Hausse du taux d’inoccupation des logements pour aînés

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Par Stéphanie MacFarlane
Hausse du taux d’inoccupation des logements pour aînés
Le taux d'inoccupation des logements dans les résidences pour aînés a augmenté en un an. (Photo : Deposit)

La pandémie de COVID-19 fait sentir ses effets sur les résidences pour personnes âgées (RPA) de Saint-Jean-sur-Richelieu. Dans la dernière année, le taux d’inoccupation des logements a augmenté, selon les résultats de l’Enquête sur les résidences pour personnes âgées de 2021, récemment publiés par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Le téléphone a toutefois recommencé à sonner, affirment deux dirigeantes interviewées par Le Canada Français.

En un an, le taux d’inoccupation pour les places standards, celles qui requièrent moins de 90 minutes de soins par jour, est passé de 7% à 13,2%. Quant aux nouvelles unités, leur nombre a augmenté de 200 sur le marché pour cette même période. Saint-Jean en compte désormais 2153.

«On observe une hausse du taux d’inoccupation après la baisse observée en 2020. La hausse en 2021 est le fruit d’une baisse de la demande d’une place en résidences pour aînés cette année, combinée à une augmentation de l’offre qui s’est poursuivie», expose Nathan R. Lea, économiste principal à la SCHL.
Soulignons que la hausse du taux d’inoccupation dans les RPA est généralisée. La moyenne provinciale est de 12,8%.

Coûts mensuels
L’augmentation de la vacance n’a pas empêché le loyer mensuel moyen pour les places standards d’augmenter. Il est passé de 1796$ à 1888$. «Le loyer moyen inclut toutes sortes de services. On ne peut pas s’attendre à ce que le loyer diminue parce que le taux d’inoccupation a augmenté», nuance M. Lea.

En 2021, le coût mensuel moyen pour une chambre individuelle à Saint-Jean se fixe à 1651$ et 1887$ pour un studio. Il en coûte 1824$ pour un appartement avec une chambre et 2289$ pour un logement avec deux chambres ou plus. Précisons que la statistique du loyer moyen représente le montant réel que paie mensuellement un résident pour son logement et les services obligatoires.

COVID-19
L’économiste de la SCHL avance que la baisse de la demande est «due à la réticence des ménages à aménager dans les résidences pour personnes âgées pendant la pandémie de la COVID-19». Une hypothèse que confirment Brigitte Dandurand et Suzanne Lamarre, respectivement directrices générales de la Résidence Samuel de Champlain et de la Résidence les Trois Violettes à Saint-Jean-sur-Richelieu.

«La COVID-19 n’a pas aidé. Les gens avaient peur de venir en résidences parce qu’il y avait beaucoup de contraintes», souligne Mme Dandurand. Même son de cloche du côté de Mme Lamarre. «La période de la COVID-19 a fait peur à beaucoup de gens. Le taux d’inoccupation est plus élevé que d’habitude. C’est nouveau pour nous», dit-elle.

Nathan R. Lea mentionne que les personnes âgées qui ont vendu leur maison ont pu aller vivre en condo, en logement locatif ou chez un proche, par exemple.

Contraintes
Les deux dirigeantes soulignent que durant la pandémie, une période d’isolement de 14 jours était obligatoire pour tout nouveau résident, ce qui n’était pas favorable à leur intégration. Une personne devait aussi s’isoler durant deux semaines après tout séjour à l’hôpital. Les personnes âgées étaient également limitées dans leur sortie et dans les visiteurs qu’elles pouvaient recevoir.

Dans ce contexte, Mme Dandurand ajoute qu’il était plus intéressant de rester à la maison. Suzanne Lamarre croit aussi que la mauvaise presse au sujet des RPA durant la pandémie a contribué à la situation. «C’était pratiquement de la désinformation. La très grande majorité des RPA a bien résisté», indique-t-elle. Aucun cas de COVID-19 n’a été enregistré à la Résidence les Trois Violettes et à la Résidence Samuel de Champlain.

Les contraintes dans les RPA ont été graduellement levées. La joie de vivre et les sourires des résidents sont revenus. Et le téléphone s’est remis à sonner.
«Il y a du mouvement et des appels. On est le 12 juillet et on a déjà signé deux baux ce mois-ci. C’est vraiment la COVID-19. On est dans une bonne lancée», relate Brigitte Dandurand. «On a accueilli de nouveaux résidents et on en attend d’autres. Ça repart tranquillement», poursuit Suzanne Lamarre.

Futur
L’incertitude liée à la demande pour les RPA rend difficiles les pronostics pour la SCHL. De plus, les premiers baby-boomers ont 75 ans cette année et impossible de savoir s’ils auront les mêmes préférences que la génération précédente. La situation est toutefois surveillée par la SCHL.

Mais même si les baby-boomers étaient moins attirés que leurs prédécesseurs par les RPA, leur poids démographique ne déstabiliserait pas la demande. «Cette génération est tellement nombreuse qu’en nombre de clients potentiels, ça ne fera pas une grande différence», conclut Nathan R. Lea.

Méthodologie
L’enquête de la SCHL comprend 14 résidences de Saint-Jean-sur-Richelieu. Elle inclut les résidences qui ont au moins une unité non subventionnée, ont ouvert leurs portes depuis au moins un an, comptent dix unités locatives et plus, offrent sur place un service de repas, ne comptent pas exclusivement des résidents qui reçoivent des soins de longue durée et comptent au moins 50% de locataires âgés de 65 ans ou plus.

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Chantal Saumure
Chantal Saumure
2 années

Analyse très intéressante, c’est vrai que la pandémie de 2 ans, m’a fait faire une bonne réflexion « s’en aller en résidence parce qu’une personne seule vit trop de solitude et d’isolement », puis qu’une pandémie de 2 ans vous oblige à demeurer isolé(e) dans votre appartement, tel que vous étiez avant dans votre chez-soi, avec un loyer de 790.$/mois, plutôt que 1 700 $ en résidence a tracassé mon esprit et mon jugement. Par ailleurs, personne n’est garant de l’avenir.

De plus, comme certains groupes ont manifesté et réclamé une déduction de leur loyer mensuel pour les loisirs et services qu’ils n’ont pas reçus me semblent justes & motivés.