Deux maisons sur trois vendues en surenchère à Saint-Jean

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Par Stéphanie MacFarlane
Deux maisons sur trois vendues en surenchère à Saint-Jean
(Photo : Deposit)

Près de deux maisons sur trois ont été vendues en surenchère l’an dernier à Saint-Jean- sur-Richelieu. Et de ce nombre, une transaction sur deux s’est soldée avec un prix de vente supérieur à 10 % du prix affiché, selon des statistiques qu’a fournies au Canada Français l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) à partir de la base de données Centris.

La surenchère est détectée lorsqu’un écart de prix positif est observé entre le prix affiché et le prix de la transaction, explique Charles Brant, directeur du Service de l’Analyse du marché à l’APCIQ.

Durant les six premiers mois de 2020, environ 25 % des transactions se sont conclues en surenchère à Saint-Jean-sur-Richelieu. Ce ratio est passé à 50 % durant les six mois suivants. Puis en 2021, environ les deux tiers des transactions ont été réalisés en surenchère. Cette réalité se traduit sur le terrain. «Deux transactions sur trois sont en surenchère», témoigne Alexandre Desroches, courtier-propriétaire chez Royal LePage Excellence.

Parmi toutes les transactions faites en surenchère en 2021, la moitié s’est conclue avec un écart positif d’au moins 10 %. Par exemple, pour entrer dans cette catégorie, une résidence unifamiliale affichée à 400 000 $devait être minimalement vendue à 440 000 $.

À titre indicatif, des ratios similaires de surenchère ont été enregistrés en 2021 dans l’ensemble de la Région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, dont fait partie Saint-Jean-sur-Richelieu.

Cédric Lebeau, Alexandre Desrochers et Charles Brant

Du jamais vu

Si le phénomène de surenchère n’est pas nouveau, son amplitude l’est. C’est du jamais vu depuis que les statistiques sont compilées, soit depuis 20 ans, confirme Charles Brant. La faible disponibilité de l’offre, la grande quantité d’acheteurs et le nombre élevé de transactions expliquent cette situation.

«La surenchère implique de fortes augmentations de prix. Les transactions ont été très nombreuses, ce qui a contribué à faire chuter l’inventaire de propriétés parce qu’il y avait plus de transactions. Tout le stock disponible a été écoulé en grande partie. L’inventaire est à un niveau plancher. Ce sont des conditions avantageuses pour la surenchère et pour créer une forte pression à la hausse sur les prix», souligne Charles Brant.

Effets

La baisse des taux d’intérêt ne vient plus compenser l’augmentation des valeurs, ce qui aura des répercussions. «On voit une progression des prix qui est trop forte par rapport aux revenus des ménages. Ça va venir modérer le marché, surtout dans un contexte où la Banque du Canada anticipe la hausse des taux d’intérêt», poursuit M. Brant.

Ce dernier est d’avis que cela aura pour effet de modérer le marché en 2022. La hausse générale du coût de la vie aura aussi des répercussions. Il ne faut toutefois pas s’attendre à un revirement de situation complet : le déficit de propriétés est structurel, notamment en raison du peu de résidences unifamiliales mises en chantier dans les dernières années.

«S’il y a un peu plus de maisons à vendre, le marché va se détendre, mais ce sera quand même des conditions favorables aux vendeurs. Il y aura peut-être moins de surenchère, mais la pression sur les prix restera présente», enchaîne Charles Brant.

Et 2022 ?

Pour le territoire de Saint-Jean-sur-Richelieu, l’APCIQ anticipe une hausse de prix de 5 à 10 % cette année. En ce début d’année, les valeurs demeurent élevées. En janvier, le prix médian s’est fixé à 502 500 $ sur le territoire johannais, en hausse de 32 % par rapport à janvier 2021 (382 000 $). C’est d’ailleurs la première fois que le prix médian franchit la barre des 500 000 $ à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Cédric Lebeau, courtier immobilier et président de RE/MAX Évolution, s’attend à une année occupée, mais ne croit pas que les prix vont connaître une hausse aussi fulgurante que ce qu’a récemment connue la région. «Les valeurs ne vont toutefois pas descendre», poursuit-il.

En 2022, Royal LePage prévoit une augmentation des prix d’environ 10,5 %. «Selon moi, ça va être entre 10,5 % et 20 %. Je ne vois pas l’essoufflement dont les gens parlaient», souligne Alexandre Desrochers. Il est d’avis que tant que les taux d’intérêt n’augmenteront pas et qu’il n’y aura pas plus d’offres sur le marché, les prix vont continuer à progresser.

Ces hausses de valeurs ont pour conséquences de pousser les Johannais vers d’autres marchés, comme les municipalités rurales du Haut-Richelieu ou vers Marieville et Granby, où les prix sont moins élevés. «Les gens de l’extérieur trouvent un refuge à Saint-Jean-sur-Richelieu parce que le rattrapage de prix ne s’est pas fait avec la Rive-Sud», mentionne M. Desrochers. «Ce qu’on a vécu, Granby commence à le vivre», enchaîne Cédric Lebeau.

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