Une nomination méritée pour Wilfried Nancy à titre d’entraîneur-chef de l’année

Simon Servant, La Presse Canadienne
Une nomination méritée pour Wilfried Nancy à titre d’entraîneur-chef de l’année

MONTRÉAL — Même s’il est finaliste au titre d’entraîneur-chef de l’année en MLS, Wilfried Nancy sait qu’une bonne partie du mérite revient aux joueurs.

«J’ai beau mettre des idées en place avec notre personnel, mais si les joueurs n’y adhèrent pas, je suis dans la m…», a-t-il mentionné vendredi, après un entraînement du CF Montréal au stade Saputo.

Bien qu’elle ait réussi à soutirer plusieurs sourires, l’image n’est pas trop forte.

Dès qu’il a pris les rênes de la formation montréalaise, avant la saison 2021, Nancy a commencé à implanter sa vision et son système de jeu. Après une première année surprenante, au cours de laquelle ses hommes ne sont passés qu’à une victoire d’accéder aux éliminatoires, il a finalement récolté les fruits de son travail.

Le Bleu-blanc-noir a fait des pas de géant en 2022. Il a battu deux records de la MLS, 12 records d’équipe et il a terminé au deuxième rang de l’Association Est. Les joueurs ont clairement ressenti un changement positif depuis que Nancy est leur entraîneur-chef.

«Je crois que cette nomination est pleinement méritée. Nous pouvons voir la façon dont il a changé la culture de l’équipe et la façon dont nous jouons depuis deux saisons, a observé le défenseur Kamal Miller. Ça n’a pas immédiatement fonctionné et nous avons dû être patients. Il a continué à croire en son style de jeu et il a cru en nous. Regardez où nous sommes aujourd’hui. Je crois qu’il mérite cet honneur.»

Nancy sera opposé à Steve Cherundolo, du Los Angeles FC, et Jim Curtin, de l’Union de Philadelphie. Il a d’ailleurs partagé de bons mots à l’endroit de Curtin, qui a guidé l’Union vers le titre de l’Est.

«Ce que j’aime bien de Philadelphie, c’est leur cohérence, a expliqué Nancy. Ils jouent dans un système de jeu bien établi et nous avons un système dans lequel nous changeons beaucoup l’animation. Nous avons une idée de jeu différente, mais nous sommes tous les deux finalistes malgré tout. C’est ça le football.»

Avec les succès viennent parfois des décisions déchirantes. Tous les joueurs veulent contribuer et progresser, mais Nancy a dû faire des choix difficiles pour ce qu’il considérait être le bien de l’équipe.

Des joueurs comme Zachary Brault-Guillard et Joaquin Torres ont été moins utilisés, le gardien Sebastian Breza a perdu son poste de partant aux mains de James Pantemis et un jeune comme Ismaël Koné a parfois appris à la dure.

Avec son humilité habituelle, Nancy n’a jamais hésité à mentionner pendant la saison que lui aussi en apprenait tous les jours. Plusieurs des situations qu’il a vécues resteront dans le calepin de notes pour l’avenir.

«J’ai appris à être confortable dans une situation inconfortable. Parfois, tu dois être tranchant et froid avec les joueurs concernant certaines décisions et ce n’est pas facile. Le joueur a envie de bien faire et de jouer tous les jours. Parfois, je dois être derrière eux, mais je dois être exigeant aussi, a-t-il indiqué. Je prive des joueurs d’être sur le terrain et derrière, il y a des contrats, de la pression. Certains ont des contrats pour aider leur famille dans leur pays. C’est quelque chose avec laquelle j’ai appris à vivre.»

Derrière son titre d’entraîneur-chef, Nancy prend également son rôle de pédagogue au sérieux. On l’avait vu émotif en conférence de presse en parlant de Djordje Mihailovic, après la confirmation que l’Américain allait quitter le CF Montréal au terme de la saison.

Le milieu de terrain Samuel Piette est même allé jusqu’à dire qu’il était possiblement le meilleur entraîneur-chef qu’il avait eu pendant sa carrière.

«C’est le meilleur pour la manière dont il gère son groupe et la manière dont il me parle. Quand tu lui parles, tu vois qu’il t’écoute et qu’il est capable de te donner des trucs pour progresser, a déclaré le Québécois. C’est surtout de savoir que ton entraîneur est ouvert d’esprit et qu’il peut parler de tout et de rien. Tu es capable de faire ça avec Wilfried, dans le respect. Il fait sentir à tout le monde qu’il est important. Je pense qu’avec John Herdman, c’est le meilleur entraîneur que j’ai eu sur le plan collectif.»

Nancy n’est toujours pas sous contrat en vue de la prochaine saison. Des joueurs comme Piette ont laissé savoir qu’ils voulaient le revoir comme entraîneur-chef, mais le principal intéressé ne s’en fait pas trop pour le moment.

«Tout va très vite dans le football. Je ne vais pas m’enflammer parce que dans trois ans, j’entraînerai peut-être Chicoutimi, a blagué Nancy. On ne sait jamais ce qui peut arriver.»

En attendant, il a la tâche de préparer le CF Montréal en vue de son duel éliminatoire contre l’Orlando City SC, dimanche au stade Saputo.

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