La détresse psychologique ne faiblit pas dans la région

Par Marie-Pier Gagnon
La détresse psychologique ne faiblit pas dans la région
(Photo : Deposit)

Malgré la période estivale et le déconfinement, la pandémie de COVID-19 n’offre pas de répit au Centre de crise et de prévention du suicide du Haut-Richelieu Rouville qui a mené, entre le 1er avril et le 17 juillet, 7354 interventions auprès de personnes en détresse. Une statistique qui demeure largement supérieure à la normale, fait-il préciser.

« On a eu l’impression que ça s’était calmé, mais on a fait les statistiques et on se rend bien compte qu’on est au même niveau que l’an passé. Le déconfinement n’a pas eu d’impact. On ne sent pas l’accalmie habituelle de l’été », explique d’emblée la directrice générale du Centre de crise et de prévention du suicide du Haut-Richelieu – Rouville (CCPSHRR), Myriam Lafond.

La clientèle qui fait appel aux services de cet organisme demeure aussi variée qu’au début de la pandémie avec des gens de tous les âges, de tous les horizons professionnels et de toutes les classes sociales.

On sent encore beaucoup d’anxiété dans les propos, mais surtout beaucoup d’irritabilité qui contribue à créer des tensions au sein même des familles et des cercles sociaux.

Relâcher la pression

« Les gens ne sont plus capables d’absorber rien. Ils sont irrités à la moindre chose. Un rien devient difficile à gérer », explique Mme Lafond. Cette dernière constate d’ailleurs que la bienveillance tant envers soi-même que les autres semble loin dans le cœur des gens.

«Il faut être patient envers soi-même. Il faut accueillir les émotions pour enlever une pression. La colère est saine, mais on ne se la permet pas », dit-elle.

Une pression qui n’est toutefois pas sur le point de disparaître avec l’annonce de cette quatrième vague automnale qui amène avec elle son lot d’incertitudes. À cet égard, l’équipe en place gère la situation un jour à la fois, s’adaptant à la demande et à la détresse des gens qui ne s’apaise pas malgré le temps qui passe. « Chacun s’adapte à son rythme », de rappeler Mme Lafond.

Demander de l’aide

Il y a néanmoins une bonne nouvelle à tirer de la situation. Le tabou de la santé mentale se dissipe tranquillement. « Les gens demandent de l’aide. C’est nouveau. Ils savent qu’ils ne sont pas faibles d’être dans cet état-là. Quelqu’un de fort, ce n’est pas quelqu’un qui n’a pas besoin d’aide. C’est quelqu’un qui est capable d’aller en chercher», mentionne la directrice générale.

Selon les statistiques auxquelles a accès le Centre de crise, les suicides ne seraient pas en hausse dans la région. C’est d’ailleurs important de le préciser.

Sur le terrain, les tentatives semblent toutefois plus nombreuses. Un fait qu’explique Mme Lafond par une meilleure communication entre les organismes, le service de police et le milieu de la santé. « Avant, beaucoup de tentatives passaient sous le radar. Elles étaient là, mais on n’était pas au courant», dit-elle.

En parler

À ses yeux, il est d’ailleurs important de continuer d’en parler même si le sujet est sensible. Une souffrance, affirme-t-elle, ne devrait jamais être tabou.

Elle se réjouit d’ailleurs de voir que malgré la pénurie de main-d’œuvre actuelle, elle continue de recevoir des candidatures de gens « intéressants et intéressés » souhaitant joindre son équipe d’intervention. Un signe qui témoigne bien de cette volonté de changement dans la communauté.

Il est important de rappeler que les services du Centre de crise et de prévention du suicide du Haut-Richelieu-Rouville sont disponibles sept jours par semaine, 24 heures par jour. Pour joindre un intervenant, il suffit de composer le 1 866 APPELLE. L’organisme offre également un service d’hébergement de crise, de l’intervention clinique ainsi que des formations pour la communauté. Pour plus d’information, visitez le www.ccpshrr.ca.

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