Millions de dollars dus en équité salariale: les syndicats en santé veulent une date

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Millions de dollars dus en équité salariale: les syndicats en santé veulent une date

MONTRÉAL — Des milliers de travailleuses dans la santé s’impatientent devant les retards de paiement d’équité salariale qui perdurent. Des sommes allant jusqu’à 52 000 $ sont dues à plusieurs d’entre elles. Les syndicats demandent d’obtenir une date de versement.

Ces correctifs salariaux varient selon le titre d’emploi et la place dans l’échelle salariale, notamment.

Ils concernent des orthophonistes, par exemple, et d’autres emplois occupés majoritairement par des femmes.

En février dernier, les syndicats concernés avaient estimé à 1,15 milliard $ les sommes dues en équité salariale relativement aux plaintes de 2010 et 2015.

Ces syndicats insistent encore aujourd’hui pour avoir une date de versement. Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, note que seulement «une poignée d’établissements annoncent des dates».

En entrevue vendredi, le président de l’APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux), Robert Comeau, a indiqué que le mois de juin prochain a été évoqué par des employeurs.  

L’APTS avait conclu une entente, le 29 juin 2021, qui stipulait que l’employeur avait six mois pour verser les sommes dues, soit jusqu’à janvier dernier. Elle attend toujours, a déploré M. Comeau.

Quelque 3500 membres de l’APTS sont concernés.

Selon les calculs de l’APTS, des hygiénistes dentaires qui étaient au maximum de leur échelle en décembre 2010, à temps complet, et qui étaient toujours en emploi en 2020, pourraient toucher 16 000 $; les orthophonistes-audiologistes dans la même situation, 52 000 $; les assistantes-chefs du service des archives, 36 000 $, et les diététistes-nutritionnistes, 35 000 $.

M. Comeau rapporte un mélange de frustration et de désillusion chez ses membres.

«On les sollicite pour être là, pour donner des services de plus. Et ils constatent que de l’autre côté, leur employeur en demande beaucoup, mais ils ne sont pas capables de livrer la marchandise, qui est la chose de base, c’est-à-dire leur salaire ou ce qui leur est dû».

«Ça fait que sur la motivation, ça a un effet très, très… un impact négatif. Et il y a une certaine dérision, un certain lâcher-prise qui s’installe: on ne le croit plus beaucoup», a résumé M. Comeau.

Au Conseil du trésor, l’attachée de presse Florence Plourde admet que les délais de traitement sont plus longs que prévu, mais elle rappelle que le Trésor a signé 10 ententes d’équité salariale avec 11 organisations syndicales, touchant 100 000 personnes — ce qui représente une tâche imposante.

«Avec des ententes d’une telle ampleur, il y a un enjeu administratif important. Les délais de traitement sont plus longs que ce qui était initialement prévu, mais il est nécessaire d’appliquer un processus rigoureux de calcul et de versement de correctifs d’équité salariale, afin d’éviter les erreurs», a-t-elle fait valoir.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux et les services de paie des établissements de santé «sont à pied d’œuvre pour verser les correctifs salariaux dans les meilleurs délais possibles», a-t-elle ajouté.

Ce problème des retards de  paiement a aussi touché des augmentations de salaire et des primes — bien que ce soit en train de se résorber. M. Comeau précise que des employeurs ont indiqué que leur priorité était d’abord à ces arriérés dus en vertu des conventions collectives, puis aux primes COVID, puis à l’équité salariale.

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