Des semences ancestrales produites à Saint-Jean

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Par Stéphanie MacFarlane
Des semences ancestrales produites à Saint-Jean
Si Josée Pelletier réalise en quelque sorte un rêve en commercialisant ses semences, elle garde en tête le partage et la préservation. Elle est d’ailleurs membre des Incroyables comestibles. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

La passion pour le partage et la préservation de semences a mené Josée Pelletier à créer son entreprise en février dernier. En lançant Semences des artisans, la Johannaise serait ainsi devenue la première productrice de semences ancestrales du Haut-Richelieu.

Josée Pelletier, connue par plusieurs comme la «Mme Ail» du Marché public du Vieux-Saint-Jean, s’est installée sur le rang des Cinquante-quatre, à Saint-Jean-sur-Richelieu il y a 15 ans. C’est à ce moment qu’elle a commencé à collectionner et à préserver les semences du patrimoine, des variétés anciennes et à pollinisation libre.

Elle en avait tant accumulé que l’an passé, un ami l’a incitée à lancer son entreprise, ce qu’elle a fait en février 2021. «J’avais toujours l’impression que mon jardin était trop petit pour que ce soit faisable», indique-t-elle en faisant référence aux gros producteurs de semences de la province, comme la ferme coopérative Tourne-Sol et les Jardins de l’écoumène. Elle souhaite que son entreprise demeure petite. «Je ne veux pas que ça devienne gros. Je ne veux pas d’employé. Je veux garder ça simple», dit-elle.

Variétés

Au fil des ans, son potager s’est agrandi. Aujourd’hui, sa superficie oscille entre 7000 et 8000 pieds carrés. Elle y cultive diverses variétés d’aubergines, de laitues, de poivrons, de piments forts, de betteraves, d’asperges, de poireaux, d’ail, de fines herbes, de haricots, de courges, de concombres, de panais, de carottes, d’asclépiade, de kale, de moutardes, de cerises de terre et bien d’autres.

Mais ce sont les tomates qui y sont reines. Environ 300 cultivars différents sont cultivés dans son potager. «C’est clair qu’elles sont prédominantes. Il y a encore plein de variétés à découvrir», poursuit-elle.

La tomate Arthur Fowler, qui est orange, prendrait d’ailleurs son origine à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Une dame, dont le nom est inconnu, la cultivait depuis plusieurs années lorsqu’elle aurait fourni un spécimen à M. Fowler en 1978 qui l’a pérennisée.

Distance

Pour produire des semences, Josée Pelletier explique que les différentes variétés doivent être séparées les unes des autres de plusieurs mètres pour éviter une pollinisation croisée. Pour certaines, l’éloignement doit être de quelques kilomètres.

Pour préserver la pureté d’une lignée, Josée Pelletier procède donc en protégeant certaines grappes de fleurs avec de petits sachets d’organza. Elle pollinise ensuite elle-même ces fleurs.

Pour certaines plantes autogames, comme les tomates, elle n’a qu’à agiter le plant afin de répandre le pollen. Pour les allogames, c’ est-à-dire que les plants comportent des fleurs mâles et des fleurs femelles, ces dernières sont pollinisées manuellement avec une fleur mâle.

Ensachées

Certaines semences se trouvent directement dans le légume, comme le concombre, le poivron et la tomate. Une fois que le fruit se crée, elle l’identifie avec une cordelette de couleur afin de prélever les graines lorsqu’il sera mûr.

Pour d’autres, la plante monte en fleurs et produit des graines qui sont prélevées. C’est le cas des carottes, des laitues, du panais et du poireau, notamment. Les semences sont ensachées pour être vendues. Des tests de germination sont aussi réalisés.

Naturel

Semences des artisans n’a pas la certification biologique, mais sa propriétaire cultive son potager naturellement, sans OGM, sans engrais, sans insecticides ni herbicides de synthèse. Du paillis végétal et des purins à base de prêle, de consoude et d’ortie sont appliqués.

Josée Pelletier prône aussi une culture où l’humain intervient le moins. Les arrosages sont donc réduits au strict minimum. «Ça permet aux plants de bien développer leurs racines dans le sol», indique-t-elle.

Variétés anciennes

Josée Pelletier souligne que les variétés anciennes ont été produites par des jardiniers ou certaines communautés parce qu’elles correspondaient à ce qu’ils voulaient. Ces variétés ont ensuite un peu sombré dans l’oubli avec l’arrivée de l’époque industrielle où les espèces cultivées l’étaient pour leur résistance au transport et aux maladies.

Pour Mme Pelletier, il est primordial que tous les jardiniers continuent à poursuivre ce travail de préservation. «C’est important parce que ce sont les variétés de demain. Oui, on préserve les anciennes variétés, mais on continue aussi le travail», dit-elle. Certaines ont beaucoup d’histoire, comme la tomate Purple Calabash qui daterait possiblement du 15e siècle et qui est encore cultivée aujourd’hui.

Lors de la visite du Canada Français, Josée Pelletier a aussi exprimé le souhait d’en hybrider plusieurs, afin de créer une ou plusieurs nouvelles variétés. Un exemple ? Croiser un plant de tomates à feuilles de patates avec un plant de tomates micronain. Cela demande toutefois bien de la patience. Fixer une nouvelle variété peut demander jusqu’à sept ou huit ans.

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