Incursion dans les serres de cannabis de Médicibis

Photo de Stéphanie MacFarlane
Par Stéphanie MacFarlane
Incursion dans les serres de cannabis de Médicibis
(Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Un peu plus de quinze mois après avoir obtenu son permis de culture de cannabis de Santé Canada, Médicibis, une entreprise située aux abords de l’autoroute 35, à Saint-Jean-sur-Richelieu, fonctionne à plein régime. Le Canada Français a visité ses serres de production le 2 septembre, soit quelques jours avant que l’entreprise ne commence à vendre du cannabis médical avec sa filiale Mendo.

Ne s’aventure pas qui veut chez Médicibis. Dès l’arrivée aux abords de l’enceinte sécurisée, à l’arrière de l’ancienne Pépinière Brown, les visiteurs doivent signifier leur présence par téléphone à la sécurité. On nous invite ensuite à nous rendre à l’une des portes verrouillées.

À l’intérieur, un espace restreint fait office de hall d’entrée où la signature du registre des visiteurs est requise. Ensuite, une puce électronique nous est remise ainsi qu’un code. Tous deux seront utiles : chaque fois que l’on entre dans une pièce, la puce doit être passée sur un lecteur et le code doit être pianoté sur un clavier. Et à la sortie de chaque salle, le badge doit être lu par le lecteur.

De l’autre côté de la première porte, le journal est accueilli par Josée Bissonnette, présidente-directrice générale de Médicibis. Elle nous conduit au vestiaire des femmes, puis au sas de la production où l’on se lave les mains à l’eau courante et au savon.

Mme Bissonnette nous tend ensuite des gants de nitrile, des couvre-chaussures, un filet pour les cheveux, une casquette (pour diminuer l’effet des lumières de culture) et un sarrau. Matin et soir, les employés doivent se changer aux vestiaires avec douche. Ils y laissent leurs vêtements de l’extérieur dans leur casier et enfilent ceux de travail. Ils passent ensuite par le sas.

Plantes mères

De l’autre côté du sas, on débouche sur un long corridor immaculé. Il donne accès aux aires de production. Tout au nord du bâtiment de 19500 pieds carrés se trouve la salle de végétation. Elle abrite les plantes mères. C’est sur ces dernières que les boutures sont prélevées pour produire les plants qui donneront les fleurs de cannabis.

La salle de végétation, dont les lumières fonctionnent 18 heures par jour, est aussi l’endroit où poussent et se développent les nouvelles variétés. Médicibis produit actuellement deux cultivars de cannabis. Quatre nouveaux sont en croissance et leur production à grande échelle devrait débuter dans environ six mois.

Boutures et fleurs

Une fois prélevées, les boutures séjournent dans une salle qui leur est réservée. Elles sont mises dans un plateau multicellules pour permettre le développement de leurs racines. Elles sont ensuite repiquées dans un pot individuel. Une personne à temps plein s’en occupe. « Le but est de faire les plantes les plus fournies possible», expose Josée Bissonnette.

Leur séjour dans la salle des boutures complété, les plants sont transférés dans une des quatre salles de floraison. Là, les lumières sont en fonction 12 heures par jour. La diminution de la luminosité a pour effet de stimuler la production des fleurs. Tous les plants sont tuteurés afin qu’ils ne s’affaissent pas.

Les plantes qui poussent en terre en environnement contrôlé y séjournent environ dix semaines avant d’être cueillies. Médicibis effectue une récolte tous les 14 jours environ. L’un des défis du maître cultivateur Nicolas Bissonnette est d’assurer la gestion et la rotation des cultures dans les diverses salles. Celles-ci sont toutes occupées.

Après la récolte

La récolte consiste à couper les branches du plant. Elles sont ensuite suspendues, tête en bas, dans une pièce où la chaleur et l’humidité sont contrôlées. Après leur séjour de 14 à 21 jours au séchoir, les feuilles et les tiges sont taillées pour ne conserver que les fleurs.

Celles-ci vivent ensuite une période d’affinage qui permet de faire ressortir les arômes, le goût et les saveurs du cannabis. L’ultime étape consistera à manucurer une dernière fois les cocottes avant quelles ne prennent la route pour être emballées chez un partenaire. L’après-récolte est aussi importante que la culture en elle-même, indique Nicolas Bissonnette. « On peut tout perdre en faisant de mauvais gestes », dit-il.

Une période de cinq à six semaines s’écoule entre la récolte et la vente sur les rayons. Un cycle complet de production de cannabis dure environ cinq mois. Chaque lot est analysé.

Emplois

En incluant les employés administratifs, une quinzaine de personnes travaillent chez Médicibis. Le cannabis est une plante exigeante à cultiver. Elle demande des soins particuliers. « C’est une culture de haut niveau pour aller chercher les meilleures performances », indique Josée Bissonnette. « La chose la plus difficile est d’avoir de la constance dans la production», poursuit son frère Nicolas.

Si leurs connaissances horticoles leur permettaient de cultiver environ 300 variétés du temps de la Pépinière Brown, ils découvrent une nouvelle plante dont chacun des cultivars a ses particularités.

Santé Canada a compris que ceux qui ont l’expérience du cannabis le cultivaient illégalement avant, expose Josée Bissonnette. Elle ajoute que l’organisme fédéral, qui régit toutes les règles de sécurité et de production, a assoupli ses critères. Si les casiers judiciaires sont prohibés dans cette industrie, une exception est permise pour la culture du cannabis.

Xavier Magrino, Josée Bissonnette et Nicolas Bissonnette, respectivement assistant maître cultivateur, présidente-directrice
générale et maître cultivateur de Médicibis.

SQDC

Depuis cet été, Vanilla Frosting et Purple Mountain Majesty, les deux variétés de cannabis actuellement produites chez Médicibis, sont vendues à la Société québécoise du cannabis (SQDC) sous la marque Endo. Un dénouement qui n’était pas dans les plans initiaux de la famille Bissonnette.

« Le marché a beaucoup évolué dans les deux, trois dernières années. On n’avait pas exclu de vendre à la SQDC, mais on n’a pas bâti nos infrastructures pour ça », indique Josée Bissonnette, qui souligne que la SQDC encourage les compagnies québécoises.

La production de cannabis compte de gros joueurs. «Il faut se démarquer. On a moins de volume, mais plus de qualité », indique Nicolas Bissonnette. « C’est comme une microbrasserie. On se bat contre Corona et Molson. On ne veut pas être comme eux», poursuit Xavier Magrino, assistant maître cultivateur.

Josée Bissonnette ajoute que les deux produits actuellement offerts par Médicibis obtiennent d’excellents commentaires des consommateurs sur les réseaux sociaux, notamment pour leur goût unique.

Cannabis médical

Depuis lundi, Médicibis vend du cannabis médical par la bande de Mendo, sa filiale. Si son Vanilla Frosting et son Purple Mountain Majesty y sont vendus, Mendo propose aussi des produits provenant de tout le Canada. Et pas que des fleurs séchées. « Des bombes de bain, des produits pour vapoteuse, du thé, des crèmes, des tisanes, des jujubes », énumère Josée Bissonnette.

Le permis de vente à des fins médicales que Santé Canada a délivré à Médicibis lui offre la possibilité de vendre le cannabis sous diverses formes lorsque la personne possède une ordonnance.

« Le dosage est contrôlé. Ce sont des produits stables. Il faut que les gens apprennent à connaître le cannabis. Il faut le déstigmatiser. C’est une médecine alternative. Ce n’est pas juste de fumer la fleur », indique Josée Bissonnette.

Ordonnance

Mendo s’est adjoint les services d’une clinique médicale en ligne où l’infirmière praticienne et/ou le médecin répondent aux questions des patients et remplissent, le cas échéant, une ordonnance. « On a aussi la ligne 1-833-mymendo pour répondre aux questions des gens », poursuit Mme Bissonnette.

Les prescriptions sont ensuite transmises par fax sécurisé à Médicibis. La commande est préparée, puis acheminée au client par l’intermédiaire d’un service de messagerie postal.

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Marc
Marc
2 années

Bien heureux pour cette culture du cannabis dont la Ville lui a procuré l’aqueduc alors que les résidences du secteur n’ont toujours pas l’eau courante… Drôle de ville et drôle de conseiller municipal pour le secteur Saint-Athanase…