Des locataires menacés de rénoviction 

Valérie Legault
vlegault@canadafrancais.com

Des locataires menacés de rénoviction 
Michel Lamothe, Gizem Canbay, Yannick Savary-Bouchard, Audrey Lanctôt-Breton, Nancy Savary et Nathalie Sirois ont l'intention de contester leur éviction jusqu'au bout. (Photo : (Photo Le Canada Français - Laurianne Gervais-Courchesne))

Rien ne va plus pour les locataires d’un immeuble de 12 logements de la rue Désaulniers. Peu après la vente de l’édifice à des investisseurs le 1er novembre dernier, les locataires ont appris que la conversion de leurs loyers en condominiums de luxe forcerait leur départ d’ici le 30 juin prochain. Le niveau de stress est à son comble parmi les occupants qui flairent une manoeuvre de rénoviction.

Les locataires n’ont aucunes coordonnées pour rejoindre les nouveaux propriétaires en cas d’urgence. L’automne dernier, la locataire Audrey Lanctôt-Breton et sa belle-mère Nancy Savary, qui habite aussi dans l’immeuble, ont croisé un homme en train d’évaluer les rénovations à faire dans les trois logements vacants de l’édifice.

Celui qui se présentait d’abord comme un entrepreneur indépendant, puis comme l’inspecteur des bâtisses, n’a jamais voulu se nommer. Il les a invitées à communiquer avec David Mimoun, responsable des locataires. Elles n’ont jamais réussi à lui parler. Le Canada Français a aussi tenté de le joindre, sans succès.

Selon le rôle de taxation de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, l’immeuble est la propriété des Investissements P. P. Tremblay. Il y a peu d’informations au Registraire des entreprises, si ce n’est qu’Henry Zavriyev en est le bénéficiaire ultime, avec 75% des droits de vote dans l’entreprise. Ses activités immobilières ont fait l’objet de divers reportages dans les médias montréalais dans les dernières années.

Les locataires de la rue Désaulniers ont appris qu’ils étaient menacés d’éviction le 17 décembre. La tournée de porte en porte dans l’immeuble a créé une onde de choc parmi les locataires. Certains d’entre eux, comme Nathalie Sirois, avaient le même propriétaire depuis 22 ans. Celle qui bénéficie du programme d’aide au logement de l’Office municipal d’habitation Haut-Richelieu voit difficilement comment elle pourra trouver un autre loyer au prix semblable. Son trois pièces et demi se détaille 535$ par mois.

Deux options

Audrey Lanctôt-Breton angoisse depuis cette visite inattendue. « Nous avons donc le choix de ne pas payer les six prochains mois de loyer. Notre déménagement sera aussi couvert par les gestionnaires afin que nous quittions le logement pour la fin juin. » 

« Semblerait-il qu’on ne veut pas s’embarquer dans la deuxième option, poursuit-elle, parce qu’ils vont venir avec des avocats et des huissiers. Si on veut revenir dans nos logements après les travaux, il faudrait payer au-dessus de 3000$ mensuellement pour un loyer qui nous coûtait 700$ auparavant. »

Toutes ces informations ont été communiquées verbalement aux locataires. Aucun d’entre eux n’a signé son accord. Seul l’ancien concierge aurait accepté l’offre des propriétaires. Selon le Tribunal administratif du logement, les propriétaires auraient dû faire parvenir des avis par écrit au plus tard le 31 décembre à leurs locataires, ce qui n’a pas été fait.

Tout porte à croire que les Investissements P. P. Tremblay présument que leur première offre a été acceptée. Plus personne ne vient percevoir les loyers depuis le mois de novembre. Les chèques postdatés ne sont plus encaissés.

« C’est du stress pour tout le monde, lâche Audrey Lanctôt-Breton. Le contrat de déneigement n’a pas été renouvelé pour l’hiver. On doit se relayer pour pelleter le stationnement. Pour combien de temps encore n’aurons-nous aucun service? Au moins, les poubelles sont encore ramassées! »

Solidaires

Sa belle-mère et elle ont décidé de prendre les choses en main pour l’ensemble des locataires. Nancy Savary a décidé de se battre au nom de son fils autiste. « J’ai seulement changé d’appartement dans le même immeuble et ça a été extrêmement difficile », dit-elle.

Elles ont ouvert un dossier sur les Investissements P. P. Tremblay au Tribunal administratif du logement. Tous les locataires rencontrés par le journal ont mis l’argent de leur loyer de côté. Ils se sont donné comme mot d’ordre de rester solidaires et de résister à l’éviction coûte que coûte.

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Guylaine
Guylaine
3 mois

Je vous comprend nous sommes invinci par la ville ont doit quitter pas facile de trouver un logement les prix sont fou