Le caractère esthétique des outils anciens

Par Mario Wilson
Le caractère esthétique des outils anciens
Cette longue varlope ancienne ira rejoindre une collection d'outils d'un résident de Rimouski.

Les outils des anciens artisans du bois, fabriqués des essences de notre forêt laurentienne, sont collectionnés d’abord pour leur caractère esthétique.

Certains fabricants, signant leurs œuvres, ont ainsi facilité leur reconnaissance auprès de ceux qui apprécient aujourd’hui cet art québécois désormais remplacé par une production américaine importante.

Roxton Pond, Québec et Montréal furent au tournant du vingtième siècle les principales villes productrices d’outils, où des artisans de renom laissèrent leurs traces dans les plus grandes collections contemporaines.

Les Adélard et Arthur Monty, Vital-Alfred Émond ou encore Édouard et Léon Cantin sont ces fabricants qui nous ont laissé des pièces comme de superbes bouvets, varlopes ou rabots extraordinaires qu’il nous est possible d’admirer aujourd’hui chez les plus grands collectionneurs d’outils québécois des siècles derniers.

Placements sûrs

Les gueules de loup, guillaumes et moulurières faits à partir de pièces de hêtre, de bois de rose ou simplement d’érable demeurent des pièces dont les prix chez les revendeurs demeurent des placements sûrs si on sait choisir les morceaux considérés comme des œuvres d’art, morceaux représentatifs du travail de ces fabricants de haut niveau.

Il restera toujours dans notre héritage familial, ces longues varlopes d’érable, sans signature, que nos arrières grands-pères ont utilisées alors qu’ils construisirent leur maison, les grandes armoires ou les granges derrière le jardin domestique qui constituaient alors leur environnement immédiat.

Ils sont moins agréables à regarder ces outils «ordinaires» de leur quotidien. C’est la raison pour laquelle on les retrouve aujourd’hui à de meilleurs prix. Certains antiquaires ne les ramassent tout simplement plus, le profit à faire étant beaucoup plus mince que les merveilleux petits bouvets signés qui se vendent beaucoup plus cher sur le marché.

De la chance

C’est avec beaucoup de chance que trois exemples de ces pièces se retrouvèrent au fond d’un vieux coffre d’outils, offerts en vente et soldés par un revendeur de passage à Brimfield, au Massachusetts.

Comme un ami de Rimouski m’avait fait la demande de lui trouver un tel outil, je n’hésitai pas un seul instant à payer les 25$ demandés afin de lui rapporter cette pièce de bois datant d’une centaine d’années.

Le couteau en bonne condition, la poignée en parfait état, il n’en fallait pas plus pour que je ramène chez nous cet objet ayant appartenu à une famille originalement du Québec. Évidemment, il faut savoir prendre avec un grain de sel cette garantie du vendeur qui a reconnu facilement mon accent étranger!

Cette longue varlope ancienne ira rejoindre la collection d’outils dorénavant utilisée par cet homme et son fils qui s’amusent, tous les hivers, à fabriquer dans leur garage des chaloupes qui prendront la mer à Rimouski et navigueront sur les côtes de la Gaspésie, en passant par Rivière Madeleine et New Carlisle. Un coin du Québec bien différent des rives de notre majestueux Richelieu.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires