L’abolition du Service de police accueillie froidement

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Par Valerie Legault
L’abolition du Service de police accueillie froidement
(Photo : Le Canada Français - Archives)

Des 33 services de police existants au Québec, il n’en resterait que 13 dans toute la province. Voilà l’une des principales recommandations du Comité consultatif sur la réalité policière, qui a déposé cette semaine son rapport final. Saint-Jean-sur-Richelieu en ferait les frais puisqu’il est proposé de faire basculer son territoire sur celui de la Sûreté du Québec.

Le Comité consultatif sur la réalité policière suggère de revoir la carte policière du Québec pour mieux répondre à des formes de criminalité qui ont énormément évolué et qui requièrent plus de ressources, comme la cybercriminalité et la pornographie juvénile.

Les Services de police de Montréal, Québec, Longueuil, Laval et Gatineau demeureraient inchangés. Deux nouveaux services seraient créés pour englober les municipalités de la couronne nord et celles de la couronne sud de Montréal. Le territoire de Saint-Jean-sur-Richelieu ne ferait pas partie de celui de la Rive-Sud et serait plutôt transféré à la Sûreté du Québec.

Un non-sens, répond David Morin-Gagnon, vice-président de la Fraternité des policiers et policières de Saint-Jean-sur-Richelieu. Sans vouloir critiquer le travail de ses confrères de la Sûreté du Québec, il soutient que «les services de la SQ seraient inappropriés pour une ville de 100 000 habitants».

David Morin-Gagnon, vice-président de la Fraternité des policiers et policières de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Pas de panique
Le policier ne s’alarme pas des recommandations du rapport. «Elles ne sont même pas chiffrées. La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, reconnaît que la carte policière est l’enjeu le plus délicat du rapport. Elle ne sera pas modifiée à court ni à moyen terme. Avant d’y toucher, il va falloir consulter les municipalités, les syndicats et les services de police», résume-t-il.

Le directeur du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu, André Fortier, siège au conseil d’administration de l’Association des directeurs de police du Québec. Celle-ci a déposé un mémoire au Comité consultatif. L’Association s’est donné pour mot d’ordre de réagir après les élus et les directions générales des municipalités. M. Fortier n’a pas commenté le rapport au moment d’aller sous presse.

L’abolition du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu a suscité des réactions à l’Hôtel de Ville. «On a été plutôt étonnés, plutôt surpris de cette recommandation, d’affirmer le maire Alain Laplante pendant la séance du conseil du 25 mai. De prime abord, il n’y a personne à Saint-Jean-sur-Richelieu qui est d’accord avec cette recommandation.

Long processus
«Nous tenons à notre Service de police, poursuit-il. Ce n’est pas parce que le gouvernement fait une recommandation que ça va automatiquement se faire. C’est un long processus de consultations qui va avoir lieu. Il faut savoir que les gens qui sont actuellement desservis par la SQ ne sont pas satisfaits par la présence policière. Un service municipal donne une plus grande flexibilité.» Le maire ajoute qu’il en sera question au comité plénier et qu’une résolution sera possiblement adoptée en juin.

La conseillère du district 1, Mélanie Dufresne, abonde dans le même sens. «Il y a eu une recommandation de fusionner avec la SQ. Ce n’est pas fait. Par contre, ça m’inquiète pour une économie d’argent. Je ne veux pas économiser de l’argent sur la sécurité des citoyens, surtout au centre-ville. Je vais me battre pour préserver notre corps de police en ville», affirme-t-elle.

Des chiffres
Le Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu compte 105 policiers. Son budget est chiffré 26 913 668$ en 2020, selon le dernier rapport financier consolidé de la Ville.

La Loi sur la police n’a pas été revue depuis 20 ans. Or, le portrait de la criminalité a bien changé depuis le tournant des années 2000. Entre 2009 et 2019, les crimes contre la propriété ont diminué de 45% au Québec. En revanche, les crimes contre la personne représentaient 32,9% des dossiers faisant l’objet d’une enquête en 2019.

Les plaintes pour des infractions à caractère sexuel, de harcèlement et de violence conjugale sont à la hausse. Il en va de même pour toutes les interventions liées aux populations vulnérables, dont celle avec des problèmes de santé mentale.

La montée en force de la cybercriminalité soulève d’importants enjeux de capacité et d’efficacité, souligne le Comité consultatif. Par exemple, les vols d’identité et le trafic de renseignements sont en hausse de 64% depuis 2015.

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Pierre Meloche
Pierre Meloche
2 années

A st jean a part d’etre expert en contravention avec voiture fantome, les cas majeurs sont déjà transférés a la sureté du Québec, un autre super gaspillage de taxes

Jacques
Jacques
2 années

Parfait on serait mieux servi par la surey