Le taux d’inoccupation à un niveau préoccupant

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Par Stéphanie MacFarlane
Le taux d’inoccupation à un niveau préoccupant
Dès qu'un appartement se libère, il est reloué rapidement, et ce, peu importe la gamme. (Photo : Archives - Jessyca Viens-Gaboriau)

Les locataires déménagent peu ou pas. Les propriétaires, eux, ont une liste d’attente et reçoivent des lettres de présentation. Déjà critique l’an dernier, la situation du marché locatif à Saint-Jean-sur-Richelieu ne s’est pas améliorée. Le taux d’inoccupation global des appartements johannais n’est pas disponible cette année, mais plusieurs indicateurs pointent vers un taux très faible, dont le taux d’inoccupation des logements neufs qui est de… 0 %.

L’an dernier, l’Enquête sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) révélait que le taux d’inoccupation était de 0,8 % à Saint-Jean-sur-Richelieu. Déjà, il s’agissait d’un niveau record. Cette année, si la donnée globale n’est pas disponible, d’autres statistiques permettent de brosser un portrait de la situation.

«On a plusieurs indicateurs qui pointent vers un taux d’inoccupation global qui serait assez faible à Saint-Jean-sur-Richelieu. Malheureusement, on ne peut pas mettre un chiffre précis sur cette sensation», souligne Francis Cortellino. L’économiste à la SCHL observe que le taux d’inoccupation pour un 3 ½ à Saint-Jean est de 0,3 %, comparativement à 0,1 % pour un 5 ½. «Ces appartements représentent environ le tiers du parc locatif de Saint-Jean-sur-Richelieu. Ces taux sont très faibles», indique M. Cortellino.

Coût mensuel
Le marché locatif n’échappe pas à la loi de l’offre et de la demande. Le loyer moyen des logements occupés a augmenté de 7 % en un an pour se solder à 792 $. À titre indicatif, il en coûte en moyenne 531 $ par mois pour un studio, 632 $ pour un 3 ½, 799 $ pour un 4 ½ et 902 $ pour un 5 ½.

Le prix moyen pour les logements inoccupés n’est pas disponible, mais une tournée des plateformes de location permet de voir qu’il y a peu d’offres et que les prix demandés sont bien plus élevés. Plusieurs 3 ½ sont affichés à 750 $ ou 800 $ par mois et des 4 ½ à près de 1000 $.

Autre signe que le taux d’inoccupation global est très faible à Saint-Jean-sur-Richelieu : les 654 appartements construits entre juillet 2018 et juin 2021 sont tous occupés, malgré un loyer mensuel moyen de 1234 $.

Autres variables
En outre, le taux de rotation, c’ est-à-dire le pourcentage de locataires qui déménagent, est passé de 13,4 % à 10,4 %. «C’est un autre signe. Quand les taux d’inoccupation sont faibles, les gens sont moins enclins à déménager par crainte de ne pouvoir retrouver un appartement», enchaîne M. Cortellino.

Le solde migratoire du Haut-Richelieu est une autre variable à prendre en compte. Depuis trois ans, en moyenne, 1022 personnes emménagent chaque année dans la région et parmi elles, il y a des locataires. Enfin, le nombre de logements construits est relativement faible. En un an, 161 portes ont été ajoutées au parc locatif johannais.

Listes d’attente
Sur le terrain, deux propriétaires de logements interrogés par Le Canada Français confirment que la situation du marché locatif est précaire.

«J’ai une liste de personnes qui veulent louer un appartement. J’ai même une dame qui m’a envoyé une lettre de présentation. Elle se promenait dans le quartier et elle m’a écrit qu’elle aimerait habiter dans ce genre de logements. C’est fou ! Je ne pensais jamais vivre ça un jour», raconte Serge Leclerc, propriétaire de 32 unités réparties dans six immeubles.

Kristofer Duval, propriétaire de l’entreprise Le Gestionnaire, souligne que tous les appartements, autant les siens que ceux dont il s’occupe pour d’autres propriétaires, sont occupés. Il gère plus de 500 portes.

«Quand il y en a un qui se libère, il se reloue aussi vite, peu importe la gamme», dit-il. Ce dernier compte une liste d’attente d’une dizaine de noms pour un seul immeuble situé à Iberville. Il n’en tient pas pour les autres. «Le téléphone sonne même si aucun appartement n’est affiché», enchaîne Kristofer Duval.

Déménagements
Kristofer Duval observe que le taux de rotation des locataires est beaucoup moins élevé cette année. Même pour ceux dont le logement, construit dans les cinq dernières années, fait l’objet d’une hausse de loyer de 5 à 10 %. «Les augmentations de prix, la pénurie de logements et la hausse des valeurs des maisons ont été très médiatisées. L’an passé, les gens avaient l’impression qu’ils avaient le choix. Cette année, ils sont conscients qu’il y a peu d’offres sur le marché», dit-il.

Et dans les logements plus abordables, les déménagements sont encore moins nombreux. «Les locataires qui quittent, c’est parce qu’ils ont une raison précise, par exemple l’achat d’une maison ou le besoin d’un plus grand appartement», note M. Duval.

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