Outillages K et K, un manufacturier de moules pour les industries de plastique et de moulage sous pression, a entrepris une démarche singulière en 2020 pour donner du pouvoir et de l’autonomie à ses travailleurs : la libération d’entreprise. Une philosophie de gestion qui tend vers l’autogouvernance en impliquant tous les employés dans la prise de décision. S’il y a une dizaine d’entreprises québécoises qui ont pris cette voie, elle serait la seule à Saint-Jean-sur-Richelieu à l’avoir empruntée.
Les dirigeants d’Outillages K et K ont mis en place ce projet de libération d’entreprise pour répondre aux divers défis rencontrés:les pressions économiques, la rapidité de changement avec les clients et les fournisseurs, ainsi que le recrutement. «Il fallait trouver une autre formule de gestion pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et s’assurer de la pérennité de l’entreprise», explique Tom Keller, vice-président d’Outillages K et K.
Leurs réflexions et leurs recherches les ont menés à un article portant sur une entreprise américaine qui oeuvre dans le même secteur d’activités qu’eux. «Ils ont embarqué dans la voie de la libération d’entreprise et ça a fonctionné. Et c’est un grand succès», souligne M. Keller.
Outillages K et K a communiqué avec ladite entreprise en 2020, soit Westminster Tool, basée au Connecticut. Ils ont pu aller la visiter en juin dernier. Dans l’intervalle, ils ont travaillé à la mise en place de leur nouveau modèle de gestion. Ils ont notamment redéfini la vision, la mission et les valeurs de l’entreprise.
Concept
Le concept d’entreprise libérée est large.
Outillages K et K met l’emphase sur le bien-être des gens et le potentiel humain. «On souhaite passer d’une structure organisationnelle hiérarchique à une structure par équipe. Ça permet de donner du pouvoir décisionnel aux employés et de libérer le potentiel et la créativité», explique Zoé Keller, agente d’évolution organisationnelle chez Outillages K et K. «Le système pyramidal freine le développement des gens. Dans une entreprise libérée, on essaie de travailler ensemble et de se supporter», poursuit Tom Keller.
En équipe
Ainsi, toutes les décisions se prennent en équipe par le biais d’un système sans objection. «On présente l’idée. On fait un tour de table pour savoir s’il y a une objection. Si une personne s’oppose, elle a la responsabilité de s’expliquer et de proposer une solution», explique Zoé Keller.
«On continue le tour de table jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’objection. Au bout du processus, il n’y a personne qui ne peut dire qu’elle n’est pas d’accord. Tout le monde se sent écouté et responsable», enchaîne Tom Keller. Les titres de président et de vice-président, par exemple, deviendront peu à peu strictement légaux.
Des exemples de prises de décision en équipe ? «Un comité a été créé avant de réaliser des rénovations. Les idées des employés ont été recueillies. Tout le monde a eu son mot à dire et tout le monde est content du résultat», expose Zoé Keller.
La prise ou non d’un contrat a aussi été débattue. «On en a parlé avec l’équipe. Si on ne le prenait pas, on allait manquer d’ouvrage et si on le prenait, on allait en avoir trop. Les employés ont choisi de le prendre», énonce Jean-Pierre Bernhard, le président de l’entreprise. Or, auparavant, ce genre de décisions était pris par lui-même et Tom Keller.
Défis
Cela dit, la mise en place d’une telle structure demande à tous de changer leur façon de fonctionner et de voir les choses. Et cela se fait progressivement. Pour y parvenir, un accent est mis notamment sur la qualité de la communication. L’entreprise souhaite aussi développer l’intelligence émotionnelle de son personnel. Diverses formations sont offertes.
D’autres étapes doivent être franchies avant qu’Outillages K et K soit une entreprise 100 % libérée. Les rôles et responsabilités de chaque département doivent notamment être redéfinis. Un processus auquel les employés participeront.