Mary Simon a d’abord voulu être informée sur la Loi sur les Indiens

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
Mary Simon a d’abord voulu être informée sur la Loi sur les Indiens

OTTAWA — La première gouverneure générale autochtone du Canada, quelques mois après avoir été nommée à ce poste, a demandé aux représentants du gouvernement de décrire ce que les ministères faisaient pour permettre aux Premières Nations de s’éloigner de la Loi sur les Indiens.

Mary Simon, leader Inuk, diplomate et négociatrice, a été assermentée en juillet dernier à titre de 30e gouverneure générale du pays.

Sa nomination en tant que première personne autochtone au poste est entrée dans l’histoire et est survenue à un moment où les communautés autochtones et non autochtones étaient sous le choc de la découverte de centaines de sépultures anonymes sur d’anciens emplacements de pensionnats.

Mme Simon, qui est née à Kangiqsualujjuaq, dans la région du Nunavik, dans le nord du Québec, a fait de la promotion de la réconciliation du pays avec les peuples autochtones une priorité.

Un aperçu de ce à quoi cela ressemble derrière les portes closes de Rideau Hall a récemment été révélé dans des documents transmis à La Presse Canadienne en vertu de la législation fédérale sur l’accès à l’information.

Des notes d’information montrent que Mme Simon a rencontré le sous-ministre des Relations Couronne-Autochtones en août dernier pour discuter du rôle qu’elle pourrait jouer «dans les questions autochtones et la réconciliation dans son ensemble ».

Une autre rencontre a eu lieu en octobre entre Mme Simon et le même sous-ministre ainsi que la sous-ministre de Services aux Autochtones Canada pour discuter de la Loi sur les Indiens.

«La gouverneure générale souhaite être informée des travaux importants en cours (…) en ce qui concerne la Loi sur les Indiens», lit-on dans une note d’information préparée pour l’un des responsables.

«Plus précisément, comment (les ministères) offrent aux Premières Nations des occasions de réussir dans le cadre de la législation ou de s’en éloigner partiellement ou totalement.»

Bien que la plupart des Canadiens voient le gouverneur général, qui agit à titre de représentant de la reine, comme jouant un rôle essentiellement cérémoniel et devant assister à une variété d’événements publics, il peut également exercer une certaine influence, selon Philippe Lagassé, professeur à l’Université Carleton et expert parlementaire.

«Tout le monde ne veut pas simplement être une plante verte», a-t-il observé.

«À huis clos, si un représentant vice-royal veut pousser les ministres, les sous-ministres, les premiers ministres sur un sujet, ils ont certainement le droit de le faire – cela fait partie du travail.»

Ce que Mme Simon aurait pu avoir à dire au sujet de la Loi sur les Indiens – que le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il voulait voir disparaître, car les dirigeants autochtones l’ont longtemps qualifiée de coloniale et de paternaliste – restera un secret, compte tenu de la nature du bureau.

«Conformément à leur rôle non partisan, les gouverneurs généraux ne commentent pas la législation, a déclaré la porte-parole de Rideau Hall, Ciara Trudeau, dans un courriel. Il n’est pas dans nos habitudes de partager les détails des réunions privées.»

Elle a ajouté que Mme Simon rencontrait régulièrement des personnes à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement pour discuter de ses priorités, notamment la réconciliation, les changements climatiques, la jeunesse et la santé mentale.

En ce qui concerne ce que les responsables des relations Couronne-Autochtones estiment qu’un gouverneur général peut faire pour faire avancer la réconciliation, la note d’information indique qu’il peut rapprocher les peuples autochtones et non autochtones.

«Le gouverneur général s’acquitte de cette responsabilité en visitant les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis partout au Canada, en célébrant les réalisations et les jalons autochtones aux côtés de ceux des Canadiens non autochtones et en attirant l’attention sur les contributions des peuples autochtones tout au long de l’histoire du Canada », peut-on lire.

Une présentation d’accompagnement préparée pour la réunion d’octobre avec Mme Simon comprend un aperçu des tentatives passées de réformer la Loi sur les Indiens, ainsi que les défis auxquels sont confrontées les Premières Nations qui souhaitent s’en éloigner et l’établissement de traités modernes et d’ententes d’autonomie gouvernementale.

Naiomi Metallic, professeure de droit à l’Université Dalhousie, qui est Mi’kmaq et experte en droit et politique autochtones, note que Mme Simon, étant Inuk, «doit avoir grandi dans un autre ensemble de circonstances coloniales légèrement différentes de la Loi sur les Indiens».

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