Un meuble peu courant chez nos antiquaires

Par Mario Wilson
Un meuble peu courant chez nos antiquaires
Il est possible d'obtenir une somme de 2500$ pour ce meuble remarquable.

Il m’a rarement été donné de rencontrer un tel meuble avec autant d’éléments américains et européens à la fois. Au premier coup d’œil, il apparaît clair que ce meuble de chêne, certainement sorti d’un atelier américain entre 1880 et 1910, n’est pas une pièce courante chez nos antiquaires. 

Son allure générale et son état de conservation portent nos soupçons vers cette très importante production de nos voisins du sud, eux qui utilisèrent massivement le chêne durant cette période.

Les colonnades de chaque côté des portes vitrées centrales ainsi que le haut retable ouvragé se retrouvent souvent sur les bibliothèques, secrétaires et même les harmoniums si couramment importés chez nous, dans le Canada d’alors enclin à valoriser cette production dite de bois solide et provenant des États-Unis.

Européens

Toutefois, quelques éléments me paraissent plutôt européens, comme ces sculptures de branches à l’horizontale apparaissant ici dans la partie supérieure du meuble.

Les arabesques cylindriques exécutées au-dessus des petites portes sans vitrage se rencontrent généralement sur des meubles dits «art déco» nous arrivant de France.

Les connaisseurs savent que les concepteurs des meubles de tous les pays du monde, de cette période bien précise de la fin du dix-neuvième siècle, empruntaient les styles à la mode tout en se copiant allégrement.

Le système d’ancrage des tablettes amovibles, la quincaillerie des portes et des tiroirs, ainsi que le miroir biseauté sont des éléments que tous les menuisiers de cette époque incorporaient dans leurs créations.

Origine américaine

Un examen minutieux du dos de la pièce ne recelant aucune information au sujet du fabricant, il y a lieu de croire que ce meuble est d’origine américaine, certainement en raison de la tradition orale familiale, mais également de la proximité de notre grand fournisseur de meubles juste au sud de la frontière.  

Une recherche reste à faire afin de retracer l’origine exacte de ce superbe meuble qu’on peut qualifier de vaisselier, mais qui pourrait avantageusement servir de bibliothèque dans une grande maison bourgeoise.

L’état du meuble, dont certaines petites pièces s’en sont détachées avec les années (composantes toujours entre les mains des propriétaires), se rapproche sensiblement de la perfection, l’essence de bois dur y étant évidemment pour quelque chose.  

Démontable pour les besoins d’un éventuel déménagement, la capacité de rangement en fait un meuble tout à fait polyvalent et d’un intérêt indéniable. Comme il sera possible de trouver cette pièce d’ici peu sur le marché des antiquités, j’ai informé les propriétaires que les spécialistes de la revente, ces antiquaires qui savent apprécier les beaux meubles, l’offriraient à leur clientèle pour un montant tournant autour de 2500$.

Il n’aura malheureusement pas la cote pour les amateurs de vieux meubles qui désirent s’établir dans un condominium; on les comprend!  

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