«L’Hôpital ne s’est pas remis de la première vague» – Denis Grondin

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Par Valerie Legault
«L’Hôpital ne s’est pas remis de la première vague» – Denis Grondin
Le bloc opératoire de l'Hôpital du Haut-Richelieu ne fonctionne plus qu'à 50% de sa capacité. Ses infirmières ont été dépêchées sur les étages pour pallier la pénurie de personnel. (Photo : Archives - Jessyca Viens-Gaboriau)

Le personnel soignant de l’Hôpital du Haut-Richelieu arrive à un seuil critique d’épuisement, prévient le président du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Centre, Denis Grondin. Éprouvées par la première vague de COVID-19, les infirmières peinent à affronter la deuxième dans un grave contexte de pénurie qui date de bien avant la pandémie.

Depuis les six derniers mois, 215 membres du syndicat ont démissionné ou pris leur retraite à travers les territoires Haut-Richelieu-Rouville et Champlain. C’est 65% de plus que pour toute l’année 2019. Ces chiffres ne comprennent pas les arrêts de travail, mais ceux-ci doivent être «désastreux», avance Denis Grondin.

Des infirmières, des infirmières auxiliaires et des inhalothérapeutes ont carrément décidé d’abandonner la profession. D’autres ont préféré se tourner vers le privé. Les jeunes qui arrivent dans le réseau de la santé sont déjà découragés, observe le président du syndicat. Ils arrivent dans un contexte difficile alors que «les vieux ont assisté à son déclin».

Les unités de soins de l’Hôpital du Haut-Richelieu ne sont plus capables de fournir assez d’employés pour donner un service sécuritaire, déplore M. Grondin. Il y a du temps supplémentaire obligatoire à tous les jours. Selon lui, la situation perdure depuis des mois.

Grave pénurie
La rareté du personnel soignant est particulièrement criante à Saint-Jean-sur-Richelieu, et elle date de bien avant la pandémie, observe-t-il. Deux infirmières «se sont écroulées» dans ses bras lors de sa dernière visite à l’Hôpital du Haut-Richelieu. «Depuis deux mois, nos membres sont plus que barouettées», déclare-t-il.

Les effets de cette pénurie de main-d’œuvre franchissent un nouveau seuil à l’Hôpital du Haut-Richelieu. Après avoir fermé 28 lits faute de personnel soignant, l’établissement se voit obligé de détourner des infirmières du bloc opératoire vers les différents étages pour maintenir les services. Cette décision a pour conséquence de fermer trois des six salles du bloc opératoire.

Opposition
Dans le jargon de la santé, c’est ce qu’on appelle du délestage. La décision n’a pas fait le bonheur des employés, si bien qu’un sit in a eu lieu vendredi dernier pour s’opposer à cette décision. Il y a quelques années encore, cet acte de protestation spontané ne faisait pas partie des réflexes des infirmières. Aujourd’hui, il s’en produit un à chaque semaine, affirme Denis Grondin.

La fermeture de la moitié du bloc opératoire était la seule solution possible, illustre-t-il. Avec la clinique ambulatoire, ce sont les seuls endroits où l’Hôpital du Haut-Richelieu a le contrôle sur les entrées et les sorties. Il n’était pas question que d’autres lits soient mis au rancart.
Au moment de mettre sous presse, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre n’avait pas fourni de réponse sur les motifs de sa décision.

Coup de barre
«L’Hôpital du Haut-Richelieu ne s’est pas remis debout après la première vague, enchaîne celui qui représente 4500 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. Il n’est peut-être pas un hôpital dédié pour la COVID-19, mais il compte deux unités jaunes avec des patients soupçonnés d’être positifs. La charge de travail est la même qu’en zone chaude, donc nos membres subissent autant la deuxième vague.»

Il ne reste qu’une solution, «sinon on ne s’en sortira pas». Le gouvernement doit donner un sérieux coup de barre dans les conditions de travail des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. «Il n’y a rien d’attrayant à vouloir venir travailler dans le réseau public de la santé en ce moment», conclut M. Grondin.

La Fédération interprofessionnelle de la santé, avec laquelle le syndicat local est affilié, a d’ailleurs bloqué l’accès au pont Jacques-Cartier, lundi avant-midi. Ce coup d’éclat s’inscrit dans les négociations d’une nouvelle convention collective avec le gouvernement. Ses membres réclament un meilleur aménagement du temps de travail et l’abolition du temps supplémentaire obligatoire.

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