La Résidence Chartwell Oasis reçoit enfin ses vaccins

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Par Valerie Legault
La Résidence Chartwell Oasis reçoit enfin ses vaccins
Aline Fournier a été la première résidente à recevoir sa dose du vaccin contre la COVID-19. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Il y avait de la fébrilité dans l’air en ce matin du vendredi 12 février. Depuis le temps qu’ils l’attendaient, les locataires de la Résidence Chartwell Oasis ont enfin reçu leur vaccin contre la COVID-19. Le Canada Français a eu accès aux coulisses de cette opération réglée au quart de tour.

Après une tentative de vaccination le 15 janvier, puis le 10 février, cette fois-ci est la bonne. Dix vaccinatrices du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre se sont présentées à 8 heures à la résidence pour aînés de la rue Stéfoni. Des agents de sécurité les attendaient dans le hall d’entrée. «Ils ne doivent pas lâcher le vaccin des yeux», explique Véronique Girard, directrice des soins de l’Oasis. Toute la journée, ils suivront pas à pas les équipes de vaccination pour ne pas perdre de vue le précieux liquide.

La responsable de la campagne a passé la semaine entière à planifier la vaccination. Au total, 251 résidents ont signé une autorisation pour recevoir leur première dose. Une cinquantaine d’entre eux l’ont refusée.

Aline Fournier fait partie de ceux qui attendaient le vaccin avec impatience. Nous la rencontrons dans une salle communautaire de la résidence où ne subsistent que deux tables et quelques chaises. Tous les meubles sont entassés dans un coin, signe qu’on n’y tient plus de rassemblement depuis longtemps.

Porte à porte
De l’autre côté du mur, on entend les infirmières s’activer dans la bonne humeur. Pour éviter les rassemblements et les files d’attente, les équipes vaccineront les résidents sur le pas de leur porte. Des surveillants resteront près d’eux jusqu’à 15 minutes après l’injection pour observer s’il y a des réactions indésirables.

«Avant, il y avait toujours plein de monde partout, dit Mme Fournier. Ça circulait beaucoup dans la résidence. Aujourd’hui, toutes les décorations ont été enlevées par précaution. C’est comme un monastère!» Celle qui habite à l’Oasis depuis 17 ans ne s’en plaint pas. Immunosupprimée, elle craint la COVID-19 comme la peste.

À 85 printemps, l’ancienne directrice d’école a plusieurs souvenirs qui lui rappellent l’importance de la vaccination. Sa génération a vu les ravages de la poliomyélite. «On a arrêté de se baigner dans le Richelieu pendant plusieurs étés à cause de la polio. On pensait qu’on pouvait l’attraper dans l’eau. Une de mes compagnes du pensionnat en est morte», raconte la dame originaire de Lacolle.

Choléra
En recevant sa dose, la première vaccinée de la Résidence Oasis a eu une pensée pour son arrière-grand-mère irlandaise. Son aïeule a fui une autre épidémie, celle du choléra. Elle n’avait que 4 ans lorsqu’elle a quitté son pays d’origine par bateau, vers 1830. Avec sa mère, elle a atterri à Saint-Valentin plusieurs semaines plus tard. Il ne manquait que son frère, que le choléra a emporté pendant la traversée de l’Atlantique.

«As-tu pensé à la misère qu’ils ont vécue?, nous demande-t-elle. Et ici, on m’offre de prévenir la maladie! Quand on est bien renseigné, ça nous aide à avoir un bon jugement.» Il faut dire que Mme Fournier a accès à une source d’information privilégiée. L’une de ses deux filles est médecin-conseil à la Direction de santé publique de la Montérégie et directrice de la recherche au CISSS de la Montérégie-Centre.

L’arrivée du vaccin représente un signal d’espoir pour bien des aînés. «Les gens avaient hâte. Pour eux, c’est un signe qu’ils vont peut-être finir par voir leurs proches éventuellement», commente la directrice des soins, Véronique Girard.

En chair et en os
Aline Fournier rêve au jour où elle pourra serrer ses deux filles, ses deux petits-enfants ainsi que ses deux arrière-petits-enfants dans ses bras. La dernière fois où elle les a vus en chair et en os remonte à l’automne. «On s’est fait des bye bye», dit-elle simplement.

Il lui faudra encore patienter un peu. La Résidence Oasis lutte contre une éclosion de COVID-19 qui s’est manifestée deux jours seulement après la vaccination des résidents. Trois personnes ont été déclarées positives au virus.

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