MONTRÉAL — Alors que le front commun du secteur public et la FIQ tenaient jeudi la dernière journée de leur séquence de grève respective, la FAE a qualifié de «jovialiste, pour ne pas dire complètement irréaliste» l’idée d’envisager un retour en classe lundi prochain.
Le front commun, qui est constitué de la CSN, de la CSQ, de l’APTS et de la FTQ, qui représentent ensemble 420 000 travailleurs dans les réseaux de la santé et de l’éducation, était encore en négociation avec le Conseil du trésor, en milieu d’après-midi jeudi.
Les quatre organisations syndicales doivent réunir leur instance respective, mardi prochain, pour faire le point sur l’évolution de la négociation et décider de la suite à donner au mandat de grève.
La présente séquence de grève, d’une durée de sept jours, devait être la dernière avant l’exercice de la grève illimitée en janvier, avaient prévenu les représentants du front commun.
Tant Québec que le front commun ont déclaré vouloir régler d’ici la fin de l’année. Mais mercredi, le premier ministre François Legault a évoqué une négociation difficile dans le secteur de la santé, dont il n’entrevoyait pas l’issue avant le mois de janvier.
«Jovialiste», dit la FAE
De son côté, en point de presse jeudi, la présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert, a qualifié de «jovialiste, pour ne pas dire complètement irréaliste et déconnectée de la réalité à la table», l’affirmation du premier ministre François Legault.
La veille, le premier ministre Legault avait évoqué un retour en classe lundi prochain, ce qui supposerait la fin de la grève de la FAE et de la FSE, affiliée à la CSQ, qui est membre du front commun. Mais les deux fédérations syndicales concernées ont laissé entendre qu’elles trouvaient cette affirmation irréaliste.
Mme Hubert ne voit pas comment, en quatre jours, les parties pourraient parvenir à régler tout ce qu’il reste à régler, convoquer une instance de la FAE qui jugerait qu’il s’agit là d’une entente de principe valable, puis recommander de mettre fin à la grève.
«Il n’y a pas encore de texte assez ficelé pour dire qu’on est rendu là», a conclu Mme Hubert.
La FAE a déclenché sa grève illimitée le 23 novembre. Depuis le début de sa grève, elle réunit une de ses instances chaque semaine et cette dernière a fait le point mercredi.
LeBel surprise
Quant à la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, elle s’est dite étonnée des propos de la FAE. «Je suis convaincue que nous avons une entente à portée de main, mais nous ne pouvons pas régler seuls», a-t-elle commenté.
«À la table de négociations, le gouvernement a proposé des mesures jamais vues qui constitueraient des avancées importantes pour les enseignants quant à la composition de la classe: évaluation de la lourdeur des tâches, aide à la classe et compensations possibles», a ajouté la ministre LeBel.
«Des pas importants ont aussi été faits concernant l’autonomie professionnelle, la surveillance des récréations, le temps de nature personnelle et les journées pédagogiques», a ajouté la ministre.
La FIQ
De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, poursuivait jeudi ses échanges et son attente de réponse avec Québec. Le rythme est loin de la satisfaire; elle a parlé récemment d’une négociation qui avançait «à pas de tortue».
La FIQ doit réunir une de ses instances le 20 décembre pour faire le point sur la négociation et décider de la suite de son mandat de grève.