La maison Bouthillier accueille une quinzaine d’usagers

Camille Vanderschelden 
cvanderschelden@canadafrancais.com

La maison Bouthillier accueille une quinzaine d’usagers
La maison Bouthillier a officiellement ouvert ses portes aux usagers, le 2 avril dernier. (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau))

La maison Bouthillier est désormais ouverte et fonctionnelle. L’organisme Actions Dépendances y a officiellement déménagé ses pénates le 2 avril dernier. La maison patrimoniale, devenue ressource d’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance, accueille déjà une quinzaine d’usagers. 

Après moult rebondissements dans le chantier de rénovation, comme en juin 2023 avec l’abandon du projet de mécénat par Georges Coulombe face à l’explosion des coûts, la demeure patrimoniale achève finalement son ravalement de façade. Le 2 avril dernier, la maison Bouthillier a ouvert ses portes à sa clientèle.

Les travaux sont désormais terminés à l’intérieur de la résidence, qui accueille déjà une quinzaine d’usagers. Tout y a été refait (lambris, fenêtres, système électrique…) : seuls la rambarde d’escalier et les planchers d’origine ont été conservés et restaurés au sein de la bâtisse. La rénovation de la maison Bouthillier sera complétée dans les prochaines semaines par les travaux de terrassement, de peinture extérieure et d’aménagement paysager. 

L’organisme Actions Dépendances y loge désormais sous un bail emphytéotique d’une durée de 25 ans. Lynda Villeneuve, directrice d’Actions Dépendances, explique toutefois que des négociations sont en cours : la Ville souhaiterait en effet faire don du bâtiment à l’organisme. Cette cession d’immeuble viendrait avec un droit de premier refus, permettant à la Ville de récupérer la maison patrimoniale si Actions Dépendances venait à s’en départir. 

Fonctionnement 

Actions Dépendances offre un hébergement à court terme au sein de la maison Bouthillier, pour les personnes en situation d’itinérance. La clientèle vient du territoire du Haut-Richelieu et de la MRC de Rouville (comprenant les villes de Chambly et Carignan) : elle est composée à 60% d’individus ayant des enjeux de dépendance et/ou de santé mentale.  

Les usagers ont en général trois semaines à un mois pour bénéficier des ressources de l’organisme afin de se reloger. La maison Bouthillier offre ainsi six lits pour femmes et huit lits pour hommes, auxquels s’ajouteront bientôt six lits climatiques (fermés pour l’heure, par manque de subvention). Ces derniers viseront à accueillir les usagers le temps d’une nuit, lors de conditions météorologiques extrêmes (tempête de pluie, de vent ou de neige, grandes chaleurs et grands froids). 

Deux lits de dégrisement s’ajouteront à la liste en 2024. Lynda Villeneuve se veut rassurante : Actions Dépendances ne gère que les cas d’intoxication légers à modérés. Quelque 9 intervenants psychosociaux et 5 agents de sécurité font tourner la maison Bouthillier 24 heures sur 24. 

La cohabitation hommes-femmes se déroule très bien, selon Lynda Villeneuve. Les femmes sont logées dans le grenier, fermé par un accès sécurisé via lequel elles sont accompagnées par un agent psychosocial. Les hommes logent quant à eux au deuxième étage. Les usagers n’ont pas accès à leurs chambres durant la journée afin qu’ils restent actifs et se socialisent. 

Itinérance 

En 2023, ce sont 350 personnes qui ont appliqué pour un hébergement via Actions Dépendances, dont 144 ont été refusées par manque de place (et dont 43 étaient des femmes en situation de violence conjugale). 

L’organisme a admis 192 individus dans sa ressource l’an passé, sur lesquels 109 ont été relogés. Actions Dépendances fait face à une forte demande, plus grande que ce que la seule ressource d’hébergement temporaire à Saint-Jean-sur-Richelieu est capable de gérer. L’autre enjeu pour ses usagers : garder le logement trouvé avec un maigre chèque d’aide sociale s’élevant à 760$ par mois (une chambre à louer s’élève actuellement à environ 800$ par mois). 

En outre, Lynda Villeneuve témoigne d’une tendance à la hausse. « Le portrait de l’itinérance change, car le niveau de vie dégringole. Parfois, il suffit d’un mauvais épisode pour tout perdre. Ce ne sont pas seulement des enjeux de consommation ou de santé mentale. Les gens s’appauvrissent de plus en plus et les loyers sont de moins en moins abordables », explique la directrice de l’organisme communautaire. 

Les cas plus graves (relevant de grosse consommation ou de cas de schizophrénie par exemple) auparavant connus par Actions Dépendances, laissent donc place à plus de profils de « monsieur et madame Tout-le-Monde ». Pour Lynda Villeneuve, cette tendance est par ailleurs amenée à s’empirer avec le phénomène de rénoviction. 

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