Réservations fantômes : un casse-tête pour les clubs de golf

Emmanuelle Froment efroment@canadafrancais.com

Réservations fantômes : un casse-tête pour les clubs de golf
Le Club de golf St-Jean n'échappe pas aux réservations fantômes.  (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens Gaboriau))

À la belle saison, les clubs de golf voient leurs lignes téléphoniques s’enflammer : les golfeurs réservent en grand nombre leur départ, impatients de fouler le vert. Mais un phénomène persistant vient troubler ce rituel bien rodé : des départs sont abandonnés sans explication. Ces réservations fantômes désorganisent les horaires et grugent les revenus des clubs qui réfléchissent à des solutions pour contrer ce fléau.

Le Canada Français a interrogé trois clubs de golf dans la région. Au club Les Légendes, le directeur général, Steve Lefebvre, observe ce phénomène avec frustration depuis plusieurs années. « On voit nos départs affichés complets, mais certains joueurs ne se présentent pas et ne préviennent pas. On parle de quatre, cinq, voire six départs non honorés, surtout la fin de semaine », indique-t-il.

Même constat au club St-Jean. « Entre cinq à dix personnes se désistent sans prévenir chaque semaine. Certains clients réservent à plusieurs golfs en même temps sans véritable intention de jouer partout », explique le directeur général, Alain Paradis.

Du côté du club de Mont-Saint-Grégoire, il y a un peu moins de casse. « Nous sommes chanceux à date. Nous avons eu quelques réservations fantômes surtout à cause du temps maussade », mentionne le président, Marc Voyer.

Moins nombreux

Cependant, M. Voyer rencontre le même problème récurrent que les autres clubs. Les réservations sont faites pour quatre personnes maximum, mais seulement deux joueurs sont présents le jour J. Et ces derniers n’ont aucune envie de jouer avec des inconnus !

« Lorsqu’un quatuor ne se présente pas, on perd non seulement de l’argent, mais on prive aussi d’autres joueurs d’un départ. Un groupe de quatre personnes rapportent environ 300 $ », ajoute Steve Lefebvre.

Cette tendance touche principalement les réservations faites par téléphone. C’est un mode encore privilégié par les clubs, favorisant la simplicité pour leurs membres. Mais ce système manque de garanties.

Parmi les solutions envisagées, la fameuse liste noire de clients indésirables qui est difficile à créer, soulignent Steve Lefebvre et Alain Paradis. Il n’est pas rare que les clients donnent de faux noms et de mauvais numéros de téléphone. Autre piste pour éviter les mauvaises surprises : appeler les clients la veille pour confirmer leur présence, si le numéro est bon. Enfin, le mode de paiement des clubs pourrait évoluer en prépayé, comme pour acheter des billets de spectacle.

Exemple des restaurateurs ?

Cette situation rappelle celle que vivent les restaurateurs depuis la pandémie. Le gouvernement a d’ailleurs proposé en mars dernier d’encadrer les pénalités en cas de réservations fantômes au restaurant afin d’éviter tout abus envers la clientèle. Le projet de règlement prévoit que les restaurateurs pourront, sous certaines conditions, imposer des frais d’au maximum 10 $ par personne aux groupes d’au moins cinq personnes qui ne se présenteraient pas à la suite d’une réservation, selon le gouvernement.

Pour l’instant, les clubs de golf interrogés n’envisagent pas cette piste de pénalités et ne veulent surtout pas décourager une partie de leur clientèle, notamment les joueurs occasionnels et les personnes âgées. Les clubs sont unanimes : ils souhaitent faire confiance à leur clientèle le plus possible et espèrent un changement de comportement pour éviter de serrer la vis.

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