La surchauffe immobilière un peu moins vive

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Par Stéphanie MacFarlane
La surchauffe immobilière un peu moins vive
(Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Visites nombreuses, offres multiples, prix élevés et ventes rapides, le marché immobilier de Saint-Jean-sur-Richelieu est encore en ébullition, mais la situation tend à se stabiliser, selon des courtiers immobiliers interrogés par Le Canada Français. La hausse vertigineuse des prix de vente semble ralentir, mais il ne faut toutefois pas s’attendre à une baisse des valeurs, préviennent-ils.

De janvier à juin 2021, il s’est conclu 820 ventes résidentielles à Saint-Jean, selon les données publiées par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) d’après la base de données provinciale Centris.

De ce nombre, il y a 602 maisons unifamiliales. Si le rythme de transactions est sensiblement le même que les dernières années -il s’est vendu 594 maisons durant les six premiers mois de 2020 et 615 pour la même période en 2019 -, la différence se trouve dans les prix.

Toujours pour les six premiers mois de 2021, le prix médian mensuel des unifamiliales a oscillé entre 382 000$(janvier) et 420 500$(juin). Une pointe de 430 000$a été enregistrée en mars. Ce mois-là, 139 maisons ont été vendues.

À titre indicatif, le prix médian mensuel, entre janvier et juin 2020, a varié de 294 000$à 342 500$et de 260 000$à 295 000$pour les mêmes mois en 2019.

Stabilisation

Le marché immobilier johannais était déjà en ébullition avant la pandémie, mais la COVID-19 a fait sauter le couvercle de la marmite. Le nombre de résidences à vendre a constamment diminué, ce qui a mis de la pression sur les prix. Le 30 juin, il n’y avait que 132 maisons unifamiliales sur le marché. Deux ans plus tôt, il y en avait 386.

«Saint-Jean était déjà très prisée avant la pandémie. En 2020, on a fermé les vannes. On n’a jamais réussi à récupérer l’inventaire perdu. L’offre continue d’être basse et il y a beaucoup d’acheteurs», confirme Cédric Lebeau, courtier immobilier et président de RE/MAX Évolution.

Offre

Même son de cloche du côté d’Alexandre Desrochers, courtier-propriétaire chez Royal LePage Excellence. «Les gens restent toujours dans la même idée. Ils ont peur de vendre et d’avoir de la misère à se loger.» Des craintes peu fondées, dit-il.

«On se donne généralement trois mois pour sortir. C’est bien rare qu’on échappe un client. C’est encore le temps de vendre pour ceux qui veulent en tirer le maximum», enchaîne Alexandre Desrochers. Ce dernier croit que l’offre va redevenir suffisante dans 12 à 18 mois.

«Le marché est aussi fou, mais un peu moins agressif qu’au printemps, poursuit M. Desrochers. Présentement, au lieu d’avoir 50 visites pour une maison, on en a une quinzaine.»

Michel Benoit, courtier immobilier chez Proprio Direct, observe une stabilisation du marché. «Il y a un ajustement. On revient à la normale», dit M. Benoit. Il ajoute que les offres d’achat multiples ont beaucoup diminué, mais que les maisons dont le prix est peu élevé suscitent beaucoup d’engouement.

Prix

Cédric Lebeau souligne que les experts de RE/MAX sont d’avis que les prix actuels sont là pour rester. «Les valeurs restent élevées. Le marché n’est pas sur le bord de s’essouffler, mais ce qu’on a vécu comme boom, c’est historique», poursuit M. Lebeau. «De ce qu’on comprend, c’est que les prix vont rester assez stables et vont avoir une augmentation normale de 2 à 3% par année», enchaîne-t-il.

Des propos que tient également Michel Benoit. «Les valeurs se stabilisent et il y aura des hausses normales de quelques points de pourcentage», dit-il.

Les ventes en surenchère sont encore fréquentes, mais les écarts de prix sont moins élevés. «On voit moins de transactions qui se concluent 100 000$en haut du prix demandé», indique Cédric Lebeau. Michel Benoit mentionne aussi que les baisses de prix affiché sont plus fréquentes.

«Si quelqu’un exagère, il ne trouvera pas preneur», explique-t-il, d’où la diminution du prix.

Inspection

La situation vécue dans les derniers mois a aussi mené certains acheteurs à faire des offres d’achat avec peu ou pas de conditions. Plusieurs ont négligé l’inspection. «Comme courtier, on est moins confortables quand les gens achètent les yeux fermés. Les vendeurs sont assez conscients que c’est correct de faire une inspection», ajoute M. Lebeau.

Alexandre Desroches indique aussi que l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) a modifié son formulaire de promesse d’achat en juin pour mettre en évidence l’importance de l’inspection. «L’ensemble des courtiers ont aussi suivi une formation sur la surchauffe immobilière», dit-il.

L’APCIQ souligne qu’une «surchauffe se produit lorsque, sur une période donnée et un marché donné, le ratio du nombre de propriétés vendues sur le nombre de nouvelles propriétés mises en marché est supérieur à 70%, c’est-à-dire lorsqu’il y a plus de 7 propriétés vendues pour 10 nouvelles inscriptions.»

En juin, à Saint-Jean, il y a eu 123 nouvelles inscriptions et 124 ventes, dont 90 maisons unifamiliales.

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