Les demandes d’aide alimentaire en hausse de 57%

Daniela Vargas Rojas
drojas@canadafrancais.com

Les demandes d’aide alimentaire en hausse de 57%
Durant la dernière année, ce sont en moyenne 80 personnes qui ont bénéficié des surplus d'épiceries les mardis et 120 personnes les vendredis.  (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau))

Le service de dépannage alimentaire de la Société Saint-Vincent de Paul (SSVP) de Saint-Jean vient de franchir un nouveau record. Vendredi dernier, l’organisme a distribué des aliments à 167 personnes, un nombre en hausse de 57% depuis le début du mois de juillet. Le Canada Français a assisté à une journée type de distribution au comptoir alimentaire pour comprendre les efforts déployés par l’équipe, majoritairement composée de bénévoles. 

Tous les mardis et les vendredis, vers 11 heures, une file de personnes attend avec impatience l’ouverture des portes du dépannage alimentaire de la SSVP, sur la rue Laurier. Pendant ce temps, une vingtaine de bénévoles fait des allers-retours à l’intérieur des locaux afin de placer les aliments et les tables avant l’ouverture des portes.

Pendant l’attente, un homme intoxiqué s’approche de la porte pour demander un sac de denrées. C’est Ian Labelle, le directeur de la SSVP qui s’occupe de lui offrir un sac d’épicerie et de discuter avec lui. « On a eu un cas où la personne se pointait chaque jour. Il a fallu appeler la police et les intervenants sociaux, car la personne revenait et parfois elle était agressive », raconte Guylaine Hébert, la gérante du comptoir alimentaire.

Distribution

C’est Lorraine Bessette qui accueille chaque semaine les bénéficiaires. Depuis 2004, elle s’assure de prendre les présences et de vérifier que toutes les personnes ont leur carte d’abonnement. Cette femme de cœur se dit surprise par le nombre des nouveaux dossiers qui augmente sans arrêt depuis un an. «On a eu cinq nouvelles inscriptions cette semaine», mentionne-t-elle.

À l’intérieur, la longue ligne de 167 personnes défile à travers les couloirs remplis d’une variété d’aliments de tous les couleurs. Ce sont les collations qui sont données en premier. Des aliments qu’ils pourront manger en tout temps, soit des biscuits et un sac de bananes déshydratées, entre autres.

Par la suite, c’est le tour des produits de base: des œufs, du lait et du pain. Guylaine Hébert gère chaque semaine les produits reçus en dons et achète à rabais des denrées pour que les personnes puissent se préparer un ou deux repas. Mme Hébert est la grande marraine des démunis. Elle conserve en mémoire chaque denrée qui se trouve sur les rayons de la SSVP. « J’essaie de trouver de bons rabais pour acheter des œufs, du lait, des oignons et des surplus de pain chaque semaine. Le but est de ne pas manquer de nourriture lors de la distribution », affirme-t-elle. 

Dons

Après les produits de base, c’est au tour des aliments reçus grâce aux dons des principales épiceries de Saint-Jean. Il s’agit cette fois de fruits et légumes, yogourts, pâtisseries, viande surgelée ou jambon offerts par la compagnie Olymel. 

« C’est grâce aux dons des épiceries Pasquier, IGA et Super C qu’on réussit à faire les distributions les mardis et vendredis. Cette année spécialement, avec l’inflation, on leur a demandé d’être conscientes de la situation. Guylaine et moi, on les a rencontrées et cela a porté fruit. Les trois épiciers me donnent en moyenne 15 000$ de nourriture par mois. Également, on a l’aide de Moisson Rive-Sud qui est au courant de l’augmentation des demandes qu’on a présentement », raconte M. Labelle. Moisson Rive-Sud donne une moyenne de 76 000 kg d’aliments par année à la SSVP de Saint-Jean.

Quant à la distribution des paniers, elle est possible grâce au travail d’une dizaine de bénévoles qui, chaque jour, se déplacent pour aller chercher les dons dans les différentes épiceries et trient les divers produits avant les journées de distribution.

Clientèle variée

Les clients du comptoir alimentaire, qui sont parfois en situation d’itinérance, parfois sur l’aide sociale et même les nouveaux arrivants parcourent les couloirs et remplissent un ou deux sacs d’épicerie. Certains, moins gênés, disent bonjour, la plupart remercient les bénévoles pour leur présence et quelques-uns sourient à leur passage.

« On donne des paniers réguliers aux familles une fois tous les deux mois. Les mardis et vendredis, on donne une petite épicerie. Cela permet aux personnes seules, celles en situation d’itinérance ou avec des problèmes de santé mentale d’avoir de quoi manger. Il y a des produits qu’ils ne peuvent pas prendre. Ils ne peuvent rien entreposer s’ils habitent une chambre ou s’ils sont dans la rue », ajoute M. Labelle.

La plupart des bénéficiaires prennent ce qui leur convient en fonction des produits disponibles. Vers la fin du parcours, ce sont les sucreries qui sont distribuées: chocolats, pâtisseries et gâteaux périssables. Ils partent contents avec leur petite récolte, certains mangent déjà les collations même avant d’avoir quitté les locaux. 

La hausse

« C’est toujours, vers la fin du mois et vers la fin des vacances qu’on a une demande qui est à la hausse. Avec la rentrée à l’école, c’est dur autant pour les familles que pour les personnes seules avec un faible revenu ou sur l’aide sociale. Donc, tout le monde vient. Aujourd’hui, c’est une journée record. On n’avait jamais manqué de pain en cinq ans », observe le directeur.

Vers 12h10 Mme Bessette accueille son dernier client de la journée. Un jeune garçon a faim et n’a plus assez d’argent pour se payer à manger. La journée de distribution s’est conclue vers 12h15. Les bénévoles, fatigués, font le décompte, nettoient et ramassent les tables et les légumes moins populaires qui n’ont pas trouvé preneur. 

La SSVP compte actuellement 500 dossiers actifs. Par semaine, l’organisme de la rue Laurier distribue des paniers de denrées alimentaires d’une valeur de 150$ à 80 familles pour les dépannages réguliers. La SSVP distribue aussi les surplus périssables les mardis et les vendredis. Durant la dernière année, ce sont en moyenne 80 personnes qui ont bénéficié des surplus d’épiceries les mardis et 120 personnes les vendredis. 

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