Plus de 800 bêtes de ferme évacuées en Abitibi-Témiscamingue

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne
Plus de 800 bêtes de ferme évacuées en Abitibi-Témiscamingue

Ce sont désormais plus de 800 animaux de ferme qui ont été temporairement relocalisés dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, question de les protéger des incendies de forêt qui dévastent la région depuis plusieurs jours.

Le cheptel de six grandes fermes et de plusieurs fermettes de la région a été évacué jusqu’à présent, a confirmé jeudi après-midi Pascal Rheault, président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de l’Abitibi-Témiscamingue.

«On est rendus à environ 800 têtes au niveau bovin, mais aussi des poulets, quelques cochons, des cailles, quelques moutons et des brebis, énumère-t-il. Tous ceux qui ont demandé à évacuer leurs troupeaux, on a réussi à leur trouver des sites.»

Mathieu Dumont, employé de l’entreprise de transport d’animaux JF Breton, fait partie de ceux qui ont coordonné l’opération de relocalisation. Les nuits se sont faites courtes et le sommeil rare depuis quelques jours.

«On a commencé dimanche soir à évacuer les plus petits troupeaux, ça ne chauffait pas encore beaucoup, relate-t-il dans un entretien téléphonique. Lundi, on a évacué des producteurs de Saint-Lambert, mardi, on a commencé chez un autre producteur. On a fini dans la nuit et on a recommencé très tôt le lendemain matin. On a fini hier soir vers 22h.»

Les producteurs étaient préparés à ces évacuations, mais il a tout de même fallu faire preuve de prudence avec les bêtes, ajoute-t-il.

«Les animaux étaient un peu plus agités parce que leurs propriétaires l’étaient aussi. Le fait qu’il y ait des avions pour arroser et des hélicoptères dans le ciel, de la fumée, tout ça les a rendus un peu plus nerveux, mais ils ont quand même bien collaboré», précise M. Dumont.

Bien que beaucoup de bénévoles aient levé la main pour aider les équipes d’évacuation, il fallait de l’expérience pour déplacer des troupeaux dans ce contexte particulier, ajoute-t-il.

Souplesse demandée

Les lieux pour accueillir des animaux commencent à se faire rares, affirme M. Rheault. «S’il y a d’autres grosses fermes qui doivent être évacuées, ça risque d’être plus compliqué», prévient-il.

«J’espère qu’ils [les intervenants] vont être capables de contenir le feu aujourd’hui pour qu’on n’ait pas à faire d’autres évacuations», souhaite M. Dumont.

Pour l’instant, aucune ferme laitière n’est menacée, selon M. Rheault. «Si on en arrive là, ça serait une autre sorte de gymnastique, explique-t-il, faisant référence à la traite qui demande une certaine organisation et de l’équipement. On se croise les doigts pour que les feux soient contenus avant.» 

Compte tenu des circonstances, le président et producteur agricole souhaite que Québec fasse preuve de souplesse pour permettre à ses pairs d’aller prendre soin des animaux qu’ils ne veulent pas relocaliser, si leur ferme n’est pas en proie aux flammes.

«Dans l’ouest du Canada, les propriétaires peuvent laisser leurs animaux là, et peuvent revenir sur le site pendant une ou deux heures chaque jour pour s’en occuper, allègue-t-il. Au Québec, on ne peut pas le faire.»

Les besoins en nourriture des animaux sont pour l’instant satisfaits, indique M. Rheault. Plusieurs producteurs ont répondu à l’appel lancé par l’UPA régionale pour fournir foin et moulées aux sinistrés.

Le syndicat agricole est par ailleurs en étroite communication avec le bureau du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne. Des discussions ont cours pour trouver des solutions pour compenser monétairement les pertes et les dépenses encourues par les sinistrés. 

«On veut surtout quelque chose qui sera facile d’application», spécifie Pascal Rheault.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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