Peu importe qu’elles exportent ou fassent affaire sur le marché local, les entreprises du Haut-Richelieu bénéficient d’une bonne situation économique et celle-ci perdurera pour les prochaines années, a souligné Pierre Cléroux, vice-président, recherche et économiste en chef à la Banque de développement du Canada (BDC), lors d’une conférence organisée par NexDev | Développement économique Haut-Richelieu.
«Nous sommes toujours dans une période de croissance et elle va se prolonger», a lancé d’entrée de jeu Pierre Cléroux.
Malgré les tensions commerciales, l’économie américaine fonctionne rondement. «L’économie des États-Unis est la plus importante pour nous. Soixante-quinze pour cent de nos exportations vont au sud de la frontière. Et là, les nouvelles sont très bonnes. L’économie américaine roule à pleine capacité et on s’attend à ce qu’elle soit positive et solide pour les deux prochaines années», mentionne l’économiste.
Exportation
À cela s’ajoute la faiblesse du dollar canadien qui devrait rester autour de 0,75$ en 2019, selon les experts de la BDC.
«Ce que ça veut dire pour les entrepreneurs? S’ils sont des exportateurs, ils sont dans un très bon environnement économique. La demande extérieure va continuer d’être forte, particulièrement sur le marché américain, le dollar va demeurer bas et les taux d’intérêt demeureront relativement bas», énumère Pierre Cléroux.
Une nouvelle encourageante pour le Haut-Richelieu. Selon le rapport annuel 2018 de NexDev, 65% des 204 entreprises manufacturières de la région exportent, et de ce nombre, 34% le font aux États-Unis.
Et le Québec?
Même si la croissance économique du Québec tend à ralentir, elle a été l’une des meilleures au Canada en 2018 et figurera parmi les plus en santé en 2019. Ce ralentissement est causé par deux facteurs principaux, explique Pierre Cléroux.
La première raison, dit-il, c’est la rareté des employés qui limite la croissance des entreprises québécoises. «L’autre raison, c’est la hausse des taux d’intérêt. Ils ont augmenté cinq fois depuis deux ans. Le taux directeur à 1,75% n’est pas très élevé, mais l’augmentation a eu des impacts sur l’économie», mentionne l’économiste en chef de la BDC.
Endettement
Selon des données qu’il a présentées, les intérêts payés par les consommateurs canadiens ont augmenté de 12,1%, tandis que leurs revenus n’ont crû que de 3,2%.
«Quand les taux d’intérêt ont commencé à augmenter, la croissance de la consommation a diminué. Les consommateurs ont donc moins d’argent à dépenser», indique-t-il.
Cette faible augmentation des taux d’intérêt a eu cette répercussion en raison du taux d’endettement élevé des Canadiens qui s’élève à 183% du revenu disponible. «C’est un niveau record. Au Québec, il est à 160,6%. C’est une des raisons pourquoi l’économie du Québec performe mieux», indique Pierre Cléroux.
Ce dernier croit que l’économie québécoise va poursuivre sa croissance pour les deux ou trois prochaines années, mais à un rythme plus lent.
«La croissance des entreprises qui sont sur le marché local va continuer, mais il faut garder en tête que les consommateurs ont un peu moins d’argent dans leurs poches simplement parce que les paiements d’intérêt mensuels ont augmenté», prévient-il.
Récession?
Et à ceux qui croit qu’une récession approche, puisque la période de croissance perdure, Pierre Cléroux répond que les récessions ne sont pas cycliques.
«Pour avoir une récession, ça prend un choc qui doit être causé par quelque chose. Au Canada, au cours des 40 dernières années, on a eu quatre récessions», avise-t-il.
Et chacune d’elle a été causée par un événement majeur, soit la hausse du taux d’inflation (1981), un choc pétrolier (1991 et 2015) ou encore la crise des prêts hypothécaires à risque (2007).
«Il n’y a aucun signe de récession, même si la croissance ralentit. Nous sommes dans une période d’ajustement de la hausse des taux d’intérêt. À la BDC, nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de récession dans les deux ou trois prochaines années», conclut-il.