Les policiers de Saint-Jean-sur-Richelieu appliquent systématiquement le couvre-feu imposé pour casser la deuxième vague du coronavirus. Au cours des trois premières nuits seulement, les patrouilleurs ont procédé à 680 interceptions. Vingt-six citoyens ont reçu une amende salée pour s’être trouvés à l’extérieur de chez eux sans raison valable.
«Je suis étonné du nombre de mouvements, avoue Jean-François Robert, inspecteur de la Division patrouille et surveillance au Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu. Nous avons encore eu 200 interceptions la nuit dernière (11 janvier). Ce qui me rassure, c’est qu’il y a une baisse des déplacements.»
Plus des deux tiers des interceptions ont été réalisées au cours des deux premières nuits du couvre-feu. Entre le 9 et le 11 janvier, le Service de police a procédé à 485 interceptions, donné 23 constats d’infractions et 20 avertissements. Mardi matin, il faisait état de 680 interceptions, 26 constats et 24 avertissements.
La grande majorité des citoyens interceptés détiennent une pièce justificative. La plupart d’entre eux se rendaient à leur lieu de travail ou en revenaient, nécessitaient des soins de santé, se déplaçaient pour des raisons humanitaires ou pour un travail jugé prioritaire.
Récalcitrants
Bien que la situation soit jugée critique et que le système de santé soit au bord du point de rupture, des récalcitrants s’acharnent à défier le couvre-feu. Ce sont principalement eux qui ont écopé d’un constat d’infraction. «Il y en a encore qui s’y opposent et qui sont indifférents à la pandémie de la COVID-19, constate l’inspecteur Robert. Ce n’est pas la majorité des gens, mais on sait qu’on risque de les recroiser.»
Les policiers avaient les manifestants à l’œil, samedi soir. Une vague de protestation était prévue dans plusieurs villes, dont Saint-Jean-sur-Richelieu. L’appel sur les réseaux sociaux a fait chou blanc.
Personne ne s’est présenté devant l’Hôpital du Haut-Richelieu, ou presque. Les patrouilleurs ont cru apercevoir deux individus auprès de qui ils étaient intervenus juste avant. Ceux-ci étaient entrés dans un commerce sans porter leur masque. Ils ont passé leur chemin quand ils se sont rendu compte de la présence policière.
Fardeau de la preuve
Le décret gouvernemental du couvre-feu stipule qu’une personne est automatiquement en infraction dès qu’elle se trouve sur la voie publique. C’est à elle de démontrer qu’elle a droit à une exemption. Une première offense au couvre-feu est de l’ordre de 1546$, frais afférents inclus. Le principe de la gradation des sanctions s’applique pour toute récidive de déplacement hors du domicile, et peut aller jusqu’à 6000$.
Gare aux pièces justificatives truquées. «Dans le doute, les patrouilleurs peuvent effectuer les vérifications nécessaires pour s’assurer que la personne est autorisée à se déplacer», rappelle Jean-François Robert.
Mission
L’objectif n’est pas de remettre des constats d’infraction à tout prix. «Nous avons des policiers compétents avec un bon jugement qui ont un devoir à accomplir, celui de bien faire saisir aux gens qu’ils doivent rester à la maison», insiste l’inspecteur.
Le soir du samedi 9 janvier, des agents de la paix sont tombés sur une «personne démunie, sans accès à Internet ni cellulaire» qui n’était pas au courant du couvre-feu. Elle a reçu un avertissement sans broncher, tout comme un couple qui promenait son chien après 20 heures. Une personne à la fois peut le faire sortir. Les besoins naturels du chien ne sont pas un prétexte pour faire une marche de santé.