Dans la classe de Félix Touchette, c’est en boxant qu’on apprend les tables de multiplication et les mots de vocabulaire.
Tous les jours, les élèves de sa classe de cinquième année de l’école Saint-Eugène prennent plaisir à enfiler les gants pour tester leurs connaissances.
Par ce jeudi après-midi, dans cette classe décorée aux couleurs de La guerre des étoiles, les élèves s’activent. Ceux qui ont les mitaines d’entraineurs dans les mains posent des questions à leur partenaire à partir de leurs feuilles d’étude. Celui-ci répond tout en frappant avec ses gants de boxe.
À l’avant, une fille regarde la liste de mots de vocabulaire de la semaine en réfléchissant. «Compter», dit-elle en montrant à son amie ses mitaines positionnées bien droites. «Compter, C-O-M-P-T-E-R», répond celle-ci, en assénant un coup sur les cibles tendues chaque fois qu’elle prononce une nouvelle lettre.
Un peu plus loin, un autre groupe a décidé de maîtriser les multiplications. L’élève doit cette fois-ci enchaîner le nombre d’uppercuts correspondant à la réponse. Au bout de quelques minutes, les rôles sont échangés.
Étudier
La classe de Félix Touchette pratique la boxe depuis le mois de septembre. Les élèves s’y adonnent quotidiennement à raison de quinze minutes à la fin de chaque jour. Le projet est né d’un constat que certains enfants n’étudiaient pas assez à la maison.
«Pourtant, ça fait une énorme différence s’ils le font à la maison, insiste l’enseignant. Dès qu’ils maîtrisent leurs tables de multiplication, ça fait une énorme différence en mathématiques. Malheureusement, trop d’élèves ne les connaissaient pas encore et ça joue sur leur parcours scolaire. Je voulais trouver une façon de les motiver.»
Pour rendre l’étude ludique, l’enseignant avait au départ pensé à la corde à danser. Puis, en tombant sur une annonce d’une personne qui vendait du matériel de boxe à moindre coût, l’étincelle est née. Avant de s’exercer, l’enseignant a montré à ses protégés la manière correcte de frapper et de manier les mitaines. En classe, les jeunes y portent d’ailleurs une attention particulière.
«Félix avait ciblé un besoin pour ses élèves, raconte la directrice Christiane Fleury, qui constate que le projet a amené de la vie dans l’école. Je lui fais pleinement confiance. Quand il m’en a parlé, je lui ai dit d’aller de l’avant et qu’on s’en reparlerait dans quelques semaines. Si c’était efficace, on continuerait. Finalement, il a même donné de l’ampleur à son projet.»
Impacts
Cette routine quotidienne a eu l’effet de canaliser l’énergie des jeunes, observe l’instigateur du projet. Sachant qu’ils pourront bientôt s’amuser, les élèves sont plus concentrés en classe. L’activité leur a également donné confiance en eux.
Mais cela a-t-il eu un impact sur les notes ? Oui, tranche l’enseignant. «Si on n’avait pas ça, il y aurait quand même une majorité de jeunes qui connaitrait ses multiplications, mais pour une minorité, c’est ce petit coup de pouce donné dans la classe qui fait une différence pour eux.»