Cadet Roussel lance un projet de ferme communautaire

Daniela Vargas Rojas

drojas@canadafrancais.com

Cadet Roussel lance un projet de ferme communautaire
Anne Roussel, copropriétaire de la ferme Cadet Roussel, est d'avis que le modèle des paniers biologiques de saison n'est plus viable. (Photo : (Photo Le Canada Français - Julien Saguez))

Les dernières saisons ont été chargées d’inquiétudes pour les maraîchers de la région. Non seulement à cause de la météo, mais aussi parce qu’ils peinent à trouver des abonnés pour la vente des paniers de légumes. Cadet Roussel, établie depuis 1974 sur une terre de Mont-Saint-Grégoire, fait malheureusement partie des fermes de la région qui ont dû entamer plusieurs saisons avec un déficit, si bien qu’elle s’est endettée. Pour assurer sa pérennité, l’entreprise maraîchère lance un projet pilote. Elle recherche 300 personnes qui aimeraient devenir partenaires d’un nouveau modèle de ferme communautaire. 

« Ça fait quatre saisons qu’on ne réussit plus à vendre le nombre de paniers nécessaires pour continuer à fonctionner. Tous les ans, on se retrouve à devoir aller chercher des fonds pour démarrer la nouvelle saison. En ce moment, on est au maximum de la capacité d’endettement. Selon un audit réalisé ici à la ferme, on est bien organisés et on fait bien notre travail. La solution que l’auditeur a proposée serait que mon conjoint et moi trouvions un deuxième emploi. C’est insoutenable »,  raconte Anne Roussel, copropriétaire de la ferme Cadet Roussel, dont la terre est protégée à perpétuité par une fiducie d’utilité sociale agroécologique.

Mme Roussel est d’avis que le modèle des paniers biologiques de saison n’est plus viable. Les changements climatiques et les prix de légumes à la baisse fragilisent l’économie des maraîchers. En 2023, les pluies torrentielles ont affecté 60% des champs au Québec, selon un sondage de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Les fermes ont perdu une partie de leur production alors qu’elles vivaient déjà un stress financier. 

Le nouveau concept

L’idée de créer une ferme communautaire est née conjointement avec la ferme Les Bontés de la Vallée située à Havelock, près de la frontière américaine. Le concept est simple : les personnes intéressées deviennent des partenaires de la ferme. Il s’agit d’un changement de paradigme où le concept d’acheteurs et producteurs n’existe plus. 

Les partenaires seront appelés à verser une contribution annuelle selon leurs propres capacités en échange de légumes biologiques. De cette manière, ils contribuent à sauver une ferme de la région avec un montant qui n’est plus déterminé par le prix du marché, mais par le montant total dont la ferme a besoin pour fonctionner pendant une année. 

« La ferme Les Bontés de la Vallée n’était plus capable de produire avec les conditions du marché. Elle a décidé de prendre une pause et de trouver d’autres moyens de production. Les propriétaires ont trouvé des fermes en Allemagne et aux États-Unis qui font de l’agriculture soutenue par la communauté. Les gens soutiennent la ferme en achetant d’avance les légumes, mais après selon la météo, on s’adapte. On veut avoir un vrai soutien de la communauté. On veut que le risque soit partagé », affirme Mme Roussel.  

À cause des changements climatiques et de la production incertaine du nombre total des légumes, les fermes se voyaient souvent obligées d’acheter des légumes ailleurs pour compléter les paniers quand leur propre récolte n’était pas assez bonne.

625 000$

La ferme Cadet Roussel estime qu’elle pourra continuer à fonctionner seulement si elle réussit à trouver 300 familles et à amasser une somme de 625 000$, soit le montant nécessaire pour la saison 2024-2025. Si cet objectif est atteint, la ferme pourra livrer des légumes biologiques pendant 48 semaines dans les points de livraison situés à Mont-Saint-Grégoire, à Chambly et à Montréal.

En date du vendredi 1er mars, la ferme avait déjà trouvé 58% des partenaires pour un total de 218 familles qui ont apporté 362 000$. Si d’ici le 15 mars, la ferme n’atteint pas son objectif, elle devra chercher d’autres solutions avec l’aide de ses partenaires pour sauver la production de l’année 2024-2025.

« La charge mentale ne va plus reposer exclusivement sur nous. Les changements climatiques demandent qu’on s’adapte. Le modèle actuel n’est plus soutenable. Avec ce modèle, on prône l’aide à la communauté. Si une famille a plus d’argent cette année et moins la prochaine année, elle pourra tout de même avoir des légumes de qualité. Si on fait les calculs et tout le monde donne égal, on parle d’un montant approximatif de 35$ par semaine pour sauver une ferme, appartenir à une communauté engagée avec l’environnement et avoir des légumes biologiques hebdomadaires », conclut a copropriétaire.

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