QUÉBEC — Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, n’est «pas l’homme de la situation», alors que ses fonctionnaires dénoncent l’ingérence politique dans le dossier de Northvolt.
L’opposition officielle a réagi ainsi mardi aux communications déposées devant la Cour supérieure, qui révèlent les pressions qu’ont subies des fonctionnaires pour autoriser à toute vapeur le projet controversé d’usine de batteries en Montérégie.
Selon les échanges dans le système de messagerie Teams, les analystes du ministère estimaient que le travail était bâclé et qu’il y avait un manque de transparence.
«Est-ce que la ministre (de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette) peut nous dire qu’elle cautionne cette façon de faire ou elle va nous dire qu’elle aurait fait les choses différemment?» a demandé le député péquiste Pascal Paradis à la période de questions.
«Je n’ai pas senti qu’on avait un ministre de l’Environnement depuis les six dernières années», a déclaré le chef libéral Marc Tanguay, en mêlée de presse mardi matin.
«Ce n’est pas l’homme de la situation, clairement. Pour nous, ce n’est pas du tout un bon ministre de l’Environnement.»
Mais il a refusé d’aller jusqu’à demander sa démission.
«C’est à François Legault à répondre à cette question, a justifié sa collègue, la députée Virginie Dufour, à ses côtés. C’est quand même lui qui l’a mis ministre et il semble être encore satisfait de ses actions.»
Le co-porte -parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a pour sa part évoqué un «magouillage» du gouvernement caquiste.
«J’ai vraiment l’impression qu’on a déroulé le tapis rouge pour un canard boiteux, dans le fond, qu’on leur a fait un traitement royal pour finalement se rendre compte que c’était une ‘startup’ extrêmement fragile qui est sur le bord de la faillite», a-t-il affirmé, en rappelant ainsi que la société suédoise est en difficulté financière actuellement.
«La CAQ a créé un précédent qui est très grave, on a modifié des règles sur mesure pour une multinationale, pour accélérer un projet qui ne fait que prendre des retards, (…) c’est une grosse erreur de gouvernance», a accusé la députée solidaire Alejandra Zaga Mendez.
Le Québec dispose des règles «à peu près les plus sévères» en Amérique du Nord en matière environnementale, a rétorqué la ministre de l’Énergie et de l’Économie, Christine Fréchette.
«Le ministère (…) va donner les autorisations en vertu des mêmes règles auxquelles toutes les entreprises du Québec sont soumises.»