Forte hausse des vols à l’étalage dans les épiceries

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Par Valerie Legault
Forte hausse des vols à l’étalage dans les épiceries
Daniel Saint-Jean est propriétaire du IGA situé au Carrefour Laplante dans le secteur Iberville. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Le vol à l’étalage continue d’être la principale bête noire des épiciers. Il ne se passe pas une semaine sans qu’ils n’en soient victimes. Avec le prix des aliments qui augmente, «même les gens qui n’ont jamais volé se laissent tenter», observe Daniel Saint-Jean, propriétaire du IGA Marché Laplante.

Malgré l’ampleur du fléau que dénoncent les épiciers, le nombre de plaintes pour vols de nourriture et d’alcool demeure stable en 2022 à Saint-Jean-sur-Richelieu. Le Service de police a répondu à 22 appels entre le 1er janvier et le 31 décembre. L’intervention des policiers a mené à neuf arrestations.

Du mois de février 2021 au mois de février 2022, 34 vols à l’étalage avaient été dénoncés aux patrouilleurs, dont 20 dans les marchés d’alimentation. «Des plaintes sont surtout déposées lorsque la valeur des biens volés est élevée», avance l’agente Stéphanie Nolin, du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le vol à l’étalage a fait l’objet de divers reportages, entrevues et chroniques dans les médias cet hiver. Dans le Journal de Montréal, on apprend que la chaîne Walmart songe même à fermer des magasins aux États-Unis tellement les pertes sont élevées.

À l’insu des employés

Les statistiques du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu démontrent que plusieurs vols se déroulent à l’insu des employés. Ce que confirme Yan Gladu, copropriétaire de trois épiceries dans les secteurs Saint-Jean et Saint-Luc.

«Nous n’en pinçons même pas le tiers, croit-il. Les voleurs savent quand venir et comment procéder.» Pour tenter de dissuader les voleurs, le commerçant a embauché un inspecteur qui sillonne incognito les allées de ses trois succursales. Il n’avait jamais eu recours à ce stratagème depuis qu’il est en affaires. «Il est clair que les vols à l’étalage ont augmenté, observe-t-il. L’inflation et le prix des aliments créent de la pression sur les clients. Ils prennent des chances.»

Daniel Saint-Jean, lui, appelle systématiquement la police quand un voleur est épinglé. La réponse n’est pas toujours rapide, convient-il, mais les agents de la paix ne tardent jamais à se pointer quand monte le niveau d’agressivité.

Affiches

Le marchand qui a pignon sur rue au Carrefour Laplante avait pourtant installé des affiches sur les colonnes de son magasin pour décourager les voleurs. Elles n’ont pas réussi à les éloigner.

L’hiver est la saison la plus active pour les vols à l’étalage. «C’est la saison des gros manteaux et des sacoches qui recommence. Ce n’est pas facile. Il y en a beaucoup qu’on ne réussit pas à attraper», laisse tomber M. Saint-Jean. Sans surprise, les produits les plus chers comme la viande et les fromages fins sont les aliments qui sont le plus souvent dissimulés avant de passer à la caisse.

Surprendre des voleurs la main dans le sac relève presque du hasard. «Souvent, c’est de la chance. Ça arrive rarement quand tu les suis», dit-il. Il est fréquent que le commerçant intervienne lui-même après la commission du vol. Il arrive aussi que des clients lui signalent le comportement criminel.

Inévitable

Les commerces de grandes surfaces sont voués à être la cible des vols à l’étalage, croit Daniel Saint-Jean. Même la présence d’un agent de sécurité à l’entrée du magasin ne suffit pas à éloigner les voleurs. Yves Dubé peut aussi en témoigner. Le propriétaire des Escomptes Saint-Jean a beau avoir embauché un surveillant à l’entrée de son magasin, rien n’y fait.

«Les vols à l’étalage surviennent constamment, dit le commerçant établi sur la rue Saint-Jacques. On est plus vigilants, mais il y en a qui sont très rapides. On n’a même pas le temps de les voir agir.» M. Dubé remarque que les vols à l’étalage sont la plupart du temps commis par des particuliers. Des clients auraient aussi vu des voleurs écouler la marchandise du magasin à moitié prix sur le marché noir.

L’épicerie Maxi et compagnie, sur le boulevard Omer-Marcil, a opté pour une autre solution. Les chariots seront bientôt tous équipés d’un système de roues autobloquantes. Les consommateurs sont bien avertis que ceux-ci peuvent s’arrêter subitement de rouler à la sortie du magasin ou aux limites de son terrain.

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