Éric Fournier, l’ancien directeur général de Tourisme Montérégie dont la poursuite de 3 M$ envers son ancien employeur et ses anciens employés a été déclarée abusive, rejette le jugement et martèle qu’il a été victime de diffamation.
Le Johannais Éric Fournier poursuivait l’organisme, cinq employés et des administrateurs pour atteinte à sa réputation. Dans un jugement de 43 pages rendu le 16 janvier, la juge Marie Gaudreau a conclu que les procédures judiciaires n’étaient pas fondées et étaient abusives, en plus de permettre à certains défendeurs de réclamer à Éric Fournier des dommages-intérêts compensatoires et punitifs.
L’homme avoue qu’il espérait un jugement en sa faveur. « Tout s’est arrêté le 16 janvier. Mon seul espoir que j’avais, c’était le règlement. Je me bats pour défendre mon intégrité professionnelle », dit-il en entrevue avec Le Canada Français .
« Le jugement est calomnieux. Je n’ai pas de revenu et la juge permet de me poursuivre en dommages. Cette partie-là du jugement est complètement sotte et sordide comme tout le reste », avance Éric Fournier.
Pas d’appel
M. Fournier souligne qu’il n’en appellera pas du jugement. « Je n’ai pas les ressources pour vivre jusque-là ni les frais de 30 000 $ reliés à l’appel. Et je n’ai plus confiance en la justice », ajoute-t-il. Il allègue avoir dépensé près de 100 000 $ en frais d’avocat et que les cinq dernières années sans salaire l’ont forcé à prendre les 400 000 $ d’économies qu’il avait en plus d’ajouter une hypothèque de 125 000 $ sur son condo.
« Ça a détruit ma santé, ma vie personnelle, ma vie professionnelle et ça m’a ruiné, enchaîne-t-il. Je n’ai toujours pas de job et je suis accusé de choses qui sont fausses. »
Modifications
La juge Gaudreau souligne aussi qu’Éric Fournier a multiplié les procédures à caractère exploratoire en plus d’avoir modifié ou ajouté plus de 150 paragraphes à sa requête initiale. Cette dernière a été modifiée à quatre reprises.
En cours de procédures, il a poursuivi jusqu’à 11 personnes différentes et la réclamation totale est passée de 320 000 $ à 3 590 570,10 $, puis à 3 051 614,16 $ en salaire perdu, en dommages punitifs et pour rembourser ses honoraires extrajudiciaires.
Éric Fournier mentionne qu’il ne faisait que réagir aux nouveaux éléments qu’il découvrait. « La juge ridiculise que j’ai modifié la requête, mais on s’est ajusté aux événements », se défend Éric Fournier.
Lettre et rapport
Ce litige a commencé le 12 janvier 2014 lorsqu’une lettre anonyme, contenant une trentaine d’allégations contre Éric Fournier, a été transmise aux administrateurs de Tourisme Montérégie.
Quelques jours plus tard, il a été suspendu avec solde, tandis qu’un consultant externe a été embauché pour mener une enquête interne. Au terme de ce processus, deux options se sont présentées à Éric Fournier : se faire renvoyer ou démissionner. Il a choisi cette dernière en signant une entente de départ.
Éric Fournier rapporte que le document produit par le consultant externe faisait notamment état qu’il n’avait aucune aptitude en gestion des ressources humaines ni en relations interpersonnelles. Il réfute ces conclusions, rappelant qu’il a œuvré pendant près de 12 ans pour Tourisme Montérégie.
« C’est du mensonge. C’est détruire ma réputation », poursuit M. Fournier. Pour prouver son point, il avance qu’il a présidé son association étudiante, son association de copropriétaires en plus d’avoir été capitaine d’équipes sportives.
« J’ai aussi réussi à mobiliser 125 bénévoles pour la Coupe Dix30. Comment est-ce que je défends ça que je n’ai pas d’habiletés interpersonnelles ? J’ai une fiche de route exceptionnelle et un excellent curriculum vitae. J’ai siégé à une vingtaine de conseils d’administration dans ma carrière. Je ne suis pas un ermite qui vit dans une cabane au Vermont », lance-t-il.
