65% d’arbres morts dans les plantations de la Ville

Par Marie-Pier Gagnon
65% d’arbres morts dans les plantations de la Ville
(Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

En 2025, grâce à la collaboration d’organismes et d’entreprises du milieu, Saint-Jean-sur-Richelieu aura planté 50 000 arbres sur son territoire en l’espace de dix ans. Un ambitieux projet de verdissement urbain. Toutefois, plusieurs citoyens remarquent un taux de mortalité anormalement élevé dans ces plantations. Le Canada Français s’est donc rendu sur l’un des sites emblématiques du projet afin de vérifier la situation avec un expert.

À l’été 2019, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a donné rendez-vous à des dizaines de bénévoles dans l’emprise de l’échangeur de la rue Pierre-Caisse et de l’autoroute 35. À cet endroit uniquement, 2621 arbres de plusieurs variétés différentes devaient être plantés sous la supervision d’Arbre-Évolution en collaboration avec Desjardins. Le tout, de manière à recréer le logo de la Ville du haut des airs.

Trois ans plus tard, à notre demande, le technologue en foresterie urbaine et chroniqueur au Canada Français, Angelo Geromin, s’est rendu sur place afin d’évaluer la croissance des arbres. À première vue, il estime que le taux de mortalité atteint 65 %. De grands espaces sont laissés vacants, là où des arbres avaient initialement été plantés. Pour ce qui est de ceux toujours en vie, leur état varie. Certains sont en bonne santé, d’autres sont faibles et auraient besoin d’entretien.

Les peupliers sont les arbres dont la croissance est la plus évidente sur cette plantation, note Angelo Geromin, technologue en foresterie urbaine. D’ici quatre ans, ils devraient atteindre 15 pieds de hauteur.

Conditions difficiles

« Dans un lieu ouvert comme ici, c’est normal d’avoir jusqu’à 15 % de mortalité », de dire M. Geromin tout en précisant que la plantation n’est pas perdue. Dans le pire des cas, soit aucune action humaine, les arbres pousseront par compétition naturelle. Le projet de logo devra ainsi être oublié, la forme des arbres qui survivront ne sera pas parfaite, mais la végétation reprendra tranquillement ses droits.

Il ajoute que les plantations en lieux ouverts, comme c’est le cas à cet endroit, sont soumises à des conditions météo difficiles parmi lesquelles de forts vents, l’abrasion de la neige en hiver sans oublier la qualité du sol qui est rarement optimale comme celui du site de la plantation où l’on remarque la présence de nombreuses roches. De là, dit-il, l’importance d’un entretien régulier pendant les dix premières années afin de garantir la survie des arbres et, du même coup, la réussite d’un tel projet.

Travaux

On parle ici d’arrosage, particulièrement en périodes de sécheresse comme celles connues dans la région au cours des deux derniers étés, mais également de désherbage à la base de troncs afin de limiter l’absorption des minéraux du sol par la végétation. Sur le site de l’échangeur Pierre-Caisse, la Ville a opté pour l’installation de bâches de plastique au sol, une technique reconnue pour conserver l’humidité du sol tout en empêchant les mauvaises herbes d’entrer en compétition avec les arbres.

Toutefois, on remarque que plusieurs d’entre elles ont été endommagées par la météo ou encore ont disparu, probablement poussées par le vent. Elles n’ont pas été remplacées. On note également que plusieurs troncs ont été grugés par la faune et que plusieurs tuteurs sont de la mauvaise grandeur, s’avérant ainsi inutiles. Par ailleurs, lors de notre passage, rien ne laissait présager qu’il y avait eu de l’arrosage sur une base régulière.

L’absence de tonte entre les rangées viserait toutefois à protéger les jeunes arbres pendant l’hiver.

Certains arbres ont perdu leur protection et ont été rongés par la faune.

Petits arbres, grands résultats

Outre le taux de mortalité élevé, des citoyens de Saint-Jean-sur-Richelieu nous ont fait part de leur questionnement concernant le choix de planter des arbres de très petite taille. À cet égard, Angelo Geromin est d’avis qu’il s’agit bien de la chose à faire. Non seulement ces arbres sont-ils moins dispendieux, mais leur grosseur permet un meilleur enracinement, ce qui facilite leur survie.

Il faudra néanmoins plusieurs années, voire deux décennies, avant que le boisé de l’échangeur Pierre-Caisse atteigne une maturité intéressante. D’ailleurs, chaque essence d’arbres se développe à son rythme et on remarque que l’espèce de peuplier choisie pour cet endroit est celle qui affiche la meilleure croissance. L’expert en foresterie urbaine estime que d’ici quatre ans, ceux-ci atteindront 15 pieds de hauteur.

C’est loin d’être la même situation pour les chênes plantés au même endroit et qui, après trois ans, mesurent tout juste un pied et demi de hauteur, parfois moins. Il a également été possible de noter que plusieurs érables argentés, laissés à eux-mêmes, avaient commencé à faire des troncs de rejet, donnant l’impression d’un petit arbuste, ce qui n’est pas idéal dans le cas présent.

Nouvelle plantation

« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il faut mettre plus d’énergie après avoir planté les arbres que pendant ou avant la plantation », explique Angelo Geromin. Si ce dernier ne souhaite pas se prononcer sur l’entretien jusqu’ici assuré par la Ville, il considère qu’une nouvelle plantation devrait être réalisée afin de redonner à ce site l’ampleur annoncée fièrement en 2019 par l’équipe municipale.

Depuis 2015, selon les données partagées sur le site Web de la Ville, 30 944 arbres ont été plantés sur le territoire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Les plus importantes plantations ont eu lieu sur les routes 104 et 219, dans le secteur des Colibris ainsi qu’en bordure du boulevard du Séminaire Sud. Il est possible de connaître l’emplacement des plantations via le www.sjsr.ca/environnement/arbres.

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