Le collectif créatif La Cargaison se fait un point d’honneur de repousser les limites de la technologie afin d’offrir des productions artistiques audacieuses et modernes, comme en font foi ses nombreuses projections architecturales sur des façades d’édifice. C’est maintenant au tour du théâtre cinématographique de passer dans le collimateur de l’organisme avec le spectacle CorresponDanse de guerre, qui sera présenté gratuitement le 18 janvier au Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean.
Ce projet pluridisciplinaire alliant art numérique, théâtre, musique et danse a fait l’objet d’une résidence artistique du 17 juillet au 10 septembre 2022 au Domaine Trinity, puis du dévoilement officiel d’un premier extrait le 11 novembre de la même année. L’entièreté du spectacle devait être présentée en novembre 2023, mais la sortie a été repoussée au 18 janvier.
CorresponDanse de guerre se démarque par son utilisation de la technologie de la téléprésence afin de présenter simultanément et en direct les actions se déroulant dans deux lieux différents, d’où son appellation de théâtre cinématographique.
«Il s’agit d’un nouveau langage scénique. Ce qui est montré au public est brut. On n’a pas le temps de faire de montage ou d’ajuster la direction de la photographie. L’image n’est pas léchée. Le public voit en quelque sorte les coulisses du film et le film en soi tourné en temps réel en même temps», résume Marjolaine Quintal, présidente de La Cargaison.
Séparés par un mur
Le spectacle retrace deux histoires en parallèle qui se déroulent pendant la Première Guerre mondiale. Le public peut en apprendre davantage sur la réalité d’un jeune soldat canadien-français au front. Il peut également constater les répercussions de cette situation sur la famille de ce dernier qui est restée à la maison et qui se morfond dans l’attente de nouvelles.
En temps normal, afin de respecter le concept de la téléprésence, les scènes mettant en vedette le jeune soldat ne seraient pas tournées dans le même lieu que celles impliquant la famille du héros de guerre. Or, la représentation à guichets fermés qui se déploiera au Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean le 18 janvier prochain à 19h30 ne sera pas présentée simultanément dans les deux locaux distincts.
Cette modification s’explique principalement par le fait que la technologie de la téléprésence n’est pas encore assez aboutie pour que l’équipe lui fasse confiance les yeux fermés devant des spectateurs. «On est encore en train d’apprivoiser et d’explorer cet outil scénique. On a donc décidé de diviser en deux la scène du Cabaret-Théâtre par un mur. Les comédiens ne se verront pas, et les spectateurs verront des éléments différents selon leur emplacement dans la salle. L’essence du projet demeure», explique Marjolaine Quintal.
Choix difficiles
Le public est donc amené à faire des choix. Chaque spectateur décidera de son propre mode de visionnement.
«Une personne peut choisir de se concentrer uniquement sur le point de vue du soldat ou sur celui de la famille, alors que d’autres prêteront plus attention aux déplacements des caméras qui filment les comédiens et les danseurs. J’ai très hâte de voir ce que les gens vont décider de regarder», relève Marjolaine Quintal.
L’organisme n’exclut pas l’idée de présenter CorresponDanse de guerre en tournée. La représentation du 18 janvier sera un bon indicateur pour déterminer la manière la plus optimale de présenter cette histoire. «On est tributaire de la technologie. On veut pouvoir documenter toutes les explorations faites jusqu’à maintenant avec la téléprésence et le théâtre cinématographique pour que d’autres créateurs puissent s’en inspirer et que le langage artistique puisse continuer de constamment évoluer et avancer», de conclure l’artiste multidisciplinaire.
CorresponDanse de guerre sera également présenté à Québec, en février, lors d’un événement spécial organisé par le regroupement de diffuseurs professionnels de spectacles RIDEAU.