Rendez-vous collectivités viables: des municipalités veulent freiner l’auto solo

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Rendez-vous collectivités viables: des municipalités veulent freiner l’auto solo

MONTRÉAL — Des élus et acteurs du milieu municipal se sont réunis à Montréal pour échanger sur la mobilité durable et témoigner des solutions qui permettent de diminuer les déplacements en auto solo. Selon plusieurs représentants de municipalités rassemblés au Rendez-vous collectivités viables 2023, le covoiturage, le transport collectif et le vélo ne sont pas seulement des solutions qui s’appliquent dans les grandes métropoles. 

Selon le directeur du Service de la gestion du territoire de Victoriaville, la nouvelle application pour le transport en commun Vecto a permis à la municipalité de mettre en place «le plus gros service de transport collectif à la demande en Amérique du Nord».

Invité au Rendez-vous des collectivités viables 2023, Jean-François Morissette a expliqué que Victoriaville a créé son premier plan de mobilité durable en 2019 et l’application Vecto est au cœur de ce plan.

«Elle permet aux usagers de réserver directement un taxi-bus à même l’application et de voir le déplacement des véhicules», a indiqué M. Morissette en précisant que le service de transport à la demande a enregistré 260 000 déplacements en un an dans la ville de 45 000 habitants.

D’ici la fin de l’été, l’entreprise d’autopartage Communauto s’installera  à Victoriaville, alors «l’usager pourra réserver son service de transport à la demande et son véhicule d’autopartage à même l’application» et «éventuellement, on veut greffer le transport interurbain et d’autres offres de transport de taxi privé à cette application».

La Ville a également augmenté le nombre de pistes cyclables qui «sont sur l’asphalte 12 mois par année», a précisé Jean-François Morissette.

Des municipalités créatives

Comme plusieurs villes du Québec, Victoriaville cherche à réduire son empreinte carbone et améliorer la qualité de vie des résidants en diminuant l’utilisation de l’auto solo.

Les transports sont responsables de 43 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la province. 

Augmenter l’offre de transport en commun représente donc l’un des moyens les plus efficaces de diminuer son empreinte carbone, mais certaines municipalités, qui n’ont pas de service de transport collectif, doivent faire preuve de créativité pour trouver des alternatives à l’auto solo et tenter de freiner l’augmentation du parc automobile.

«La ville de Joliette met des « pick-up » électriques à la disposition de ses citoyens (gratuitement), vous savez, ce type de véhicule est très populaire, mais aussi très polluant, mais parfois les gens en ont besoin pour des besoins spécifiques», a expliqué Marilène Bergeron, directrice adjointe des programmes éducatifs chez Équiterre.

Les citoyens de Joliette, dans Lanaudière, peuvent donc emprunter une camionnette gratuitement pour effectuer certaines tâches.

«Le citoyen est gagnant, parce qu’il n’a pas besoin d’en acheter une, ça coûte moins cher et ça peut permettre de réduire la grosseur du parc automobile», a expliqué Marilène Bergeron.

Elle a ajouté que «plusieurs petites municipalités mettent à profit des flottes de véhicules aux bénéfices des citoyens, mais aussi des vélos à assistance électrique».

La représentante d’Équiterre faisait notamment référence au projet d’autopartage de véhicules électriques SAUVéR, auquel participe une quinzaine de municipalités du Québec.

Le maire de Rougemont, Guy Adam, s’est déplacé au Rendez-vous des collectivités viables pour s’inspirer de ce que font les autres municipalités pour augmenter la densification du territoire et favoriser la mobilité durable.

«Il faut trouver des mesures efficaces qui respectent la capacité de payer des citoyens», a indiqué le maire de la municipalité reconnue pour ses vergers, mais également pour l’usine de jus Lassonde qui emploie des centaines de personnes.

Avec d’autres municipalités des environs, Rougement participe à un projet pilote de transport à la demande appelé Axel, que le maire compare à «une espèce d’Uber régional».

Il souhaiterait qu’à terme, ce service de transport soit connecté aux autobus qui desservent le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.

«Un travailleur de l’usine Lassonde pourrait partir de Longueuil en autobus, par exemple, et lorsqu’il arrive à Chambly, le service Axel pourrait le transporter jusqu’à l’usine», a expliqué le maire.

Jeudi matin, une quarantaine de maires et mairesses ont profité du Rendez-vous des collectivités viables 2023 pour lancer un appel aux municipalités du Québec afin qu’elles s’engagent à mettre en œuvre une dizaine d’engagements afin de faire face à trois crises: les changements climatiques, le manque d’alternative au transport en voiture et la pénurie de logements.

Ces élus demandent notamment aux autres municipalités de faire du développement du transport collectif urbain et interurbain une priorité pour alléger le poids du transport dans le budget des ménages, de rendre les rues sécuritaires pour les déplacements à pied et à vélo et de multiplier les infrastructures naturelles pour augmenter la résilience climatique.

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