OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre tente de convaincre les libéraux de Mark Carney de revenir sur leur décision d’annuler le dépôt d’un budget au cours de la session parlementaire qui s’amorce bientôt.
Cherchant à démontrer que sa démarche est collaborative, M. Poilievre a dit jeudi vouloir «tendre la main» et propose d’aider à l’élaboration du budget au cours d’une rencontre avec M. Carney et les autres chefs de parti.
Il s’explique mal le choix de M. Carney de repousser l’exercice de présenter sa feuille de route chiffrée pour la suite des choses. «On ne peut pas dire que les élections sont une excuse (…) Ils auraient pu présenter un budget avant les élections ou après», a tranché le chef conservateur en point de presse.
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet déplore aussi le choix des libéraux, ajoutant que le cadre financier présenté par ceux-ci en campagne électorale était «fantaisiste».
M. Blanchet a souligné que le premier ministre s’est dit résolu à s’attaquer aux défis économiques, faisant valoir qu’il aurait dû expliquer, au moyen d’un document budgétaire, quel sera l’impact des nouvelles dépenses qu’il prévoit faire. «La montagne économique accouche d’une souris déficitaire. Donc c’est un peu décevant», a-t-il illustré.
M. Poilievre, de son côté, a énuméré ce qui, selon lui, devrait se retrouver dans le prochain budget, rappelant ainsi plusieurs promesses électorales de sa formation politique. Par exemple, il inclut dans sa liste sa proposition d’éliminer l’impôt sur le gain en capital «pour les gains réinvestis au Canada», de même que celle d’«abroger toutes les lois anti-ressources naturelles».
«Les conservateurs proposent un budget qui réduit le coût, les taxes, les impôts et augmente la croissance économique en libérant nos ressources et nos industries à travers le Canada», a-t-il résumé.
Questionné à savoir s’il est prêt à modifier ses propositions au fil d’éventuelles discussions avec les libéraux, M. Poilievre a répondu par l’affirmative. «Ce sont les priorités conservatrices sur lesquelles nous voulons travailler avec tous les autres partis et s’il y a des ajustements qui sont nécessaires pour les faire adopter, évidemment, ça va se faire parce que, pour moi, c’est les résultats qui comptent», a-t-il dit.
Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, n’a pas précisé quelle est la raison de la décision du gouvernement libéral minoritaire de renoncer à déposer un budget. Questionné mercredi à de multiples reprises par les journalistes, il s’est contenté de répéter trois choses que les libéraux comptent faire, présentant cela comme une justification.
«La première chose qu’on fait, c’est une réduction d’impôt. La deuxième chose, le discours du trône. Troisième chose, il y aura une mise à jour économique», a-t-il répété ad nauseam en faisant allusion à l’énoncé économique d’automne.
Quant à M. Carney, il n’a pas répondu aux questions des journalistes mercredi, jour où le ministre Champagne faisait savoir que le dépôt du budget était annulé.
Le premier ministre a toutefois signé, devant les médias, un document donnant la directive à M. Champagne de déposer, le plus rapidement possible, un projet de loi portant sur la promesse libérale de réduire les impôts de la classe moyenne d’ici au 1er juillet.
Plus précisément, les libéraux se sont engagés, en campagne électorale, à diminuer d’un point de pourcentage le taux d’imposition marginal de la première tranche de revenu.
M. Poilievre n’a pas voulu s’avancer sur la façon dont les conservateurs voteront, aux Communes, concernant la baisse d’impôt proposée par les troupes de M. Carney. Il a expliqué vouloir attendre de voir le projet de loi, mais a souligné que la baisse d’impôt qu’il a promis en campagne ratisse plus large.
M. Blanchet a aussi dit vouloir attendre de lire le détail de la proposition législative avant de se prononcer.