MONTRÉAL — C’était jour de bilan mardi matin chez Tennis Canada. Et si ses dirigeants sont notamment revenus avec bonheur sur la médaille de bronze olympique en double mixte qu’ont ramenée Félix Auger-Aliassime et Gabriela Dabrowski de Paris cet été, c’est surtout de l’année 2025 qu’il a été question, car elle pourrait être le point d’origine d’importants changements à l’Omnium Banque Nationale.
Si une personne le sait plus que quiconque, c’est Valérie Tétreault, qui a annoncé, lors d’une conférence de presse, la tenue d’une étude de faisabilité pour la mise à niveau du stade IGA en prévision d’un tournoi qui va prendre de l’ampleur à compter de 2025.
Tétreault, qui entamera sa troisième année à la direction de l’Omnium Banque Nationale de Montréal, espère mandater une firme pour mener cette étude de faisabilité dès janvier 2025 et d’en livrer les conclusions pendant la prochaine édition du tournoi, qui s’échelonnera du 26 juillet au 7 août.
Tétreault avoue que l’échéancier est assez serré, compte tenu de l’ampleur de la tâche. Mais cette tâche, a-t-elle aussi reconnu, est nécessaire.
«L’étude de faisabilité, elle est essentiellement pour nous pour, après ça, être capable d’aller rencontrer les gouvernements, d’avoir un projet à présenter et faire une demande de financement public. Elle est là pour nous aider à bien comprendre les impacts économiques pour tout le monde, les impacts socio-économiques, la structure financière qu’on regarderait, mais essentiellement aussi d’un point de vue technique, quelles sont les options selon ce qu’on trouvera dans l’état actuel de notre stade», a-t-elle expliqué dans une mêlée de presse.
Après deux années qui n’ont pas nécessairement été de tout repos à cause des caprices de Dame Nature, sans pour autant véritablement éloigner les amateurs de tennis du stade IGA, Tétreault vivra un tournoi bonifié en 2025 avec 12 jours de matchs au lieu de sept, et 96 joueuses de la WTA au lieu de 56. On aura le même format à Toronto, qui accueillera l’élite de l’ATP.
«Pour nous, c’est une entrée dans un groupe encore plus sélect de tournois. Je vois ça comme un beau vote de confiance qu’on a obtenu des circuits de l’ATP et de la WTA. Parce que dans les faits, on fait maintenant partie d’un groupe composé de seulement six tournois combinés ATP et WTA qui ont la chance de présenter leur tableau principal sur 12 ou 14 jours», a rappelé Tétreault.
Au fil de son exposé, Tétreault a parlé d’une nouvelle ère pour l’Omnium Banque Nationale, d’une évolution majeure et d’un moment historique qui va redéfinir l’événement, autant sur le terrain qu’à l’extérieur.
Or, comme l’a noté la directrice du tournoi montréalais, ces changements à première vue positifs seront accompagnés d’exigences de plus en plus élevées.
«Un des premiers défis pour le tournoi de Montréal, c’est d’avoir plus d’espace», a souligné Tétreault.
«On recevra ici à peu près le double des joueurs qu’on avait l’habitude de recevoir. Donc, c’est une évidence qu’on aura besoin de plus de terrains d’entraînement, de plus d’espace, aussi, si on veut pouvoir assurer la pérennité de notre tournoi à long terme», a ajouté Tétreault, tout en annonçant que l’organisation travaillera avec la Ville de Montréal pour trouver des solutions à court, moyen et long terme.
L’un des projets à très court terme sera de dénicher un site satellite pour permettre aux joueuses de s’entraîner entre leurs matchs durant le tournoi.
Aussi, dans un contexte où les installations montréalaises sont vieillissantes, d’où le besoin d’effectuer une «mise à niveau importante» pour maintenir l’événement, à Montréal, dans un horizon de 30 ans, le tournoi est engagé dans une compétition de plus en plus féroce parmi les Masters 1000 de l’ATP et les tournois 1000 de la WTA.
Dans un sondage auprès des joueurs cet été, conduit par l’ATP, il en est ressorti que les installations à Montréal ne sont pas au même niveau que d’autres tournois Masters 1000, a mentionné Tétreault.
«On voit les promoteurs investir dans leur tournoi et ce que ça fait, pour nous, ça rehausse la barre», a précisé Tétreault.
«Ça nous met encore plus de pression et pour l’instant, ça nous relègue un peu plus loin, disons, lorsqu’on se compare dans la liste des autres Masters 1000.»
Tétreault a donné l’exemple du tournoi de Cincinnati, un autre Masters 1000 qui est présenté la semaine suivant ceux de Montréal et de Toronto, et qui a récemment annoncé des travaux majeurs estimés à 260M$ US — un toit amovible ne fait pas partie du projet, a mentionné Tétreault — dans ses installations en vue de 2025.
«Et il y a le tournoi de Rome qui, dans les dernières années, avait parlé de son intention d’avoir un toit en 2026», a aussi souligné Tétreault.
Dans tout ça, Tétreault a tenu à se faire rassurante, surtout pour les amateurs de tennis qui pourraient craindre que le tournoi disparaisse du paysage montréalais.
«La chose que je voudrais dire, c’est que notre rôle, c’est de tout faire pour qu’on n’en arrive pas là. On y tient. On passe beaucoup de temps à améliorer le tournoi. Il ne faut quand même pas perdre de vue le fait que c’est l’un des tournois où il y a le plus de gens. C’est ça qui va être important d’être capable de maintenir dans le nouveau format à partir de 2025. Mais encore une fois à court terme, il n’y a franchement pas de menaces», a-t-elle affirmé.
«Et je pense que la bonne nouvelle, a-t-elle aussitôt enchaîné, c’est de dire qu’on attaque le problème dès 2025 pour trouver des solutions. On ne sera pas capable de trouver les solutions, seuls, chez Tennis Canada. Donc ça va nous prendre, justement, l’appui d’un peu tout le monde. Il va falloir que ce désir-là de garder un événement avec un aussi beau rayonnement à l’international, ce soit une priorité pour tout le monde.»
