Une courtière immobilière fait l’objet de graves allégations

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Par Stéphanie MacFarlane
Une courtière immobilière fait l’objet de graves allégations
Audrey Bédard est devenue propriétaire de Royal LePage Origine à l’âge de 27 ans. À ce moment, elle était la plus jeune propriétaire d’agence de la bannière. (Photo : Le Canada Français - Archives)

Audrey Bédard, la propriétaire de la franchise Royal LePage Origine et courtière immobilière, fait l’objet de graves allégations. Elle est soupçonnée d’avoir détourné près d’un demi-million de dollars de comptes en fidéicommis et d’avoir entravé une enquête. Le comité de discipline de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) vient de suspendre provisoirement son permis de courtage. Une mesure exceptionnelle due à la gravité des gestes allégués.

Audrey Bédard, 33 ans, fait face à onze chefs d’infraction, tandis que huit chefs d’infraction visent son agence, dont elle est la seule administratrice. Le syndic allègue qu’Audrey Bédard et son agence se seraient approprié plus de 460 000$ ou auraient utilisé cet argent à des fins autres que celles pour lesquelles il leur avait été remis.

De cette somme, au moins 435 431,13$ seraient dus à trois courtiers immobiliers à titre de rétribution, dont minimalement 400 000$ à un seul individu. Un acompte de 25 000$, remis par un acheteur pour une transaction devant être notariée plus tard, aurait été utilisé à d’autres fins.

La plainte disciplinaire précise aussi qu’Audrey Bédard aurait permis ou toléré que le compte en fidéicommis de l’agence ait un solde négatif. Elle aurait également entravé le travail du service d’inspection de l’OACIQ. Et elle aurait entravé de diverses manières l’enquête menée par la syndique adjointe. Les infractions reprochées auraient été commises en 2022 et en 2023.

Suspension
Le 29 mars, le Comité de discipline a suspendu provisoirement les permis de courtage immobilier d’Audrey Bédard et de son agence. Cette décision a été prise «compte tenu de la gravité des infractions qui sont alléguées. Ce qui est allégué peut difficilement être plus grave», indique Me Caroline Champagne, vice-présidente encadrement à l’OACIQ.

Cette procédure est une mesure exceptionnelle. «On intervient dans des situations où l’on craint pour la protection du public. Ici, on avait des craintes parce qu’il y avait des allégations comme quoi des sommes importantes avaient été détournées à partir de comptes en fidéicommis. C’est ce qui a mené au dépôt de la requête en suspension provisoire», explique Me Champagne.

D’ici à ce qu’un jugement final soit rendu par le Comité de discipline, Mme Bédard et son agence ne peuvent plus effectuer d’acte de courtage immobilier.

Sanctions possibles
Si Audrey Bédard et/ou son agence sont reconnues coupables, une audition sur sanction sera tenue. La Loi sur le courtage immobilier prévoit diverses sanctions. La radiation et des amendes oscillant de 2000$ à 50 000$ par infraction reprochée figurent parmi les possibilités. Le Comité peut aussi ordonner le remboursement de sommes.

Une plainte a été déposée au Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu. Celui-ci l’a transféré à la Sûreté du Québec. Le corps policier a indiqué qu’il n’a pas l’habitude de confirmer ou d’infirmer la tenue d’une enquête criminelle, précisant que le tout suit son cours.

Commentaires
De son côté, Royal LePage Canada a résilié son contrat de franchise avec Royal LePage Origine «en raison d’une rupture des termes de l’entente», précise Roseline Joyal-Guillot, directrice communications et marketing, région du Québec chez Royal LePage. Elle souligne que l’entreprise a été récemment informée de la situation. «Nous avons aussitôt lancé une enquête interne en mandatant un vérificateur à temps plein», enchaîne-t-elle.

Audrey Bédard n’a pas souhaité commenter le dossier, outre de dire qu’elle va aller au bout de cette histoire. Mme Bédard est devenue propriétaire de Royal LePage Haut-Richelieu, rebaptisée Origine en 2017.

Son agence regroupait près de 80 courtiers répartis à Saint-Jean-sur-Richelieu, Chambly, Châteauguay et Saint-Hyacinthe. Certains ont joint d’autres franchisés de Royal LePage, alors que d’autres ont complètement quitté la bannière.

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