Québec lancera lundi un guichet unique de services en francisation

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne
Québec lancera lundi un guichet unique de services en francisation

MONTRÉAL — Si plusieurs personnes et organisations perçoivent la pénurie de main-d’œuvre et le déclin de la langue française comme deux enjeux posant un «dilemme», la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, y voit plutôt une opportunité de faire d’une pierre deux coups.

En plus de revoir les différentes politiques d’immigration, qui permettront aux entreprises de recruter des candidats qui devront maîtriser suffisamment le français, la ministre et son collègue responsable de la Langue française, Jean-François Roberge, procéderont lundi au lancement de Francisation Québec, une nouvelle plateforme qui agira à titre de «guichet unique» pour tous les services d’apprentissage du français.

«La semaine prochaine va marquer un grand tournant pour la francisation au Québec, avec le lancement d’un point d’accès unique pour tous les services de francisation, dorénavant. Francisation Québec va coordonner l’ensemble de l’action gouvernementale pour l’apprentissage du français», a annoncé la ministre, qui s’adressait vendredi à plusieurs centaines de convives dans le cadre d’un dîner-conférence organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

La création de Francisation Québec au sein du ministère dirigé par Mme Fréchette a été officialisée le 1er juin dernier avec la sanction de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec.

Le gouvernement disposait d’un an après cette date pour procéder au lancement de ce bureau responsable de coordonner l’offre de services de francisation, que ce soit en classe, en milieu de travail et en ligne. 

De concert avec l’Office québécois de la langue française, Francisation Québec devra élaborer les services de francisation en entreprise, mais aussi développer des programmes et des outils pédagogiques pour diverses clientèles, le tout afin de favoriser l’intégration des apprenants à la société québécoise.

Francisation Québec devra également assurer un suivi sur les services rendus aussi bien «aux adultes demeurant au Québec qu’aux personnes qui envisagent d’immigrer dans la province, de même qu’aux travailleurs au sein des entreprises québécoises».

«On élargit notre public, on ne travaillera plus seulement qu’avec les personnes immigrantes en matière de francisation, mais bien avec tout le public qui cadre avec cette définition, qui émane de la loi 96, qui fait en sorte qu’il y a un droit à l’apprentissage du français qui a été créé. C’est avec Francisation Québec qu’on l’incarne», a précisé Mme Fréchette.

Des critères plus souples pour sélectionner les immigrants

Cette dernière a tenu à rappeler que «l’immigration est une solution pour améliorer la situation du français au Québec et pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre».

Pour appuyer ses dires, Mme Fréchette utilise l’image d’un arbre en forme de Y où une première branche représente l’économie et les besoins en main-d’œuvre et où la seconde incarne la capacité du Québec à franciser.

«Ces deux branches-là doivent converger, avance la ministre. Là où elles se rejoignent, c’est le tronc où doit reposer notre politique d’immigration. Un tronc qui doit s’enraciner dans l’ensemble des régions du Québec.»

Cela se concrétisera avec des programmes d’immigration plus souples, alors que Québec abandonne sa grille de pointage pour sélectionner les candidats qui seront accueillis.

«On change carrément d’approche pour la sélection des travailleurs qualifiés», a indiqué la ministre, ajoutant que les nouveaux critères permettront à un plus grand nombre de professions d’être assujetties au programme.

François Legault en fait son devoir

L’allocution de Mme Fréchette faisait écho aux propos du premier ministre François Legault qui, dans le cadre d’un point de presse tenu plus tôt vendredi dans sa circonscription de l’Assomption, réitérait l’importance de protéger le français.

«Malheureusement, depuis 10, 20 ans, on voit un déclin du pourcentage de personnes francophones au Québec. C’est ma première responsabilité comme premier ministre, de s’assurer qu’on protège notre identité et qu’on commence par notre langue. Je pense que c’est une bonne mesure», a-t-il déclaré, en faisant référence à l’annonce de la veille concernant les modifications aux politiques d’immigration qui favoriseraient les candidats qui maîtrisent la langue française.

«Je ne serais pas capable de me regarder dans le miroir et de ne pas agir. J’ai un devoir. Il faut s’assurer que les nouveaux arrivants parlent français», a-t-il ajouté.

———

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires