PLC: Freeland et Gould largueraient aussi la taxe carbone; Joly appuie Carney

Michel Saba, La Presse Canadienne
PLC: Freeland et Gould largueraient aussi la taxe carbone; Joly appuie Carney

OTTAWA — Les jours de la taxe carbone sont vraisemblablement comptés. Tant l’ancienne vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, que la leader parlementaire du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould, ont respectivement signalé, dimanche, qu’ils largueraient ce prix sur la pollution en devenant cheffe du Parti libéral du Canada.

Lors d’un lancement de campagne chaotique, Mme Freeland a expliqué, au sujet de la taxe carbone, que «le temps est venu» pour son parti de «devenir meilleurs à écouter les Canadiens».

«Nous avons entendu très clairement des Canadiens dans les provinces où il y a un prix sur la pollution facturé aux consommateurs qu’ils ne l’aiment pas, a-t-elle résumé. La démocratie signifie que, quand les gens vous disent quelque chose, vous devez les écouter.»

Mme Freeland joignait ainsi sa voix à celle de l’autre meneur perçu de la course, le banquier Mark Carney, qui s’est également engagé à abroger le prix du carbone à la consommation s’il devient chef du Parti libéral, et à le remplacer par un «plan global» qu’il a promis de publier au cours des prochaines semaines.

Une heure plus tôt, Karina Gould, a tenu un discours semblable. «Nous allons continuer à lutter contre les changements climatiques, mais j’entends bien que ce n’est pas nécessairement la façon dont ils (les Canadiens) souhaitent procéder, a-t-elle dit. Nous devons faire ces choix difficiles.»

Mme Gould a expliqué qu’Ottawa doit donner un coup de pouce aux Canadiens pour l’achat de véhicules électriques ou à ce qu’ils réduisent les émissions de leur domicile. Du même souffle, elle a maintenu que «nous devons faire payer les gros pollueurs».

«Nous vous accusons de génocide»

Le lancement de campagne de l’ancienne vice-première ministre a été chamboulé à une dizaine de reprises lorsque des manifestants propalestiniens l’ont tour à tour interrompue, certains grimpant sur l’estrade, d’autres brandissant des affiches ou un drapeau palestinien, ou cognaient sur des portes en métal.

Des manifestants portaient une banderole sur laquelle on pouvait lire en anglais: «Freeland, notre vice-première ministre fossoyeuse».

Chaque fois, les libéraux présents dans la salle – dont bon nombre d’élus flanqués derrière l’aspirante cheffe – ont étouffé les cris des manifestants par des applaudissements pendant que ceux-ci étaient escortés à l’extérieur. Mme Freeland faisait parfois des gestes de la main pour augmenter le niveau de décibels.

«Nous ne laisserons personne perturber notre démocratie», a réagi au bout d’un moment Mme Freeland, qui peinait à reprendre le fil de son discours dans un gymnase de sa circonscription du centre-ville de Toronto.

Et alors que d’autres manifestants émergeaient a tenté de récupérer la situation. «Un peu de tapage n’entravera pas mon chemin. Si voulez tenir tête à Donald Trump, vous ne pouvez pas laisser un peu de bruit vous embêter», a-t-elle dit.

En point de presse, elle a affirmé que la situation à Gaza – où une trêve vient d’entrer en vigueur après que plus de 46 000 Palestiniens eurent été tués dans l’opération militaire d’Israël contre le Hamas – est «déchirante».

«Ça a été affreux de voir les images, de lire les articles, de voir le carnage. C’était tout à fait inacceptable. Le Canada a réclamé un cessez-le-feu, s’est-elle justifiée. C’est si important que les gens cessent de mourir.»

Joly appuie Carney

Quelques minutes avant le lancement en personne de Mme Freeland, une vigure de proue du gouvernement Trudeau, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé sur X qu’elle se range derrière le banquier Mark Carney.

«Mark apporte une expérience économique inégalée, ayant occupé les postes de gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre», a-t-elle écrit dans une publication sur X.

Mme Joly, qui avait envisagé de se lancer dans la course, a plaidé que «des gouvernements de tous horizons» se sont tournés vers lui, notamment lors de la crise économique de 2008 et durant le Brexit.

Elle juge également qu’il est «le mieux placé» pour vaincre le chef conservateur Pierre Poilievre, l’adversaire des libéraux en tête des sondages.

L’ancienne ministre Freeland a répondu qu’elle «respecte Mme Joly» et qu’elle a pour sa part l’appui du président du caucus du Québec, le député Stéphane Lauzon, qui était à ses côtés.

«Pour moi, le Québec, la langue française, l’identité distincte, la nation québécoise seront au cœur de ma campagne, a-t-elle dit. C’est pourquoi j’ai commencé ma campagne au Québec. C’est pourquoi la première entrevue que j’ai donnée était en français.»

Une autre ministre a annoncé dimanche son soutien à M. Carney. Il s’agit de la ministre des Institutions démocratiques et ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario, Ruby Sahorta.

Battre Trump

Dans son discours, Mme Freeland a grandement mis l’accent sur son argument voulant qu’elle soit la mieux placée pour affronter Donald Trump, ayant renégocié avec lui il y a quelques années l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique.

«Le Canada n’est pas à vendre et notre souveraineté n’est pas négociable. Alors, si vous nous frappez, nous vous répondrons», a-t-elle prévenu alors que l’administration Trump menace d’imposer des tarifs de 25% sur les importations canadiennes.

Elle a affirmé que le véritable problème avec le chef conservateur est qu’il est «faible», au point tel qu’il résiste à tenir tête à la première ministre albertaine Danielle Smith.

«Si Pierre Poilievre est élu, il sera dans le premier vol à destination de Mar-A-Lago pour embrasser la bague au doigt, a affirmé Mme Freeland. Il se prosternera et nous trahira.»

Sous sa gouverne le Canada répondra «dollar pour dollar» à des tarifs «illégaux et injustifiés», a-t-elle poursuivi. «Si vous nous forcez la main, nous infligerons le plus grand coup commercial que les États-Unis aient jamais subi».

Lors de son rassemblement de campagne dans sa circonscription de Burlington, en Ontario, Mme Gould, qui est âgée de 37 ans et qui est nettement la plus jeune des aspirants, a justement misé sur le vent de renouveau qu’offre sa candidature.

«Il est temps d’avoir une nouvelle génération de dirigeants, a-t-elle insisté. Une génération de dirigeants qui rassemble les gens, qui tend la main à ceux qui ont le sentiment d’avoir été laissés pour compte, une génération de dirigeants qui ne va pas se tenir derrière un podium pour lire un discours préparé par quelqu’un d’autre. Non. Quelqu’un qui parle avec son cœur.»

Les candidats n’ont que jusqu’à jeudi pour déclarer qu’ils présentent leur candidature et commencer une série de paiements de frais d’inscription au parti afin de pouvoir se joindre à la course.

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