Un septuagénaire tue sa conjointe avant de se suicider, selon la police en N.-É.

Sarah Smellie, La Presse Canadienne
Un septuagénaire tue sa conjointe avant de se suicider, selon la police en N.-É.

COLE HARBOUR — Alors que la police enquête sur le meurtre d’une femme de 71 ans en Nouvelle-Écosse, tuée par son conjoint, la responsable d’un groupe de recherche ontarien sur la violence faite aux femmes affirme que ces drames chez les aînés ne sont que trop familiers.

Les homicides impliquant des couples âgés figurent parmi les taux de meurtres entre conjoints qui augmentent le plus rapidement au Canada, a déclaré Katreena Scott, qui dirige à l’Université Western, de London, le Centre de recherche et d’éducation sur la violence envers les femmes et les enfants.

«Ça me rend d’autant plus déterminée à faire quelque chose à ce sujet, a déclaré Mme Scott en entrevue mercredi. Les gens ne pensent pas que ça se produit (chez les personnes âgées). Ça peut arriver — et ça arrive!»

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a indiqué que des policiers avaient découvert lundi matin les corps d’une femme de 71 ans et d’un homme de 72 ans dans une résidence de Cole Harbour, une localité située en face d’Halifax. L’enquête a déterminé que l’homme avait tué la femme et qu’il était mort de blessures qu’il s’était infligées, a indiqué la GRC, qui parle de violence conjugale.

L’identité de l’homme et de la victime n’a pas été divulguée pour des raisons de confidentialité, a indiqué un porte-parole de la GRC.

Selon Statistique Canada, la violence conjugale déclarée à la police par des personnes âgées de 65 ans et plus a augmenté de 45 % entre 2014 et 2022. En 2022, environ 34 femmes âgées sur 100 000 et 23 hommes âgés sur 100 000 ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale, selon ces données.

Les personnes âgées sont confrontées à plusieurs risques particuliers de violence conjugale, a rappelé la chercheuse Scott. Par exemple, la retraite constitue un changement radical pour certaines personnes, ce qui peut ajouter du stress et de l’incertitude à leur quotidien. De plus, les retraités peuvent perdre un accès à des ressources en milieu de travail qui pourraient les aider à se protéger contre la violence familiale.

La tension liée à des ennuis de santé peut aussi devenir un «point de bascule» qui déclenche la violence ou l’exacerbe, a-t-elle ajouté.

«La violence prospère dans l’isolement»

Les personnes âgées courent un risque élevé d’isolement social; or, «la violence prospère dans l’isolement», a rappelé Mme Scott. «Nous devons intégrer nos services de santé et nos services liés à la démence et aux soins aux personnes âgées et réfléchir à la manière dont nous, en tant que communauté, nous connectons avec les personnes âgées et les soutenons.»

Quel que soit l’âge de la victime, des signes avant-coureurs clairs précèdent souvent les meurtres entre partenaires intimes, notamment des antécédents de violence dans la relation ou une poussée de paranoïa, d’obsession ou de dépression chez l’agresseur.

La chercheuse Scott a ainsi évoqué le rapport de la commission d’enquête publique sur la tuerie de 2020 en Nouvelle-Écosse, au cours de laquelle l’agresseur a tué 22 personnes après avoir maltraité sa conjointe. L’une des principales recommandations du rapport, a pointé Mme Scott, est que les gens devraient apprendre à reconnaître et à réagir aux facteurs de risque et aux signes avant-coureurs de la violence conjugale.

Lors d’une étape de campagne à Halifax, mercredi, la cheffe néo-démocrate Claudia Chender a déclaré que le meurtre de Cole Harbour apportait une preuve supplémentaire que la violence conjugale constitue une épidémie en Nouvelle-Écosse.

«Nous devons fournir un financement de niveau épidémique aux organismes de première ligne qui travaillent avec les femmes dans les communautés pour garantir que cela ne se produise pas», a-t-elle déclaré aux journalistes. «Si le financement (actuel) était suffisant, nous verrions des progrès.»

La GRC en Nouvelle-Écosse a déclaré qu’elle enquêtait sur les décès de Cole Harbour en collaboration avec le bureau provincial des médecins légistes.

Selon l’Observatoire canadien du féminicide, au moins 155 femmes et filles ont été tuées jusqu’ici cette année au Canada, en date du 31 octobre; dans 95 % de ces cas, un homme a été accusé du meurtre.

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