Fritznel Mertyl, un prêtre au parcours atypique

Marianne Lafleur mlafleur@canadafrancais.com

Fritznel Mertyl, un prêtre au parcours atypique
Au moins 600 personnes étaient rassemblées à la cathédrale Saint-Jean-l'Évangéliste pour assister à l'ordination de Fritznel Mertyl, le 3 mai dernier. (Photo : (Photo Le Canada Français - Karl-Emmanuel Barriere))

Fritznel Mertyl est devenu prêtre pour le diocèse de Saint-Jean- Longueuil à la cathédrale Saint-Jean- l’Évangéliste le 3 mai dernier. Natif d’Haïti, il a habité les villes de New York et Montréal avant de s’installer à Saint-Jean-sur-Richelieu. À 41 ans, il entame son mandat avec enthousiasme et fierté.

Fritznel Mertyl avait 8 ans lorsqu’il a vu un prêtre pour la première fois. « Maman, c’est quoi ça? », se rappelle-t-il avoir demandé à sa mère en voyant un homme porter une longue robe au marché public du centre-ville. Bien que la famille de M. Mertyl soit catholique, elle recevait très rarement la visite d’un prêtre, car elle habitait en campagne, à Boucan-Carré, une commune d’Haïti.

Sa mère lui a alors expliqué ce qu’était un prêtre et a amené Fritznel Mertyl à l’église pour qu’il puisse assister à une messe. Depuis, son intérêt envers la religion catholique s’est éveillé et ne s’est jamais éteint. M. Mertyl raconte que lorsqu’il était avec ses frères et sœurs, il tentait même d’imiter et de reproduire ce que le prêtre faisait.

« Et chaque soir, avant de dormir, ma maman me demandait de nous mettre à genou pour prier devant son lit. Et le matin également, on priait ensemble. Elle m’a appris à réciter le chapelet. Ma maman a nourri ma vocation », explique-t-il.

De New York à Saint-Jean

Après avoir terminé ses études classiques, Fritznel Mertyl étudie en philosophie, puis en théologie au Grand Séminaire Notre-Dame à Port-au-Prince en Haïti. « En même temps, j’étudiais en communication, en journalisme, parce que je n’avais pas vraiment de famille à Port-au-Prince. Je profitais de mes congés pour aller à des cours », raconte-t-il.

En 2016, à l’âge de 33 ans, il part faire un stage à New York dans le but de vivre une expérience à l’étranger. Il doit cependant reprendre certaines années de théologie, car ses crédits ne sont pas tous reconnus.

Il étudie pendant deux ans en management et en théologie à New York, mais la situation fragile des immigrants sous Donald Trump fait en sorte qu’il ne réussit pas à faire valider ses crédits et à obtenir son visa d’étudiant. Il prend donc la décision de venir à Montréal, où il complète une maîtrise en théologie pratique. 

Enfin, il consultera les différents diocèses et décidera de postuler au diocèse de Saint-Jean-Longueuil. Il mentionne avoir été charmé par les valeurs de son personnel. « Et le fonctionnement du diocèse de Saint-Jean-Longueuil ressemblait beaucoup à celui de New York », ajoute-t-il.

Célébration

« Je me sens content et vraiment joyeux parce que j’ai parcouru 17 ans de formation depuis Haïti, en passant par New York, en arrivant à Montréal, pour finalement finir à Saint-Jean-sur-Richelieu. J’ai connu toutes les situations possibles et inimaginables, donc de voir tout ce beau monde qui m’a supporté durant mon parcours, qui priait pour moi et qui était présent pour moi le 3 mai, c’est une bénédiction », exprime M. Mertyl.

Parmi les centaines de gens présents, il a reconnu des amis, des connaissances et des prêtres. Il se réjouit d’ailleurs de la diversité générationnelle et culturelle des individus qui ont assisté à la célébration.

« Des hommes et des femmes de tout âge qui venaient d’un peu partout étaient là », note-t-il. L’évêque émérite de New York, Nicholas DiMarzio, lui a d’ailleurs fait l’honneur de sa présence.

Mandat

Maintenant qu’il a obtenu le titre de prêtre, M. Mertyl se dit enthousiaste « de pouvoir servir les hommes et les femmes d’aujourd’hui et de demain ». Il pourra leur apporter des réponses à leurs questionnements et les accompagner dans les différentes situations de leur vie.

Il peut aussi célébrer la messe, entendre les confessions, donner les derniers sacrements aux malades, baptiser les enfants et célébrer les funérailles.

« C’est pour moi une joie extraordinaire. Je suis très content d’être un prêtre pour le diocèse de Saint-Jean-Longueuil, un diocèse qui est proche des gens, qui aime les gens et qui valorise la place de la femme dans la société », conclut-il.

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