Les terrains industriels à Saint-Jean-sur-Richelieu, à l’instar de certaines espèces, sont en voie de disparition. Selon les plus récentes statistiques fournies par la Ville et au rythme où les lots restants sont vendus, les superficies pouvant accueillir des industries seront épuisées dans deux ans, maximum trois.
Le parc industriel de Saint-Jean/Saint-Luc compte un total 39,5 millions de pieds carrés, tandis que celui d’Iberville en a 13,2 millions. En date du 20 mars 2023, il ne restait que 2% de ces superficies, soit 1 083 612 de pieds carrés. La majorité de cette aire se trouve dans le parc de Saint-Jean/Saint-Luc (795 460 pieds carrés). La balance (288 152 pieds carrés) est disponible dans le parc industriel d’Iberville.
Le dernier bilan réalisé par Le Canada Français remonte à mars 2021. À ce moment, on retrouvait 350 000 pieds carrés dans le parc industriel d’Iberville et 1,4 million de pieds carrés dans celui de Saint-Jean/Saint-Luc pour un total de 1,75 million de pieds carrés.
En deux ans, la moitié de la superficie disponible a été écoulée dans le parc industriel de Saint-Jean/Saint-Luc, observe Sophie Latour, cheffe de la Division développement économique à la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Depuis le début de l’année, trois terrains totalisant 220 000 pieds ont été vendus sur la rue Pierre-Caisse. Armoirex (48 488 pieds carrés), Mobican (71 669 pieds carrés) et Groupe Mach pour Reaction Dynamics (100 000 pieds carrés) sont les acquéreurs. Le journal reviendra plus en détail sur ces projets dans de futures éditions.
Cinq à six projets
Dans le parc industriel de Saint-Jean/Saint-Luc, les terrains disponibles se trouvent sur les rues Pierre-Caisse et Gaudette. Ils peuvent accueillir deux, voire trois projets industriels, selon leur nature. Près de 40% des 795 460 pieds carrés disponibles ont des contraintes en raison de la présence d’un cours d’eau.
À Iberville, les 288 152 pieds carrés restants sont répartis en trois terrains distincts. Leur superficie oscille entre 75 300 pieds carrés et 111 000 pieds carrés. Ils sont situés sur le 3e Rang ainsi que sur les rues Lucien-Beaudin et James-Brodie. Toutes ces superficies sont considérées avec contraintes en raison des conditions géotechniques de ce secteur.
Cela force les entreprises qui s’y installent à mettre des pieux et à effectuer des aménagements au niveau de la dalle, ce qui occasionne des coûts additionnels d’environ 25%. La Ville a mis en place des programmes, soit un congé de taxe foncière et un prix de vente ajusté, pour atténuer les impacts.
Inquiétudes
Bon an, mal an, entre 200 000 et 400 000 pieds carrés de terrains industriels sont écoulés. À ce rythme, ils seront tous vendus dans deux ou trois ans, indique Sophie Latour. Le manque de terrains industriels qui pointe à l’horizon inquiète la mairesse de Saint-Jean-sur-Richelieu, Andrée Bouchard.
Les superficies disponibles ne permettent plus à la Ville d’accueillir un projet d’envergure. La situation la force à être sévère dans le choix des entreprises à qui elle vend ses derniers lots. «Plusieurs personnes veulent installer des entrepôts à Saint-Jean-sur-Richelieu. Ce n’est pas ce qu’on veut. Ça prend des entreprises à valeur ajoutée pour la région», dit-elle.
Réflexions
Dans ces circonstances, la Ville a amorcé des réflexions afin de trouver des façons de soutenir la croissance. «On veut agrandir par l’intérieur. On est en mode requalification sur le territoire. On réfléchit pour vraiment maximiser les terrains actuels», indique Sophie Latour.
Parmi les stratégies étudiées, il y a la densification. «On a d’autres pistes de réflexion, mais à l’heure actuelle, je ne suis pas en mesure de me positionner officiellement. Ça se fera en temps et lieu», poursuit Sophie Latour.
La Ville travaille conjointement avec NexDev | Développement économique Haut-Richelieu. «On qualifie chacun des projets pour s’assurer qu’on maximise le développement économique local», enchaîne Mme Latour. Cette dernière mentionne qu’un plan formel, telle une stratégie immobilière, est attendu dans la prochaine année. «On veut davantage se structurer et avoir une vision d’avenir qui est cohérente avec les besoins et notre planification du territoire», explique-t-elle.
En outre, la mairesse croit que la pénurie de superficies industrielles pourrait permettre à la Ville de faire des représentations auprès de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) pour créer de nouveaux terrains industriels. «Je ne parle pas de démembrer la zone agricole. Il y a des terrains agricoles qui ne servent pas actuellement. J’ai un grand respect pour les terres agricoles, mais il faudrait peut-être regarder si tous les terrains agricoles servent à ce à quoi ils sont dédiés», dit-elle.
Nouveau poste
En avril, un nouvel employé entrera en poste à la Division développement économique à titre de conseiller aux transactions immobilières. Son mandat sera, notamment, de négocier et de conclure différentes ententes et des contrats dans le cadre des projets de vente ou d’acquisition de terrains municipaux. Cette personne participera également à l’élaboration de la stratégie immobilière.