Vivre les réalités d’un aîné dans une expérience immersive

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Par Stéphanie MacFarlane
Vivre les réalités d’un aîné dans une expérience immersive
L'animatrice bénévole Diane Laverdure interagit avec une participante qui expérimente un problème d'audition dans le cadre de l'atelier. (Photo : Jessyca Viens-Gaboriau)

Des gestes aussi simples que de boutonner une chemise, lire une prescription ou suivre une conversation de groupe peuvent représenter un réel défi pour une personne âgée. Pour sensibiliser la population à cette réalité, la FADOQ a présenté l’atelier immersif Dans la peau d’un aîné lors d’une activité organisée par le Centre d’action bénévole (CAB) de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Au cours de l’atelier de 90 minutes, la vingtaine de participants a été invitée à tester certaines limitations de l’âge liées à l’agilité, la mobilité, la cognition, la vision, l’audition et le deuil. Selon des statistiques fournies par la FADOQ, près de 60% des gens qui ont 65 ans et plus présentent au moins une incapacité. Ce pourcentage grimpe à 84% chez les 85 ans et plus.

«On pense qu’on comprend ce que les autres vivent. On va le vivre aujourd’hui», lance Diane Laverdure, animatrice à la FADOQ. «Le but, poursuit-elle, est de travailler au niveau du vieillissement humain pour bien aider les gens.»

La bénévole fait un lien direct avec la bientraitance. «On entend souvent parler de maltraitance, mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de maltraitance qu’il y a de la bientraitance. La bientraitance, c’est d’optimiser le bien-être de la personne en la mettant au centre de nos actions», poursuit Mme Laverdure.

La FADOQ a lancé cet atelier participatif positif sur la bienfaisance en septembre dernier pour faire face aux changements démographiques.

Vision et audition

Le premier atelier aborde deux problèmes de vision, soit la dégénérescence maculaire liée à l’âge et le glaucome. Les participants sont invités à porter des lunettes qui simulent l’un des deux problèmes et à essayer de lire. Le constat? Ce n’est pas facile.

Dans la discussion qui suit cette expérimentation, l’animatrice demande aux participants ce qu’ils peuvent faire pour aider un proche vivant avec un tel problème. Augmenter la taille des caractères de certaines publications et remettre les choses à leur place pour faciliter l’orientation de la personne sont quelques-unes des astuces véhiculées.

L’audition d’un aîné peut être affectée par la presbyacousie, caractérisée par la perte des sons aigus et la présence de bourdonnement. Pour le vivre, certains cobayes, équipés de bouchons, devaient tenter de comprendre leur voisin de table.

«Il y a des façons de communiquer avec une personne qui a des problèmes d’audition: on est vis-à-vis, on s’assure d’être dans un endroit éclairé, on parle lentement et on fait attention aux choix des mots», souligne Anne Choquet, la coordonnatrice régionale du programme Dans la peau d’un aîné à la FADOQ.

Mobilité et agilité

Ce n’est pas de tout repos que se déplacer à l’aide d’un déambulateur ou d’une canne tout en transportant un sac d’épicerie. Et pourtant, les participants étaient dans un local qui proposait un sol régulier! «Imaginez sur le trottoir, avec les plaques de glaces ou dans la slush », illustre Mme Laverdure.

Anne Choquet propose donc aux accompagnateurs de prévoir de plus courtes distances à parcourir et à prévoir des pauses.

Le vieillissement peut aussi causer une perte de motricité fine. Boutonner une chemise, sortir de la monnaie d’un portefeuille ou encore prendre un cachet dans un pilulier devient une tâche difficile à accomplir.

Pour le tester, les participants n’ont eu qu’à enfiler une paire de gants pour voir leur sens du toucher diminuer. «Souvent, les gens qui perdent de l’agilité ont une perte de sensibilité au bout des doigts», précise Anne Choquet.

Le constat? Toutes les tâches prennent plus de temps à accomplir, ce qui peut causer un stress chez la personne. Pour le contrer, il est conseillé d’aviser l’aîné à l’avance pour lui laisser le temps de se préparer. De plus, il est possible d’aider la personne, mais il faut s’assurer qu’elle conserve une certaine mobilité afin de favoriser son autonomie.

Cognition

Le vieillissement s’accompagne parfois de pertes cognitives. «Les gens ont alors de la misère à assembler l’information», explique Diane Laverdure. Pour illustrer son point, l’animatrice distribue un carton sur lequel il est écrit «Nom Generé Craie Terri Hein» et invite les participants à le déchiffrer.

«C’est écrit «Non, je ne regrette rien», lance-t-elle, avant de leur donner des astuces pour aider un proche. «Répétez en articulant, donnez une consigne à la fois, soyez à l’écoute de la personne, aidez-la pour certaines tâches et gardez le sourire pour faire diminuer son anxiété», poursuit Mme Laverdure.

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