Le projet de règlement pour encadrer la construction résidentielle dans les quatre lots de la pinède de l’île Sainte-Thérèse suscite la grogne. Cinquante manifestants se sont rassemblés le 19 septembre devant l’hôtel de ville pour demander aux élus de faire marche arrière. Le débat s’est transporté jusqu’à la séance du conseil, tenue le soir même dans une salle comble.
« Changeons le climat! Sauvons nos boisés! » entendait-on scander les manifestants au pied de l’hôtel de ville de Saint-Jean-sur-Richelieu. Le rassemblement organisé par SOS Boisés de la pinède voulait rappeler haut et fort que la décision du conseil municipal d’encadrer le développement dans la pinède va à l’encontre des engagements de la mairesse Andrée Bouchard.
« Elle avait dit vouloir protéger la pinède coûte que coûte. Elle avait même parlé d’en faire un parc naturel », rappelle Carl Soucy, porte-parole de SOS Boisés de la pinède. L’organisme s’inquiète doublement de l’avenir du poumon de l’île Sainte-Thérèse, puisqu’une école primaire pourrait voir le jour dans l’ancien camping Pin Vert. « Ces décisions auront pour conséquence la destruction d’une des dernières pinèdes naturelles du Québec, de la dernière forêt urbaine de Saint-Jean-sur-Richelieu et de leurs milieux humides », souligne-t-il dans un communiqué.
Nuance
La Ville ne donne pas le feu vert au développement résidentiel sur la pinède, puisqu’il est déjà permis, nuance la mairesse suppléante Mélanie Dufresne. Le conseil municipal va plutôt encadrer la construction pour limiter l’empreinte au sol et garder le plus de canopée possible. Ses arguments n’ont pas convaincu les militants dans la salle du conseil, qui sont restés campés sur leurs positions.
SOS Boisés de la pinède qualifie ce projet de « sacrifice ». Selon l’organisme, les élus vont à l’encontre des objectifs fixés lors de la COP15, dont celui visant à augmenter la superficie, la qualité et la connectivité des espaces verts et bleus dans les zones urbaines.
Carl Soucy déplore avoir été écarté des discussions depuis la dernière élection municipale. « On avait mis sur pied un comité sur les boisés d’intérêt avec les députés provinciaux et fédéraux, Tourisme Haut-Richelieu, Parcs Canada et Nature Action Québec pour faire baisser le coût d’acquisition des terrains et trouver des subventions. On a eu trois réunions, puis Andrée Bouchard l’a balayé du revers de la main, déplore-t-il. Depuis deux ans, rien ne bouge. On n’a plus aucun lien avec le conseil depuis que notre conseillère municipale, Jessica Racine-Lehoux, est absente. »
Valeur
Le porte-parole se demande s’il y a eu des approches faites auprès du propriétaire des quatre lots concernés. La Ville a-t-elle tenté de négocier avec lui? Quelle est la valeur réelle des terrains? Pour lui, ces questions demeurent sans réponse. Pourtant, la MRC du Haut-Richelieu a répertorié un milieu humide qui devrait influencer la valeur de ces terrains. Il ajoute que la population est prête à investir massivement pour conserver ses derniers boisés.
« On a des choix financiers à faire si on veut garder une bonne partie de la pinède. On ne peut pas tout garder à tout prix ni arrêter de développer une municipalité, lui répond Mélanie Dufresne. Il faut respecter la capacité de payer de l’ensemble de la population. »
La Ville doit aussi tenir compte de plusieurs autres enjeux comme la crise du logement, l’itinérance et le transport en commun. Il est impératif de trouver un équilibre entre développement en environnement. Elle cite en exemple un projet domiciliaire dans le Haut-Saint-Jacques où quelques acres sont maintenant protégés. « Personne n’est venu faire de piquetage pour ça », dit-elle.
