Il a fallu deux mois à la Ville de SaintJean-sur-Richelieu, à la police, aux pompiers et aux services animaliers Proanima pour venir à bout d’une colonie de 88 chats dans un appartement du quartier Saint-Edmond. Les occupants du logement ont fait leurs adieux à leurs derniers animaux lundi.
La Municipalité a été mise au fait de la situation le 2 mai. Sylvain Dubois, le propriétaire de l’immeuble situé au 8, rue Mercier, venait de signaler le problème de surpopulation de chats à Proanima. Le 4 juillet, il faisait parvenir au Canada Français une vidéo filmée à l’intérieur de l’appartement. Les locataires y ont emménagé au mois de mars dernier.
On y aperçoit le locataire en train de tordre une vadrouille. Les comptoirs de la cuisine sont tous encombrés. Il y a des chats partout : sur l’aquarium, sur le comptoir de la cuisine, dans l’évier. Des excréments jonchent les couvercles des litières et tachent les murs. Les planchers sont souillés d’un bout à l’autre. Dans la chambre à coucher, au moins 30 félins occupent le lit.
Sylvain Dubois, qui habite un logement à la même adresse, est désespéré. Des vers ont envahi ses armoires de cuisine. Il a condamné sa salle de bain et prend sa douche au travail tellement l’odeur d’ammoniac dégagé par l’urine des chats est forte.
Du jamais-vu
Il a frappé à plusieurs portes pour obtenir de l’aide. La réponse du Tribunal administratif du logement l’a estomaqué. «On m’a dit de ne rien faire!, s’exclame M. Dubois. S’il n’y a aucune plainte contre les locataires, le prochain propriétaire va leur faire signer un bail et je serai débarrassé du problème.» Compte tenu de leur solvabilité, lui aussi n’y avait vu que du feu. «La prochaine fois, je vais faire signer un bail chez les locataires pour ne pas me faire avoir!», dit-il.
Proanima et la Ville ont demandé l’assistance des policiers pour remédier au problème. Ils ont remis au couple de locataires deux constats d’infraction concernant le règlement municipal sur la garde des animaux.
De son côté, Proanima a dû faire preuve d’une grande diplomatie. L’organisme ne peut pas retirer des animaux de force à leurs maîtres. Entre le 5 mai et le 8 juin, le refuge a mené quatre interventions pour récupérer 62 chats avec l’autorisation des locataires.
«Selon l’expertise de Proanima, lorsque la santé des animaux n’est pas en danger, il est préférable de procéder graduellement au retrait. Cela permet de limiter les impacts de la transition vers le refuge», explique Marie-Pier Gagnon, conseillère stratégies numériques et relations médias à la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Refus
Les locataires ont cessé de collaborer après la quatrième intervention. Un signalement de négligence a été envoyé au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), puisqu’il lui revient d’appliquer la loi sur le bien-être des animaux.
«Nous ne pouvons pas commenter les cas particuliers en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, répond la relationniste du MAPAQ, Mélissa Lapointe. Cependant, je peux vous confirmer que le dossier est connu de notre service d’inspection et que des interventions en vertu de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal ont eu lieu au cours des derniers mois.»
Le 5 juillet, le Service de sécurité incendie est allé vérifier la concentration d’ammoniac dans l’air. Il n’a rien décelé d’anormal. Un inspecteur du Service de l’urbanisme a aussi fait un suivi pour s’assurer que la structure du logement n’était pas endommagée. Il aurait assuré Sylvain Dubois que son immeuble n’était pas compromis.
26 chats
Les locataires ont à nouveau accepté de collaborer le 11 juillet. Proanima y a récupéré les 26 derniers chats, incluant deux portées de chatons. Le refuge stérilisera sans frais ceux que les locataires ont gardés.
L’un des deux occupants du logement a d’abord tenté de nier l’histoire. «Je n’ai pas autant de chats. Pour moi, vos allégations sont fausses», dit-il. Il a ensuite avoué ne pas avoir compté le nombre de chats qu’il hébergeait. «On a fait affaire avec Proanima, enchaîne-t-il. Il reste le nombre de chats qu’on a le droit d’avoir dans un loyer.»
Il dit être en train de s’affairer à laver les planchers, nettoyer ses litières et aérer le mieux possible. Sylvain Dubois, lui, est convaincu qu’il devra remplacer les planchers flottants et remplacer le bas des murs pour éliminer toutes les odeurs. La fin de semaine dernière, il a aussi dû couper l’entrée d’eau de l’immeuble, car la plomberie avait été bouchée par de la litière.
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