Plus de la moitié des vols nationaux des grands aéroports sont retardés ou annulés

Christopher Reynolds, La Presse Canadienne
Plus de la moitié des vols nationaux des grands aéroports sont retardés ou annulés

MONTRÉAL — La majorité des vols intérieurs vers les aéroports les plus achalandés du Canada ont été retardés ou annulés au cours de la dernière semaine, alors que les effets d’un réseau international surchargé continuent de se propager à travers le pays. 

Selon la société d’analyse Data Wazo, 54 % des vols vers quatre grands aéroports n’ont pas respecté leur horaire au cours de la période de sept jours comprise entre le 22 et le 28 juin. 

Plus de 44% des 4815 vols ont été retardés, tandis que 8,5% ont été tout simplement annulés. 

L’aéroport Pearson de Toronto arrive en tête de liste, avec 51 % des vols retardés — plus de 700 vols — et 12 % annulés. Montréal se classe deuxième avec 43 % des vols en retard et 15 % annulés. Les deux autres aéroports étaient ceux de Vancouver et Calgary. 

Les compagnies aériennes et le gouvernement fédéral se sont efforcés de remédier aux files d’attente interminables, perturbations de vol, bagages perdus et agitation quotidienne dans les aéroports – en particulier à Pearson – un problème que l’industrie aéronautique a imputé à une pénurie d’agents fédéraux de sécurité et de douane à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et à l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA). 

John Gradek, directeur du programme de gestion intégrée de l’aviation de l’Université McGill, estime que les transporteurs ont utilisé Ottawa comme «bouc émissaire» en programmant plus de vols qu’ils n’ont de personnel ou d’avions disponibles, ce qui entraîne des retards et des annulations. 

«Les compagnies aériennes ont perdu une partie de leur énergie, a-t-il affirmé. Le gouvernement a réagi et a gonflé les ressources, et c’est toujours le chaos.» 

L’agence de sécurité des aéroports du Canada a embauché plus de 900 agents de contrôle depuis avril, mais plusieurs d’entre eux sont toujours en formation. Ottawa a également suspendu les tests aléatoires de dépistage de la COVID-19 pour les passagers vaccinés au moins jusqu’à jeudi, à l’insistance des acteurs de l’industrie, qui souhaitaient traiter plus rapidement les voyageurs internationaux. 

Les passagers et les travailleurs des transports sous réglementation fédérale ne sont plus tenus d’être entièrement vaccinés pour monter à bord d’un avion ou d’un train au Canada, ou pour se présenter au travail. 

Une conséquence des perturbations mondiales 

Ray Harris, le patron de la firme de données Data Wazo, de Fredericton, a expliqué que les statistiques de vol montraient que les perturbations de vol ne s’étaient pas améliorées en juin, malgré l’interruption des tests et le retour au travail du personnel pour le début de la haute saison des voyages. 

«Cela n’a pas vraiment fait bouger l’aiguille dans une direction ou une autre», a-t-il affirmé lors d’une entrevue. «Ou peut-être que cela l’a accéléré. Mais d’une certaine façon, le nombre de passagers a également probablement augmenté et il y a donc un effet net nul.» 

M. Harris fait partie des milliers de Canadiens qui ressentent personnellement la frustration. Il devait s’envoler avec sa compagne et son enfant de trois ans vers Toronto depuis Fredericton, le 9 juin, pour une escapade de quatre jours. Air Canada a annulé son vol 21 heures avant le départ. Le nouveau vol, qui comportait une escale de quatre heures à Montréal, a également été annulé. 

«Nous sommes juste allés faire un tour à l’Île-du-Prince-Édouard à la place, a-t-il raconté. Je me suis dit, eh bien tant pis, si je n’ai pas de vacances, je vais me bâtir un tableau de bord (de données).» 

Philippe Rainville, chef de la direction d’Aéroports de Montréal, a expliqué dans une entrevue que les perturbations des vols mondiaux avaient un effet d’entraînement sur les horaires intérieurs. 

«C’est une conséquence du retard des vols internationaux, a-t-il fait valoir. Retarder un vol intérieur est beaucoup plus facile car en volant vers les principaux centres en Europe, les créneaux horaires sont très serrés. Sur le plan intérieur, nous avons beaucoup plus de marge de manœuvre.» 

Les bagages sont un problème particulièrement délicat, avec une pénurie de bagagistes pour transporter les valises des arrivées tardives aux avions de correspondance, au milieu des changements de porte de dernière minute. 

«Cela crée un goulot d’étranglement et une congestion et, dans une certaine mesure, un cauchemar», a affirmé M. Rainville. 

Dépassements du «temps de service» 

Des problèmes dans une partie du système de transport aérien peuvent en perturber d’autres, par exemple lorsque des zones douanières débordantes empêchent les équipages de procéder au débarquement, ou lorsqu’un manque d’agents du service à la clientèle des compagnies aériennes exacerbe les retards. 

Les avions retenus sur le tarmac en raison de la congestion dans les zones douanières peuvent faire en sorte que les membres d’équipage épuisent leur «temps de service» — les limites réglementaires et contractuelles sur le nombre d’heures travaillées —, entraînant des pénuries de personnel. Pendant ce temps, la nouvelle réservation après un vol manqué en raison d’une longue file d’attente de sécurité ou d’un vol de correspondance retardé peut prendre des heures parce que les agents censés couvrir le comptoir du service à la clientèle sont occupés à faire l’embarquement des passagers sur un autre avion retardé. Les bagagistes sont aux prises avec des problèmes semblables. 

Des passagers disent recevoir des courriels de dernière minute les informant de retards répétés, de changements d’avion ou de nouvelles réservations prévues des jours après leur heure de départ initiale. Les raisons évoquées vont des pilotes absents et des bagagistes surchargés aux entretiens mécaniques non planifiés. 

Les longues lignes de sécurité continuent également d’alourdir le traitement aux aéroports, dans un contexte de pénurie continue de personnel, des agents de contrôle aux contrôleurs aériens. 

«Il n’y en a pas assez. Et si vous tombez malade, ils tombent malades aussi», a observé Helane Becker, analyste aéronautique pour la société de services financiers Cowen. 

Air Canada a indiqué qu’elle continuait d’embaucher, avec 32 000 employés maintenant sur sa liste de paie — ce qui se rapproche de ses niveaux de dotation de 2019 — tandis que son horaire ne fonctionne qu’à 80 % des volumes de 2019, a indiqué le porte-parole du transporteur, Peter Fitzpatrick. 

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires