De Saint-Luc à la présidence du Mouvement Desjardins

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Par Stéphanie MacFarlane
De Saint-Luc à la présidence du Mouvement Desjardins
Guy Cormier a été élu président et chef de la direction du Mouvement Desjardins en 2016. Il a travaillé durant quatre années à la Caisse populaire de Saint-Luc. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Un lien unit Guy Cormier et Saint-Jean-sur-Richelieu. Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins a en effet amorcé sa carrière en 1993 à la Caisse populaire de Saint-Luc. S’il était ambitieux à ce moment, il ne se doutait pas qu’il allait un jour diriger la coopérative financière.

Une fois son baccalauréat en finance et en économie de HEC Montréal en main, Guy Cormier a été embauché chez Desjardins en 1992. «J’ai commencé dans un programme de formation pendant un an. J’ai fait de la caisse et du service aux particuliers. L’objectif était de nous former et de nous développer pour devenir directeur de comptes d’entreprises», expose-t-il en entrevue avec Le Canada Français.

À la fin de ce programme de formation, il a décroché son premier emploi permanent. C’est à titre de directeur de comptes d’entreprises qu’il a fait ses débuts en 1993 à la Caisse populaire de Saint-Luc.

«J’ai accompagné pendant quatre ans les entrepreneurs de tous les secteurs d’activités. J’ai débuté ma carrière ici et c’est ici que j’ai découvert la vie entrepreneuriale, la passion des entrepreneurs, la fierté des gens de Saint-Jean et leur volonté de réussir. J’ai trouvé ça fascinant», raconte-t-il.

Diversification
De son passage à Saint-Luc, Guy Cormier se souvient de la diversité des entreprises. «On passait de l’agriculture, à l’agroalimentaire, à l’industriel et au manufacturier, notamment avec Oerlikon [maintenant Rheinmetall] et toute sa chaîne de fournisseurs. Il y avait aussi les entreprises de service et du domaine touristique. Ce que j’aime de Saint-Jean, c’est la diversité entrepreneuriale qu’on y retrouve», dit-il.

Il s’agit d’un trait distinctif, ajoute M. Cormier. «Il y a des villes où il y a une ou deux grandes industries qui génèrent le gros de l’activité économique. Ce qui n’est pas le cas ici. Je trouve que Saint-Jean et sa région ont réussi à diversifier leur économie depuis les 20-30 dernières années et à créer des emplois. Je crois que c’est pour ça que la région est aussi florissante», enchaîne celui qui dirige Desjardins depuis 2016.

Implication sociale
Lorsqu’il a commencé sa carrière au sein de la coopérative financière, Guy Cormier n’aspirait pas à la présider. «Je souhaitais simplement progresser dans cette organisation. J’aimais le Mouvement Desjardins pour ce qu’il fait», mentionne-t-il.

M. Cormier souligne avoir pris toute la portée qu’ont les actions de Desjardins dans la société lors de son passage en sol johannais.

«J’ai participé à des soupers et à des soirées spaghettis. J’ai été avec le Club Lions. J’ai aidé plusieurs organisations et organismes à Saint-Jean-sur-Richelieu et j’ai vu ce que Desjardins apportait à une communauté comme Saint-Jean. Cette coopérative est beaucoup plus qu’une institution financière», raconte le principal intéressé.

Jeunesse
Élu à la présidence à l’âge de 46 ans, Guy Cormier est devenu le plus jeune dirigeant de l’histoire du Mouvement Desjardins fondé en 1900. Il serait également le plus jeune président de l’industrie des services financiers au pays.

Une facette qui teinte sa présidence, marquée par le soutien à la jeunesse. Son parcours l’alimente, tout comme le fait qu’une nouvelle génération prend actuellement le relais des baby-boomers.

«Pour moi, c’est très important dans mon rôle de donner encore plus de place aux jeunes, de leur donner une voix, de les aider et de les soutenir parce que ce sont ces jeunes qui vont contribuer à régler les problèmes et les défis qu’on aura à relever dans les 30-40 prochaines années», dit-il.

Ce dernier a d’ailleurs créé un comité consultatif jeunesse composé de membres de 18 à 35 ans. Le programme Tous engagés pour la jeunesse, doté d’une enveloppe annuelle de 50 M$, a également vu le jour. Il a aussi instigué la tournée des régions, organisée conjointement avec le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (voir autre texte).

Carrière
Après son passage à la Caisse de Saint-Luc, Guy Cormier a occupé divers postes de direction au sein du réseau des caisses et de la Fédération. En 2002, il est devenu directeur général. Sept ans plus tard, il a obtenu le poste de vice-président Finances du réseau des Caisses.

En avril 2012, il a été promu premier vice-président, Réseau des caisses, et en 2013, il est devenu premier vice-président, Réseau des caisses et Services aux particuliers. Il a occupé ce poste jusqu’à son élection comme président et chef de la direction.

Outre son baccalauréat, Guy Cormier détient une maîtrise en administration des affaires de HEC Montréal. Il y a aussi enseigné la finance pendant environ huit années.

Il veut faire vibrer la fibre entrepreneuriale des jeunes

Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, était de passage à Saint-Jean-sur-Richelieu le 11 octobre dans le cadre de la tournée des régions organisée conjointement par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ) et la coopérative financière. Les échanges se sont déroulés sous le thème Faire vibrer la fibre entrepreneuriale.

Dans son discours, Guy Cormier a souligné que le taux de création d’entreprises était plus faible au Québec qu’ailleurs au pays. Une situation qui offre de nombreuses possibilités, enchaîne le dirigeant qui aime voir le verre à moitié plein.

Citant l’Indice entrepreneurial québécois du Réseau Mentorat, il mentionne qu’un jeune de 18 à 34 ans sur trois a le désir d’entreprendre, soit en créant son entreprise ou en prenant la relève d’une compagnie existante.

M. Cormier mentionne aussi que plus de 2200 entreprises québécoises sont sur le point de fermer leurs portes par manque de relève. «Et on estime qu’il y aura près de 37 000 entreprises à reprendre d’ici les deux prochaines années», poursuit-il. Il est d’avis que le modèle coopératif, c’est-à-dire le rachat des entreprises par les employés, pourrait faire la différence.

Guy Cormier, Louis-Félix Binette, Myriam Belzile-Maguire et Laurent Therrien lors du panel.

Selon une étude du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, 80% des coopératives réussissent à franchir le cap des trois années d’existence. «Après dix ans, alors que seulement une entreprise sur cinq survit, près d’une coopérative sur deux survit», énonce-t-il.

Panel
Un panel animé par Laurent Therrien, directeur conseil chez Syrus, a ensuite été présenté. Louis-Félix Binette et Myriam Belzile-Maguire étaient les panélistes invités. Mme Belzile-Maguire est la cofondatrice et la directrice générale de Maguire, une boutique de chaussures haut de gamme à juste prix. M. Binette est le directeur général et membre fondateur du Mouvement des accélérateurs d’innovation du Québec.

Les deux invités ont pu échanger sur leur parcours, leur réalité d’entrepreneur, leur vision de l’entrepreneuriat, en plus de répondre aux questions du public. Dans la dernière portion de l’activité, Guy Cormier s’est joint à la discussion.

Isolement
Cette tournée a été instiguée par Guy Cormier. Le dirigeant est profondément convaincu que la pandémie a eu un «très grand et grave impact» pour la jeunesse. Au-delà de l’anxiété, il y a eu l’isolement, dit-il, d’où l’idée d’aller à la rencontre des jeunes pour les écouter, les inspirer et leur permettre de réseauter.

Après Trois-Rivières, Saint-Jean-sur-Richelieu était le deuxième des six arrêts de la tournée. L’isolement est le mot-clé que retient Guy Cormier, notamment en raison de la solitude ressentie par les jeunes lorsque vient le temps de réaliser leur projet d’entreprise ou de se trouver un emploi. M. Cormier observe également que les jeunes ont besoin de soutien et d’accompagnement.

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