, à l’invitation de la Chambre de commerce et de l’industrie du Haut-Richelieu.

Le calendrier a voulu que l’événement se tienne quelques heures après l’annonce d’une hausse de 0,25% du taux directeur de la Banque du Canada. Une nouvelle manœuvre pour tenter une fois de plus de ralentir l’inflation, le thème qui a dominé en 2022. Hendrix Vachon souligne que l’inflation semble avoir plafonné depuis quelques mois, même si elle demeure encore loin de la cible de 2%.

La baisse de l’offre et la hausse de la demande ont fait des pressions à la hausse sur les prix. Bonne nouvelle, dit l’économiste, «il y a beaucoup d’indicateurs qui pointent vers une nette amélioration au niveau des chaînes d’approvisionnement», ce qui accroît l’offre. Et le prix des conteneurs, qui a atteint des sommets, est pratiquement revenu à son niveau prépandémique.

Pour modérer la demande, les banques centrales, dont celle du Canada, ont haussé leur taux directeur depuis quelques mois. Des manœuvres qui commencent à avoir des effets sur l’économie.

Décroissance

Desjardins prévoit que les États-Unis, tout comme le Canada et le Québec, passeront à travers quelques trimestres à croissance négative en 2023. Mais sur une base annuelle, la croissance économique augmenterait de 0,3% aux États-Unis et de 0,4% au Canada.

Desjardins est d’avis que la récente hausse du taux directeur est la dernière. «On s’attend à ce que l’inflation diminue assez rapidement dans les prochains mois et que les taux d’intérêt puissent être abaissés à la fin 2023 et davantage en 2024», poursuit M. Vachon. Il ne faut toutefois pas s’attendre à ce que le taux directeur revienne à son niveau plancher comme il l’était. Desjardins prévoit qu’il diminuera pour se situer entre 2 et 3%. Il est présentement à 4,5%.

Québec

La tempête risque de frapper un peu plus fort au Québec. La province connaîtrait une croissance économique négative (-0,4%) en 2023 avant de renouer avec les données positives l’an prochain. D’ailleurs, Desjardins craint que la récession soit déjà débutée.

Le Québec, contrairement à d’autres provinces au pays, a souffert de la baisse des exportations au troisième trimestre de 2022 et ne bénéficie pas du secteur énergétique. «Les exportations ont fortement augmenté au Canada. Les investissements sont aussi plus faibles au Québec comparativement au Canada», note Hendrix Vachon.

Le Québec est aussi plus durement frappé par la pénurie de travailleurs. Celle-ci s’est un peu résorbée, mais les postes vacants demeurent encore à des niveaux élevés.

Une menace

«Dans ce contexte, les salaires augmentent plus rapidement. Le marché du travail reste très serré. C’est une menace pour la persistance de l’inflation, d’où l’importance de freiner l’économie et la demande pour rééquilibrer le marché de l’emploi, enlever la pression sur les salaires et permettre un retour durable de l’inflation à 2%», enchaîne l’économiste.

Le taux de postes vacants et le faible taux de chômage font toutefois en sorte que le ralentissement de l’activité économique devrait se refléter davantage par une diminution des postes vacants que par de nombreuses pertes d’emploi. «On ne s’attend pas à de grosses mises à pied ni à un relèvement majeur du taux de chômage», précise M. Vachon.

Montérégie

La Montérégie tirerait toutefois son épingle du jeu. «On s’attend à ce que la croissance soit un peu plus forte que la moyenne. La région a un momentum économique qui est généralement plus fort que la moyenne québécoise. On s’attend à ce que ça se maintienne pour 2023», indique l’économiste.

Les hausses de taux d’intérêt ont déjà des effets sur le marché immobilier. À Saint-Jean-sur-Richelieu, les ventes ont diminué de 22% en 2022. Les prix, qui sont encore plus élevés qu’avant la pandémie, s’ajustent. Une tendance baissière est observée. «On prévoit une baisse d’environ 17% en 2023. Et on s’attend à ce que ça s’accentue dans les prochains mois. Pour débloquer le marché, ça risque de prendre des baisses de prix plus importantes», souligne Hendrix Vachon.

La coopérative financière s’attend à ce que le marché boursier ait une variation négative en 2023 avant de renouer avec la croissance en 2024. Enfin, le dollar canadien devrait s’affaiblir cette année avant de reprendre de la valeur.

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