Trois morts vendredi matin dans un immeuble du nord-est de Montréal

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne
Trois morts vendredi matin dans un immeuble du nord-est de Montréal

MONTRÉAL — Trois corps portant des traces de violence ont été découverts vendredi matin dans un immeuble résidentiel du quartier Rosemont, dans le nord-est de Montréal.

Un suspect a été arrêté et il devait être interrogé par les policiers plus tard, a confirmé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Une vidéo de l’arrestation musclée, captée par des témoins et diffusée sur les réseaux sociaux et par des médias, montre les policiers maîtriser au sol le suspect, pieds nus et ensanglanté, à l’extérieur du duplex actuellement à vendre. 

Les policiers tentent maintenant d’établir un lien entre le suspect et les victimes; ils n’ont pas confirmé qu’il s’agirait d’un triple meurtre, mais le porte-parole du SPVM, Julien Lévesque, parle de «trois victimes de mort suspecte dont les corps portent des marques de violence, possiblement perpétrées par un objet tranchant».

«À ce moment-ci, on n’a pas de détail concernant l’âge et le sexe, ni les relations entre le possible suspect qui a été appréhendé par les policiers sur les lieux», a ajouté le policier en mêlée de presse.

En milieu de journée, les policiers n’étaient pas en mesure de tirer d’hypothèse préliminaire sur les événements, pas plus qu’ils n’ont pu préciser l’âge des victimes ou du suspect.

Des voisins sont actuellement interrogés.

La scène de crime a fait l’objet d’un important périmètre de sécurité. Plusieurs véhicules de la police se retrouvaient sur place et un poste de commandement a été établi.

Les employés et les patients qui devaient se rendre à l’Institut de cardiologie de Montréal, situé en face de la scène de crime, ont été invités à se rendre à l’établissement par un autre accès que son entrée principale.

Des résidants du voisinage peu surpris

Plusieurs badauds et résidants du quartier se sont arrêtés en bordure du périmètre de sécurité pour tenter d’en apprendre davantage. Personne ne semblait connaître les occupants du logement où s’est déroulé le drame.

Gilles, un citoyen qui habite dans le quartier depuis 21 ans et qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, a indiqué que son secteur est devenu très dangereux, surtout le soir. 

«J’en ai vu arriver des affaires dans ce coin-ci, raconte-t-il. Ce n’est pas surprenant, mais ce genre d’histoire, c’est rendu partout.»

Un autre passant qui demeure dans le secteur, Alexandre, relate qu’il n’est pas rare que les véhicules dont les portières ne sont pas verrouillées soient fouillés la nuit. «On a déjà vu des gens qu’on ne connaissait pas traîner dans les cages d’escaliers de notre immeuble», témoigne le jeune homme.

Diane, une autre résidante du quartier, dit qu’elle reste sur ses gardes, car ce sont des situations qui se produisent souvent. «Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos de la maladie mentale, estime-t-elle. Les gens n’ont tout simplement plus de patience, plus de tolérance, parce que trop de choses vont mal.»

«Maintenant, j’ai peur de sortir, a confié Colette, qui n’a pas voulu s’identifier davantage. Avant, je n’avais peur de rien, je sortais le soir après le souper, mais c’est fini.»

Plus d’efforts en santé mentale

En point de presse dans sa circonscription de L’Assomption, le premier ministre François Legault a dit qu’il s’agissait d’une situation «vraiment troublante».

Interrogé sur l’accumulation de drames mortels depuis quelques semaines, M. Legault n’a pas voulu s’avancer sur le cas spécifique dans le quartier Rosemont, mais il a souligné que partout dans le monde il y avait des problèmes en lien avec la santé mentale.

«Il y a un défi de recrutement, que ce soit des travailleurs sociaux, des psychologues, il faut prendre le temps de les former. Il y a des postes actuellement qui sont affichés, mais pas comblés.»

Le premier ministre a réitéré son engagement d’augmenter l’enveloppe réservée à la santé mentale dans le budget présenté la semaine prochaine.

Le député de Rosemont, Vincent Marissal, s’est rendu sur les lieux du drame vendredi.

«Oui, il y a de la violence, oui, il y a beaucoup de détresse, a-t-il reconnu à propos de ce quartier. Un niveau de violence assez épeurant, je dois dire. On ne s’enfouira pas la tête dans le sable, il y a eu plusieurs incidents récemment.»

«On peut pas nier qu’on a un maudit problème de violence sur les bras en ce moment au Québec.»

Le député solidaire indique diriger ses pensées vers les victimes et leurs proches.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a indiqué sur Twitter avoir une «pensée pour les trois personnes qui sont mortes dans des circonstances horribles dans Rosemont», avant d’offrir ses condoléances aux proches des victimes.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a lui aussi gazouillé, qualifiant les événements de vendredi matin d’une «infinie tristesse encore une fois». Le député caquiste de Granby a salué les équipes policières «qui font un travail essentiel et pas facile dans ces circonstances».

Deux représentantes du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) se sont présentées sur place en fin d’avant-midi pour aller à la rencontre du voisinage, le tout pour offrir à ceux qui en ressentiraient le besoin du soutien psychologique et des ressources d’aide.

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