Un microproducteur de cannabis de Sainte-Anne-de-Sabrevois voit sa première récolte être vendue à la Société québécoise du cannabis (SQDC) par le collectif DLYS. Il serait l’un des premiers microproducteurs à cultiver cette plante à l’extérieur au Québec à avoir obtenu son permis du gouvernement fédéral.
Vincent Girard, propriétaire de l’entreprise Les Cultures Vigi établie sur la route 133, à Sainte-Anne-de-Sabrevois, a obtenu sa licence de microproduction de cannabis de Santé Canada le 16 octobre 2020. Ce permis de microculture lui permet de cultiver cette plante sur une superficie maximale de 2152 pieds carrés.
Vincent Girard a pu lancer sa première production en plein sol au printemps 2021. Ses plants poussent à l’extérieur, protégés des intempéries par des tunnels… et de la sécurité. L’enceinte de culture est clôturée et sous surveillance vidéo.
L’été dernier, l’entrepreneur de 42 ans a fait pousser 222 plants, tous de la variété Skunk Shocker, un croisement entre les variétés Lemon Skunk et 3 in the pink. Sa marijuana propose des arômes d’agrumes et un goût poivré, boisé et légèrement citronné, lit-on dans la description du produit fournie par le collectif DLYS.
THC
La variété produite par Les Cultures Vigi a une teneur en THC de 23,8 %. Aux dires de Vincent Girard, il s’agit d’une variété forte en THC pour une culture extérieure. Au Québec, la concentration de THC du cannabis vendu à la SQDC ne doit pas dépasser 30 %.
Les fleurs séchées de Les Cultures Vigi ont fait leur entrée sur les tablettes de la SQDC le 7 février dernier sous la marque DLYS Sabrevois. DLYS est un collectif provincial qui regroupe des producteurs de cannabis artisanaux locaux. Il s’agit d’une initiative de ROSE ScienceVie, une entreprise de production, de distribution et de commercialisation de cannabis située à Huntingdon, en Montérégie.
Culture
Vincent Girard réalise une récolte de cannabis par année. Il plante ses plants à la fin du printemps, puis il les entretient jusqu’à la récolte en octobre. L’automne dernier, il a récolté pendant un mois. «Ça fait de très grosses plantes. Un plant peut avoir une hauteur de six pieds et une largeur de six pieds. Je ramasse les fleurs graduellement. Je commence par les têtes et après, le reste mûrit», explique-t-il.
Contrairement à la culture intérieure, qui nécessite de vider rapidement les salles pour relancer un cycle de production, il a le luxe de récolter sur une plus longue période.
Le climat du Haut-Richelieu est favorable à la culture extérieure en plein sol, poursuit le microproducteur. Cette façon de faire, qui ne nécessite pas de lumières artificielles ni de système de ventilation, représente moins d’investissements que la culture intérieure en serre.
Séchage
M. Girard réalise lui-même les étapes subséquentes à la culture. «C’est quasiment plus dur de faire sécher le cannabis que de le faire pousser. C’est un art», dit-il. Le processus consiste à faire sécher les fleurs, à les affiner pour faire ressortir les arômes, le goût et les saveurs du cannabis, puis à les manucurer.
Les fleurs sont ensuite expédiées chez DLYS qui s’occupe de l’emballage et de la mise en marché. Ces étapes nécessitent un autre type de permis émis par Santé Canada. Et avant de se retrouver sur les tablettes, des analyses sont réalisées sur la récolte afin de s’assurer quelle répond aux normes.
Historique
Cette année, Vincent Girard projette de produire 249 plants de cannabis. Il retirera l’espace qu’il avait préalablement consacré à ses plantes mères, sur lesquelles sont normalement prélevées les boutures. Cela lui libérera de la superficie pour ajouter des plantes.
Il estime que l’ampleur de sa production ne justifie pas le recours à ces plants mères. Il s’approvisionnera plutôt en boutures à une pépinière de Granby, homologuée par Santé Canada.
M. Girard a grandi sur une ferme laitière. Il oeuvre encore pour l’entreprise familiale, en plus de s’occuper de sa compagnie. Il détenait déjà une licence personnelle de culture de cannabis à des fins médicales. Il a décidé de se lancer dans la microproduction de cannabis quand Santé Canada a mis en place les microlicences. Ce type de permis nécessite moins d’investissements qu’une production dite standard, note Vincent Girard.