Une pièce remarquable de notre patrimoine québécois

Par Mario Wilson
Une pièce remarquable de notre patrimoine québécois
Ce vase a une valeur d'au moins 350$.

Dans cette chronique, j’ai déjà mentionné l’importance de la production de la Canadian Potteries, fabricant d’articles de toilette de chez nous, il y a déjà trois quarts de siècle.

Au début du siècle dernier, soit vers 1910, on fabriquait déjà des lavabos et des bols de toilette afin de satisfaire ce nouveau marché avec l’arrivée de la toilette intérieure, contrairement à la «back house», cette bécosse qui trônait derrière toutes les maisons de nos campagnes et bien souvent celles de nos villes et villages.

Après quelques transactions commerciales, ventes et reventes d’usines de faïence à Saint-Jean, la Canadian Potteries Limited s’installe sur le boulevard du Séminaire dans cet édifice qui sert désormais d’entrepôt de l’autre côté du boulevard en face au restaurant Benny.

La crise et la Deuxième Guerre mondiale (de 1929 à 1945) menacent toutefois d’anéantir ce commerce très spécialisé de l’usine johannaise. Heureusement, ce ne sera pas le cas. Jusqu’en 1960, on a pu assister à la création de pièces décoratives comme les pots à fleurs, les cendriers et les lampes dans des teintes quelques fois époustouflantes.

Couleur

En effet, certains collectionneurs contemporains s’attardent souvent beaucoup plus à la couleur qu’à la forme de la pièce.

Le rouge bourgogne, le vert ainsi que le bleu ciel sont des couleurs très prisées par les amateurs. Je vous présente ce grand vase à fleurs, cette semaine, justement parce qu’il n’est d’aucune de ces couleurs.

Cette teinte orange brulé, en plus d’être peu commune, se rapproche énormément de certaines créations de la Céramique de Beauce sorties des fours autour des années 1945-1946. C’est dire la proximité des céramistes qui travaillaient tantôt à Saint-Jean, à Saint-Joseph-de-Beauce, à Trois-Rivières, à Rimouski, à Chicoutimi ainsi que dans de nombreuses autres villes québécoises.

Mobilité

La mobilité des artisans, autant les céramistes que les designers, contribuait à étendre les découvertes, les recherches et l’expérience de tous ceux qui, inévitablement, passaient par chez nous.

Le modèle de vase qui apparaît sur la photo de cette chronique provient certainement de la designer Beatrice Rickards qui travailla pour la Canadian Potteries au début des années 1930. La glaçure, elle, fut la création d’un artisan qui n’aura laissé que de bien beaux exemples de son travail. La découverte d’informations quant à son identité reste à nous parvenir.

Valeur

J’ai eu l’occasion de voir, il y a plusieurs années chez un antiquaire de la rue Saint-Denis à Montréal, un vase du même modèle, de couleur unie (rose), mais arborant sur la moitié de la pièce, un long cheveu (une mauvaise fêlure, dirait-on).  

L’antiquaire en demandait un prix de 225$.  Celui de cette chronique, en parfaite condition, avec une glaçure orange brûlé en dégradé, signée par la Canadian Potteries avec l’estampille du drapeau et de la mention Vitrian, vaut certainement 350$.

Le couple propriétaire qui le tenait dans les escaliers du sous-sol le ramènera très bientôt au salon du rez-de-chaussée. C’est très certainement la place qui revient à une pièce si remarquable de notre patrimoine québécois.

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